L’Egypte cherche à réduire les répercussions de la crise mondiale. Le Président Abdel Fattah Al-Sissi a rassuré les Égyptiens sur la situation à la lumière de la crise actuelle que traverse le monde, soulignant que l’État cherche à réduire les répercussions de cette crise tout comme il a fait lors de la récente crise du Coronavirus, tout en prenant une panoplie de procédures alléchantes en faveur de l’économie nationale. “Nous n’avons aucun problème avec les produits de base, et les besoins des citoyens sont stables et sûrs pendant de nombreux mois”, a ajouté le Chef de l’Etat. Lors de sa visite d’inspection au siège de l’Académie de police, le Président Al-Sissi a exprimé l’espoir que cette crise mondiale, qui a des impacts importants sur l’énergie, les chaînes d’approvisionnement, la stabilité des marchés et des prix, se terminera bientôt, pour que le pays puisse sortir des charges qu’il a subies pendant la période de la pandémie de Coronavirus. Al-Sissi a tenu un dialogue avec les étudiants de l’Académie de police, dialogue qui a traité des questions et des développements les plus importants et des efforts de l’État au niveau de la République, à travers une série d’importants projets nationaux. Il a salué l’initiative “Une vie décente’’ qui vise à améliorer les conditions de vie d’environ 60 millions de citoyens, dans les gouvernorats et les villages.
Le Raïs a souligné la nécessité de déplacer la grande population des endroits surpeuplés de divers gouvernorats vers de nouvelles villes, soulignant que la superficie des terres agricoles a diminué en raison du grand nombre de constructions non planifiées. Unis contre la hausse des prix Le ministère de l’Intérieur a lancé la 22e édition de l’initiative Kolléna Wahed (Nous sommes tous un), qui offre depuis le mois de Ramadan des réductions sur toute une gamme de produits, allant de 25 à 60 %. L’initiative est le fruit d’une coopération entre le ministère et les grandes chaînes commerciales en Egypte. Son objectif est de fournir à la famille égyptienne, à prix réduits, non seulement les produits alimentaires, mais aussi les appareils ménagers, le prêt-à-porter et le mobilier de qualité. Sous un seul toit, quelque 993 succursales de grandes chaînes commerciales et de magasins de prêt-à-porter sont au service des citoyens. Et ce n’est pas tout. 25 fourgonnettes ont été mobilisées au service des citoyens. Cette initiative fait partie d’une série de mesures prises par le gouvernement pour faire face à la flambée des prix. Le Premier ministre, Dr Moustafa Madbouli, avait affirmé que le contrôle des prix sera renforcé dans tous les points de vente, en particulier avant le mois du jeûne. Le ministre de l’Approvisionnement, Dr Ali AlMosselhi, avait quant à lui déclaré que son ministère continuera à stabiliser le prix de la viande pendant le mois sacré du Ramadan. Le gouvernement a également lancé des expo-ventes supplémentaires et Ahlan Ramadan (Bienvenu Ramadan) dans les gouvernorats pour offrir des produits alimentaires de base à des prix abordables. Cette initiative rend service à de nombreuses familles qui souffrent de la hausse des prix des produits de consommation courante et permet de faire face au phénomène du monopole. « C’est une étape sur la voie de la justice sociale », conclut le ministre. Efforts louables pour contrer l’inflation Alors que la livre égyptienne a été dépréciée pour la première fois en 4 ans, la Banque Centrale d’Egypte a relevé ses taux directeurs. Une décision qui vise à faire face à l’inflation, sur fond de hausse des prix internationaux et de guerre en Ukraine. Dossier. La Banque Centrale d’Egypte (BCE) a relevé ses taux d’intérêt directeurs de 100 points de base (1%) lors d’une réunion surprise du Comité des politiques monétaires. Cette décision est intervenue avant la dépréciation, lundi 21 mars, de la livre égyptienne de 10,67% pour s’échanger à 17,5 LE contre le dollar alors qu’elle s’échangeait à environ 15,7 LE depuis novembre 2020. Le taux de change a continué à grimper, atteignant 18,2 LE pour un dollar à la fin de la journée. Les taux d’intérêt sur les dépôts et les prêts ont atteint 9,25% et 10,25% respectivement. Il s’agit de la première hausse des taux d’intérêt depuis juillet 2017. Les analystes prévoyaient une augmentation des taux d’intérêt lors de la réunion ordinaire du Comité des politiques monétaires, prévue initialement jeudi 24 mars, mais la BCE a annoncé l’annulation de cette réunion excluant une autre hausse des taux d’intérêt. « La guerre en Ukraine a affecté le monde et bien sûr l’Egypte, vu que nos transactions avec le monde représentent plus de 150 milliards de dollars par an », a expliqué Tarek Amer, gouverneur de la BCE dans une conférence de presse commune avec le Premier ministre, le soir du 21 mars. La dépréciation de la monnaie locale intervient dans un contexte de hausse des prix mondiaux des denrées alimentaires, de l’énergie et des matières premières en raison de la guerre en Ukraine. La hausse record de l’inflation mondiale s’est répercutée sur le taux de l’inflation locale qui a atteint son niveau le plus élevé en trois ans en février. « Cette correction des taux de change en Egypte vise à protéger les ressources en devises », a expliqué Tarek Amer, rappelant que les transferts en devises des Egyptiens à l’étranger sont passés de 12 à 31 milliards de dollars par an, après la dévaluation de la livre en 2016. Le gouverneur de la BCE a également souligné que les grandes réserves en devises ont permis à l’Egypte d’être parmi trois pays émergents qui n’ont pas connu de hausse des taux de change pendant la crise du coronavirus, alors que les autres marchés émergents ont connu des hausses comprises entre 15 et 30%. Inflation importée « Les pressions inflationnistes mondiales ont commencé à se renforcer lorsque l’économie mondiale est sortie des perturbations causées par la pandémie de Covid-19. Ces pressions se sont amplifiées avec le récent conflit russo-ukrainien. La hausse des prix internationaux des produits de base, qui a résulté des dysfonctionnements des chaînes d’approvisionnement, et le sentiment accru d’aversion pour le risque ont renforcé les pressions inflationnistes, ainsi que les déséquilibres externes », a expliqué la BCE dans un communiqué le 21 mars. En fait, le taux d’inflation annuel en Egypte était passé à 10% en février, le taux le plus élevé en deux ans et demi. Ce taux est supérieur à l’objectif de la BCE de maintenir l’inflation à 7% (±2) d’ici la fin 2022. Les prix des produits alimentaires ont enregistré leur plus haut niveau depuis novembre 2018, en hausse de 17,6% en glissement annuel, contre 12,4% en janvier dernier. Les prix des légumes, de l’huile de cuisson et de la viande ont connu des hausses conséquentes, selon les données de l’Agence centrale de la mobilisation publique et des statistiques (CAPMAS). « Nous avons contrôlé l’inflation pendant les 7 dernières années en arrivant à des taux de 3 à 4% pour une longue période de temps, mais l’inflation actuelle est importée et n’est pas le résultat des politiques locales », a souligné le gouverneur de la BCE. Taux d’intérêt de 18 % sur les dépôts Les deux plus grandes banques publiques, la Banque Nationale d’Egypte et la Banque Misr ont annoncé lundi qu’elles proposaient des certificats de dépôt d’un an avec un rendement de 18%. « La politique monétaire doit redresser le problème de la hausse des prix et encourager les particuliers à l’épargne en monnaie locale. Les taux d’intérêt élevés sur les dépôts sont également un moyen de compenser la hausse des prix », a déclaré Amer, soulignant qu’il existe 30 millions de détenteurs de certificats de dépôt en Egypte. La décision de la BCE et d’autres Banques Centrales de par le monde d’augmenter les taux d’intérêt directeurs a fait suite à la décision de la Réserve fédérale américaine de relever ses taux d’intérêt, pour la première fois en 4 ans. La décision, prise le 16 mars, a relevé les taux d’intérêt de 25 points de base. Les autorités monétaires américaines ont signalé que des hausses similaires auraient lieu cette année pour faire face à l’inflation galopante qui a atteint ses niveaux les plus élevés en 40 ans aux Etats-Unis. « Dans l’ensemble, les décisions de la BCE sont positives. L’augmentation des taux directeurs, la dévaluation de la livre et l’émission par les banques publiques de certificats de dépôt d’une durée d’un an avec un taux d’intérêt de 18% permettront d’éliminer les distorsions qui affectent négativement l’activité économique. Bien que ces décisions puissent avoir un impact négatif sur la demande à court terme, elles permettront de contenir l’inflation, d’arrêter la dollarisation, d’attirer les investissements étrangers et d’améliorer l’offre en devises étrangères avec un effet positif sur l’activité économique », souligne une note de HC Securities. Les banques d’investissement égyptiennes prévoient une hausse de 300 à 400 points de base des taux d’intérêt au cours de l’année.