Sur le champ de bataille, les mots aussi sont contestés. Même les termes « guerre » et « conflit » sont rejetés par certains analystes, puisque les adversaires ne combattent pas à forces égales. La lutte, de part et d’autre, se transfère donc dans la langue. Quelques pistes pour mieux comprendre le casse-tête lexical.
Par Marwa Mourad
Hamas
Il s’agit de l’acronyme du nom arabe Harakat al-Muqawama al-Islamiya, qui signifie « mouvement de résistance islamique ». Ce groupe est issu de la frange radicale des Frères musulmans et existe depuis 1987. Le mouvement est considéré comme une organisation terroriste par la communauté internationale dont le Canada et les États-Unis. Son objectif est de détruire Israël et d’instaurer un État islamique. L’organisation contrôle le territoire de Gaza depuis 2007 et y est plus active qu’ailleurs en Palestine, d’où des roquettes sont régulièrement tirées vers Israël. Elle compte deux branches : l’une politique ; l’autre armée, souvent appelée Les Brigades al-Qassam.
Bande de Gaza
La bande de Gaza est un territoire de 365 km2, soit plus petit que l’île de Montréal, où vivent plus de 2 millions de personnes. Cette enclave palestinienne est soumise à un blocus israélien depuis la prise de contrôle par le Hamas en 2007. Les Gazaouis vivent donc avec des restrictions sur la circulation des personnes et des biens, y compris de l’aide humanitaire. Israël vient d’imposer un siège complet de l’enclave en réponse aux attaques du Hamas. Le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), António Guterres, a déjà prévenu que la situation à Gaza, déjà « désastreuse », allait « se détériorer de façon exponentielle ».
Palestine et Territoires palestiniens
Certains utilisent les deux termes comme synonymes, mais le premier a pris aujourd’hui une connotation d’État. La Palestine est d’abord à travers les siècles une région historique du Proche-Orient, puis une province de l’Empire ottoman, qui passe ensuite sous mandat britannique. Les Nations unies n’ont accordé le statut d’État non membre à la Palestine qu’en 2012 ; elle a donc le statut d’observateur auprès de l’ONU. Le Canada a voté contre cette résolution historique et refuse toujours de reconnaître la Palestine comme un État. Les documents officiels canadiens n’utilisent pas le terme et signalent que le pays appuie la création d’un État palestinien souverain, ce qui sous-entend qu’il n’y en a pas actuellement. Le gouvernement fédéral insiste pour dire que c’est plutôt l’Autorité palestinienne qui est la véritable entité gouvernementale sur le terrain, et non pas le Hamas, qui contrôle Gaza.
Tsahal
C’est le nom de l’Armée de défense d’Israël, mais il est surtout utilisé par le camp israélien. Certains médias, dont Le Monde, nous disent qu’il faut l’utiliser avec précaution, puisqu’il témoigne d’une certaine affection et est chargé « de sens idéologique ».
Colonisation
La colonisation réfère le plus souvent à la construction de nouveaux foyers de peuplement juifs. « Implantations » pour les Israéliens et « colonies illégales » pour les Palestiniens, elles existent depuis 1967, quand Israël a annexé les territoires de la Palestine. Le Canada ne reconnaît d’ailleurs pas le contrôle permanent exercé par Israël sur le plateau du Golan, la Cisjordanie, Jérusalem-Est et la bande de Gaza. Si certaines colonies ont été démantelées au fil du temps, d’autres se sont ajoutées. Le gouvernement de Benjamin Netanyahu a fait de leur expansion une priorité, une mesure dénoncée par la communauté internationale. L’envoyé de l’ONU au Moyen-Orient a constaté en septembre que « les démolitions et les saisies de structures appartenant à des Palestiniens » se poursuivent et que cette expansion se fait « sur fond de violences, de provocations ininterrompues, et de recul du financement de l’aide à la population palestinienne ».
Kibboutz
Villages où la vie se déroule en collectivité, les kibboutz ont été longtemps un symbole communautaire et socialiste. L’Agence juive pour Israël, une organisation sioniste qui organise l’immigration de Juifs au pays, spécifie notamment que « tous les revenus générés par un kibboutz et ses membres sont versés dans un fonds commun ». Fondés au début du XXe siècle, ils ont essaimé partout sur le territoire, mais ne représentent qu’un faible pourcentage de la population totale. Plusieurs kibboutz situés à proximité de la frontière de la bande de Gaza ont été le théâtre de l’attaque de Hamas samedi.
Sionisme
Ce courant politique préconise la formation d’un foyer national juif en Terre d’Israël, qui correspond à la région de la Palestine. Les idées de ce mouvement national ne sont pas partagées par tout le peuple juif et ont aussi évolué au fil du temps. Parti d’un mouvement ayant un projet de société révolutionnaire, le sionisme est aujourd’hui parfois remis en cause, y compris par des juifs en Israël et partout dans le monde.
