Sur la scène du Théâtre Al-Samer à Agouza, les rideaux se sont doucement refermés sur la quatrième édition du *Forum des Jeunes Metteurs en Scène*, organisé sous le patronage du ministre de la Culture, Dr Ahmed Fouad Hennou, par l’Autorité générale des Palais de la Culture. Dix jours durant, le théâtre égyptien a vibré au rythme de la passion, de la recherche et de l’audace créatrice, entre les planches du théâtre Al-Samer et celles du Palais de la Culture de Rod El-Farag.
Un hommage à la jeune création
Le spectacle de clôture, mis en scène par Sameh Bassiouni et présenté par l’actrice Iman Ragaaï, s’est ouvert sur un récitatif théâtral interprété par Karim Adriano et Khaled Mahrous, suivi d’un intermède musical du chanteur Sameh Youssri, sous les applaudissements enthousiastes du public.
Parmi les personnalités présentes figuraient le général Khaled El-Labban, assistant du ministre de la Culture, les metteurs en scène Khaled Galal et Essam El-Sayed, le doyen de l’Institut supérieur d’art dramatique, Dr Ayman El-Chewy, ainsi que de nombreux critiques, journalistes et passionnés de théâtre.
Dans son allocution, le général El-Labban a salué « dix jours d’effort, de recherche et d’amour véritable pour l’art », soulignant la maturité et la créativité d’une génération de jeunes metteurs en scène « capable de questionner, d’oser, et de réinventer les classiques avec des visions audacieuses et contemporaines ».
Les lauréats de la quatrième édition
Le moment le plus attendu fut celui de l’annonce des prix. La pièce « Hamlet et ses fantômes » du Palais de la Culture de Béni Soueif a remporté le premier prix du meilleur spectacle, suivie de « Qui est-ce ? » du Centre culturel de Guizeh, et « Un cadre qui ne s’est pas brisé » du Palais de la Culture de Damiette-Nouvelle.
Le prix du meilleur texte dramatique a été attribué à Ahmed El-Ghandour pour L’histoire d’une maison brisée, tandis qu’Ahmed El-Melwani a reçu la seconde place pour L’Ombre du Prince.
Côté scénographie, Islam Gamal a été distingué pour son décor de Un cadre qui ne s’est pas brisé, et Abdel Hamid Emad pour Qui est-ce ?
Pour l’interprétation masculine, Mahmoud Rifaat (Hémophilie) a remporté le premier prix, suivi ex aequo d’Ahmed El-Khatib et Amr Fawzy.
Chez les femmes, Haidi Zaki (Hamlet, la prochaine station) a triomphé, suivie de Rana Khaled (Hémophilie).
Le premier prix de la mise en scène est revenu à Abdelrahman Achraf pour Hamlet et ses fantômes, devant Abdelkhaleq Ahmed (Qui est-ce ?) et Mohamed Moussa (Un cadre qui ne s’est pas brisé).
Le jury a également remis plusieurs distinctions spéciales, notamment au poète Nazem Nour El-Din pour les textes de Hamlet et ses fantômes, et à l’artiste Adham Salah pour sa composition musicale du même spectacle. La pièce Hamlet, la prochaine station de Damanhour a reçu le prix du meilleur jeu collectif.
L’esprit du théâtre en héritage
La cérémonie a aussi rendu hommage à deux grandes figures : Khaled Galal, honoré en tant que « personnalité inspirante » pour les jeunes metteurs en scène, et Essam El-Sayed, salué comme « figure marquante » dans le domaine de la formation théâtrale.
Le Forum a profité de cette clôture pour remettre les certificats d’accréditation à six jeunes metteurs en scène issus de différentes régions du pays, symbolisant la relève d’un théâtre égyptien en plein renouveau.
Des recommandations pour un avenir créatif
Les recommandations finales du forum témoignent d’une réelle volonté de structurer la formation et de préserver l’exigence artistique : désigner un superviseur artistique pour chaque projet, renforcer les programmes de dramaturgie, encourager les représentations en province avant la phase finale, et diversifier les thèmes proposés autour de concepts ouverts tels que l’identité ou la liberté.
L’objectif : offrir aux jeunes créateurs un espace d’expression sans contraintes, tout en maintenant l’excellence artistique à chaque étape.
Sous la direction du département central des affaires artistiques, présidé par l’artiste Ahmed El-Chafie, cette édition a réuni douze spectacles issus de la grande Atelier des jeunes metteurs en scène de l’année précédente, placée sous le thème : « Hamlet… qui es-tu ? ».
Douze variations, douze regards, un même souffle : celui d’une jeunesse qui ne cesse de questionner le théâtre et de le réinventer, entre fidélité aux textes et désir ardent d’un nouveau langage scénique.
Et lorsque les rideaux du théâtre Al-Samer se sont abaissés, il ne s’agissait pas d’une fin, mais d’une promesse : celle d’un théâtre égyptien vivant, vibrant, porté par une génération qui, à son tour, fera renaître Shakespeare dans les rues du Caire.




