Par: Walaa El-Assrah
La Radio égyptienne n’a pas trouvé une voix plus belle que celle de Mohamed Refaat pour amorcer sa première transmission en 1934. Cette voix angélique flatte encore nos oreilles juste avant l’Iftar de Ramadan.
À l’âge de quinze ans, le cheikh était si célèbre qu’il fut choisi pour lire la sourate à la mosquée de Fadel Pasha, dans le quartier de Sayyeda Zeinab, au Caire, où il devint célèbre.Le jeune cheikh s’est assis pour réciter dans la mosquée ” et l’année a passé jusqu’à ce que son cheikh lui accorde une licence lui permettant de réciter le Saint Coran, et le garçon Mohammed Refaat est devenu responsable de la lecture du Saint Coran le vendredi, et sa belle voix mélodieuse a rapidement attiré des foules de fidèles, jusqu’à ce que la place de la mosquée Fadel Pacha et les routes environnantes soient remplies d’amoureux de la voix du cheikh Refaat.
Depuis, le cheikh Mohammed Refaat est devenu l’un des plus grands lecteurs du Saint Coran au XXe siècle. Il a su conquérir les cœurs et les consciences avec sa voix, interprétant les versets d’une manière qui allie révérence et puissance. C’est ainsi qu’il a développé un style de récitation unique qu’il est difficile d’égaler ou de surpasser.
Le cheikh Mohammed Refaat est né le 9 mai 1882 au Caire. Il a perdu la vue à l’âge de deux ans, son père est mort et Mohammed Refaat n’avait que neuf ans, il a commencé à faire revivre les nuits coraniques à l’âge de quatorze ans.
Lorsque les stations de radio lui ont demandé d’enregistrer quelques récitations pour elles en échange d’argent, il a refusé. Par crainte du caractère sacré de la prise d’argent comme récompense pour la récitation du Coran, mais il a ensuite demandé au Cheikh d’Al-Azhar, l’Imam Al-Maraghi, qui a émis une fatwa l’autorisant.
Cheikh Refaat a été surnommé « La cithare du Ciel », un titre qui lui a été donné par ses fans et ses auditeurs pour décrire sa voix merveilleuse, spirituelle et angélique.
Cheikh Mohammed Refaat est considéré comme le pionnier de l’école de récitation à l’ère moderne. De nombreux lecteurs du Coran ont été influencés par sa performance et sa voix douce et mélodieuse, et beaucoup d’autres ont suivi les traces de sa grande école de récitation du Coran.
Après une vie passée en compagnie du Coran et à son service, le Cheikh a quitté ce monde le 9 mai 1950, il a été enterré à côté de la mosquée Sayyeda Nafisa, comme il l’avait espéré.
Bien qu’il n’ait fréquenté aucun institut musical, il a fait preuve d’un talent remarquable dans l’interprétation de maqams musicaux, allant même jusqu’à interpréter des maqams qui déroutaient les grands musiciens et lecteurs de son époque.
Il était un passionné de musique classique européenne, étudiant la musique de Beethoven, Mozart, Bach et d’autres compositeurs célèbres, et il a mémorisé de nombreux opéras et symphonies du monde entier.
Une relation amicale le liait aux principaux musiciens de son époque, tels que Salama Higazi, Kamel Al-Khalai, Abdallah Al-Hamouli et Sayyed Darwich, auprès desquels il a appris les règles musicales, les bases de la récitation et la phonétique.
Il avait une voix puissante qui lui permettait d’atteindre plus de 3 000 personnes dans des espaces ouverts. Le roi Farouk et Nahhas Pacha étaient ravis d’assister à ses concerts. Il est important de rappeler que le roi Farouk l’a choisi pour lire le Coran et chanter lors des concerts du palais d’Abdine.
Le Cheikh Mohammed Metwally Al-Chaarawy a dit de lui : « Si nous recherchons les règles de la récitation, alors on les trouvera chez Al-Hossary. Si nous recherchons la douceur de la voix, alors c’est Abdel Bassit Abdel Samad. Si nous recherchons l’humilité, alors c’est Al-Minchawi. Si nous recherchons une respiration longue et douce, alors c’est Moustafa Ismail. Si nous recherchons tout cela chez un seul lecteur, alors c’est Cheikh Mohammad Refaat. »
Cheikh Abu Al-Ainain Shu’aysha’ le décrit ainsi : « Il avait la voix qui pleure. Il récitait le Coran en pleurant, les larmes coulant sur ses joues. »
Le lecteur, Cheikh Mohammed Al-Saifi, a déclaré : « Refaat n’avait pas de voix comme les autres voix que les gens jugent… C’était un cadeau du ciel. »
L’ancien Grand Imam d’Al-Azhar, l’Imam Mohammed Moustafa Al-Maraghi, a dit de lui : « Il est un cadeau du destin lorsqu’il est compromettant et généreux, et même un honneur pour l’humanité. »
Qu’Allah fasse miséricorde au vertueux lecteur Cheikh Mohammad Refaat, et ne nous prive pas de sa douce voix spirituelle.
Il était réputé pour ses principes et sa générosité, et n’était pas avide d’argent
Le défunt Mohamed Refaat avait repoussé plusieurs offres lui proposant de réciter le Coran ailleurs comme à New Delhi. S’attachant à psalmodier les paroles d’Allah uniquement dans sa patrie, il a rejeté l’invitation du Maharaja de l’Inde qui l’avait sollicité de réciter le Coran en Inde contre 100 livres égyptiennes en un seul jour. Une somme colossale qui équivalait le salaire mensuel de Mohamed Refaat dans la Radio.
Il était également connu pour sa bonté et sa compassion avec les pauvres et les simples gens. Il dépensait généreusement de sorte qu’il ne gardait rien pour les jours de vieillesse et de maladie.
Il se rendit un jour chez un ami mourant, qui posa sa main sur l’épaule d’une petite fille et lui dit : “Qui prendra soin de cette petite fille qui deviendra orpheline demain ?” Mohammed Refaat resta silencieux, et le lendemain, il lisait la sourate Al-Duha, jusqu’à ce qu’il arrive à “Quant à l’orphelin, ne l’opprimez pas”. Il fondit en larmes, se souvenant du testament de son ami, et alloua une somme d’argent à l’enfant jusqu’à ce qu’elle grandisse et qu’elle se marie.
Il a épousé Mme Zeinab, originaire du village Al Pharoneya dans gouvernorat de “Menoufia”, et ils ont eu 5 fils, dont l’aîné est Mahmoud, né en 1906, mais décédé en bas âge, puis Mohammed, né en 1909, qui a été le secrétaire et le directeur commercial de son père.
Ahmed est né en 1911, la fille unique, Bahia, est née en 1914, et le plus jeune, Hussein, né en 1919, a travaillé dur après la mort de son père pour collecter, restaurer et préserver son patrimoine et ses enregistrements.
