À l’occasion de la Journée mondiale de l’art, le ministre de la Culture explore deux expositions poignantes au cœur de l’Opéra du Caire. Deux femmes, deux récits, une même quête de vérité intérieure.Il est des soirées où l’on ne contemple pas seulement des œuvres, mais où l’on touche, à travers elles, des fragments d’humanité. Mardi soir, dans l’écrin de l’Opéra du Caire, le ministre de la Culture, Dr Ahmed Fouad Hano, a arpenté les galeries silencieuses, là où les formes parlent plus fort que les mots. Deux expositions de femmes artistes égyptiennes, habitées, sincères, ont offert à cette célébration une intensité particulière.”Ce n’est pas moi” – tel est le nom du premier cri visuel lancé par Omnia Sayed dans la salle Bab Selim. Une cinquantaine d’œuvres, traversées de textures et de techniques mêlées, déroulent le fil d’une résilience intime. L’artiste y déploie une traversée du corps blessé – celui qu’un accident a cloué au lit, suspendu entre douleur et silence. Face à la perte de la mobilité, elle a choisi la voie de l’expression, dessinant d’abord sur les feuilles de ses rapports médicaux, comme pour réinvestir son propre récit.La pandémie de Covid-19 a prolongé cette quête en un processus introspectif, une déconstruction de l’ego, un miroir brisé reflétant une identité mouvante. “Je n’ai pas de réponses, dit-elle. Seulement des reflets multiples dans le miroir changeant du moi intérieur.”Son exposition devient ainsi une méditation plastique sur la fragilité et la reconstruction, sur ce que l’on devient lorsque l’on n’est plus tout à fait soi.Dans une autre salle, baignée d’une lumière douce, Omayma El-Sissi nous invite à une promenade plus collective, mais tout aussi sensible, à travers “Un regard depuis la fenêtre”, au sein de la galerie Salah Taher. Ici, ce sont quarante toiles qui se penchent sur le monde depuis l’intérieur, depuis l’intimité d’un foyer. À l’huile ou à l’acrylique, les couleurs vibrent d’un réalisme poétique, célébrant le quotidien, le patrimoine populaire et la présence féminine.Au cœur de ces scènes, la femme égyptienne apparaît souvent de dos, contemplative, dans l’attente ou l’espérance. Depuis sa fenêtre, elle regarde la vie — ou peut-être l’attend. Chaque tableau est un instant suspendu, où se nouent l’individuel et l’universel, le murmure du foyer et les battements du monde.Le ministre, profondément touché, a salué « le pouvoir de ces œuvres à élever l’âme, à affiner la conscience esthétique et culturelle du public. »Il a rappelé l’engagement du ministère à soutenir les artistes, à leur ouvrir des espaces de visibilité, car « l’art n’est pas qu’un ornement, il est le reflet d’une nation, le témoin de ses blessures comme de ses espoirs. »En célébrant la Journée mondiale de l’art à travers ces regards féminins puissants, l’Égypte choisit d’honorer la beauté qui répare, la création qui transcende, et l’émotion qui relie. Car parfois, une fenêtre et un pinceau suffisent à ouvrir le monde.