Dans ce qui est considéré comme la plus importante découverte archéologique de ce type depuis 150 ans, la mission égyptienne du Conseil suprême des antiquités, travaillant sur le site de Tell el-Pharaon dans la ville de Husseiniya (gouvernorat de Charqiya, dans le delta du Nil), a annoncé mardi la mise au jour d’une stèle représentant une nouvelle copie du célèbre décret de Canope, émis par le roi Ptolémée III en 283 av. J.-C.
Le décret, dont la précédente version fut découverte il y a 150 ans, remonte à une réunion des grands prêtres de la ville de Canope (à l’est d’Alexandrie), destinée à glorifier le roi Ptolémée III, son épouse Bérénice et leur fille, et à ordonner la diffusion du texte dans les principaux temples égyptiens.
Le ministre du Tourisme et des Antiquités, Chérif Fathi, a affirmé que cette découverte met en lumière l’importance archéologique du gouvernorat de Charqiya et les trésors qu’il recèle encore, saluant les efforts et les réalisations des missions archéologiques égyptiennes, qui ne cessent d’ajouter de nouveaux chapitres à la grande civilisation égyptienne.
L’importance de cette découverte réside dans le fait qu’il s’agit de la première copie complète du décret de Canope découverte depuis plus d’un siècle et demi. Elle constitue un apport scientifique de poids, enrichissant la connaissance des textes royaux et religieux de l’époque ptolémaïque et approfondissant notre compréhension de l’histoire et de la langue égyptienne ancienne, a souligné le secrétaire général du Conseil suprême des antiquités, le Dr Mohamed Ismaïl Khaled. Il a précisé que « cette copie s’ajoute aux six exemplaires connus auparavant, complets ou fragmentaires, découverts à Kom el-Hisn, San el-Hagar et Tell Basta ».
La stèle nouvellement découverte est entièrement gravée en hiéroglyphes, contrairement aux autres versions qui étaient trilingues (hiéroglyphes, démotique et grec). Cela ouvre de nouvelles perspectives pour l’étude de la langue égyptienne ancienne et apporte des informations supplémentaires sur les décrets ptolémaïques et les rituels royaux et religieux.
Selon le Dr Mohamed Abdel Badi, directeur du département des antiquités égyptiennes au Conseil suprême, « la stèle est en grès, de forme rectangulaire surmontée d’un sommet arrondi, mesurant 127,5 cm de haut, 83 cm de large et environ 48 cm d’épaisseur. Elle est décorée d’un disque solaire ailé, flanqué de deux cobras royaux portant les couronnes blanche et rouge. Entre eux figure l’inscription ‘Di ankh’ (don de vie). La partie centrale contient 30 lignes de texte hiéroglyphique, gravées avec une qualité de sculpture moyenne ».
Le Dr Hecham Hussein, directeur de l’administration centrale de la Basse-Égypte, a indiqué que les inscriptions détaillent les actions du roi Ptolémée III et de son épouse Bérénice, qualifiés de « dieux bienfaisants » : offrandes aux temples, maintien de la paix intérieure, allègement des impôts en cas de baisse du niveau du Nil, renforcement de leur culte dans les temples et création d’un nouveau grade sacerdotal en leur honneur.
Le décret établissait aussi l’institution d’une nouvelle fête religieuse à la date de l’apparition de l’étoile Sirius, l’introduction d’un jour intercalaire tous les quatre ans (calendrier bissextile) consacré au culte des « dieux bienfaisants », ainsi que la divinisation de leur fille Bérénice dans les temples égyptiens. Le texte stipulait que ces décrets devaient être copiés en hiéroglyphes, en démotique et en grec et placés dans les principaux sanctuaires du pays.
Le site de Tell el-Pharaon (ancienne ville égyptienne d’Imet), situé dans l’est du delta du Nil, fut un centre urbain important dès le Moyen Empire. Les fouilles précédentes y ont révélé des temples et de vastes habitations datant de l’époque ptolémaïque, notamment un temple dédié à la déesse Ouadjet.