Un billet d’argent n’a pas uniquement une valeur pécuniaire, il va au-delà de cela, il constitue un symbole et un témoin vivant d’une Nation. Sur les faces des billets d’argent, on trouve le plus souvent des effigies des personnages ainsi que des lieux qui sont une partie indissociable de l’identité de chaque peuple.
Une identité qui représente l’histoire d’un peuple et d’une Nation. Sur nos billets d’argent, la grandeur et la beauté de l’Egypte se dessinent, prennent forme et couleurs. Des monuments historiques qui reprennent la grandeur pharaonique et islamique. Une source de fierté et d’appartenance à la patrie.
Par: Dalia Hamam, Ingi Amr et Dr Nesrine Choucri
200 livres … Le Scribe égyptien et la mosquée de Qani Bey
Sur l’une des faces du billet de 200 livres, l’on trouve une image du fameux scribe de l’Égypte Ancienne et sur l’autre une image de la mosquée de Qani Bey.
Le scribe est un fonctionnaire d’Égypte Ancienne qui a reçu une instruction lui permettant de savoir lire, écrire et compter. Il se trouvait dans les bureaux du palais du pharaon et du vizir, mais aussi dans les temples et dans l’armée. Le scribe était chargé d’écrire ce que l’on souhaite conserver. C’était un fonctionnaire respecté.
Les premiers scribes ont été des membres de l’entourage du pharaon. Mais à la fin de de l’Ancien Empire, ils deviennent nombreux et formèrent une caste dans laquelle le métier se transmet de père en fils.
Les études pour devenir scribe commencent environ à l’âge de cinq ans et durent une douzaine d’années. Elles comportent l’étude du droit, de l’histoire et de la géographie de l’Égypte, de la grammaire et de la comptabilité.
Sur l’autre face du billet de 200 LE, se trouve la mosquée de Qani Bey, l’un des princes à l’ère du Sultan Qaïtbaï. Cette mosquée se trouve devant celle d’Al Réfaï à la place Al Qalaa (la citadelle).
100 livres … Le Sphinx et la Citadelle
Quant au billet de 100 livres, l’on y trouve, sur une face une image du sphinx et sur l’autre celle de la citadelle de Salah Eddine Al Ayoubi.
Le Sphinx compte parmi les sculptures les plus célèbres au monde. Avec son corps de lion et sa tête humaine, il est l’incarnation du pouvoir royal et le protecteur des portes du temple.
Le Sphinx diffère des autres divinités parce qu’il a un corps animal et une tête humaine, alors que la plupart des autres divinités ont un corps humain et une tête animale. Il se trouve à peu de distance de la grande pyramide.
Quant à la citadelle, elle a été construite par Salah Eddine Al Ayoubi, pour renforcer les fortifications du Vieux Caire, protégeant la ville au niveau des hautes collines rocheuses de Moqattam. Une fois sa construction achevée, la Citadelle fut le siège du gouvernement pendant 700 ans jusqu’à ce que le Khédive Ismaïl le déplace au Palais Abdine.
50 livres … Le temple Horus et la mosquée d’Abou Hariba
Le billet de 50 LE est garni de deux illustrations : celle du temple d’Horus et celle de la mosquée d’Abou Hariba.
Le temple d’Horus est situé sur la rive gauche du Nil, à Edfou, entre Louxor et Assouan. Ce temple, voué au culte, est le deuxième plus grand temple après Karnak. Il est l’un des temples les mieux préservés. Le temple doit son importance aux inscriptions qui donnent tous les détails du culte quotidien rendu à Horus.
Sur l’autre face du billet de 50 livres, se trouve la mosquée d’Abou Hariba, construite par un des princes mamelouks, au quartier d’Al Darb Al Ahmar.
20 livres … Mohamed Ali et le char militaire
En vers et gris, le billet de 20 Livres présente la mosquée de Mohamed Ali au milieu du billet et de deux côtés se trouvent des décorations islamiques. Localisée à l’intérieur de la citadelle de Saladin, la mosquée est conçue dans le style ottoman, et édifiée en 18 ans (De 1830 à 1848). La mosquée fut inspirée par l’architecture de la mosquée bleue qui se trouve à Istanbul. La mosquée abrite le tombeau en marbre du Khédive Mohamed Ali.
L’autre face du billet représente aussi une scène militaire très connue dans l’Histoire de l’Égypte ancienne : le pharaon sur son char militaire chassant les ennemis hors du pays. Cette illustration se trouve à gauche du billet et entourée par des scènes pharaoniques représentant le pharaon Ahmosis.
10 livres … La mosquée El-Refaie et Khephren
Sur le billet de 10 livres se trouvent deux simples illustrations : la première est la mosquée el-Refaie et la seconde est le pharaon Khéphren. Le billet mêle essentiellement deux couleurs : le vert et le violet. Sur la première est dessinée la façade de la mosquée d’el-Refaie avec deux minarets dans un cercle qui se trouve au milieu du billet. La mosquée d’el-Refaie s’inscrit parmi les plus grandes mosquées au Caire. Elle est construite dans le style néo-mamelouk. Cette mosquée est liée à la mosquée du Sultan Hassan par une petite ruelle, tout près de la Citadelle de Saladin dans une région appelée el-Remilah. La mosquée qui fut construite entre 1869 et 1912 possède un minaret imposant et quatre façades décorées d’un dôme orné.
Quant à la seconde face du billet, se trouve la statue du pharaon Khephren avec derrière sa tête le faucon Horus avec ses ailes déployées afin de le protéger. Le chiffre 10 est écrit devant la statue du roi. Rappelons que, Khephren était le fils du roi Khéops de la période de l’Ancien Empire. Il a bâti la deuxième grande pyramide, celle-là se situe juste à côté de la pyramide de son père.
1 livre … La mosquée Qaïtbay et le temple d’Abou Simbel
La mosquée Qaïtbay est l’une des plus grandes mosquées d’Egypte. Elle se situe dans une zone qui regroupe les monuments les plus importants d’Egypte. Elle a été construite par le Sultan Al-Achraf Aboul Nasr Qaïtbay entre 1481 et 1491.
De l’autre côté, il y a le temple d’Abou Simbel qui a été creusé dans la montagne. Abou Simbel est un complexe de deux temples construits dans la roche, l’un dédié à Ramsès II et l’autre à Néfertari, sa première femme et sa favorite.
La construction des temples a duré pendant environ 20 ans. Elle a été réalisée pendant le règne de Ramsès II (1279-1213 av. J.-C.). Enterrés sous le sable pendant des siècles, une partie des temples a été découverte en 1813 par l’explorateur suisse Burkhard. En 1817, l’Italien Giovanni Battista Belzoni a découvert le reste des vestiges.
Pour éviter qu’ils soient enfouis sous l’eau, le barrage d’Assouan a été construit et les temples d’Abou Simbel ont été relocalisés entre 1964 et 1968. Avec l’aide d’ingénieurs et de fonds internationaux, ils ont été démantelés et reconstruits 65 mètres plus haut. Cette opération a duré 4 ans et a coûté plus de 36 millions de dollars.
50 piastres … La mosquée d’Al-Azhar et Ramsès II
La mosquée Al-Azhar a été construite par Gawhar Al-Séqli dans la nouvelle ville du Caire sur ordre du calife fatimide Al- Mu‘izz. Dès 988-989, elle devint une madrasa et fut dotée, par le calife Al-‘Azîz, d’un enseignement religieux, permettant de former des missionnaires. Très importante durant toute l’histoire du Caire, elle a été largement reprise, agrandie, aménagée et restaurée au fil du temps.
Elle se composait à l’origine d’une salle de prière hypostyle rectangulaire à cinq nefs parallèles à la qibla, une travée centrale perpendiculaire plus large, magnifiant le mihrâb. Ce schéma reprenait celui d’Ibn Tulûn et, plus lointainement, celui de la Grande Mosquée de Damas (Syrie, 705-715), qui ne présente toutefois que trois nefs parallèles à la qibla. L’allée centrale était bordée de couples de colonnes, comme à Kairouan.
La mosquée présente encore par endroits un riche décor de stuc fatimide, où se mêlent des éléments végétaux naturalistes (palmiers) ou stylisés, des motifs géométriques comme des rosaces et des calligraphies en kufique fleuronné. La plupart des motifs de stuc dérivent de ceux des mosquées de Samarra (Irak, deuxième moitié IXe siècle) et Ibn Tulûn.
Ramsès II, est le troisième pharaon de la XIXème dynastie. Il a régné 66 ans de 1279 à 1213. Les anciens égyptiens le surnommaient “Fils du dieu Soleil”, vu qu’il est monté sur le trône au début de ses 20 ans. Il créa une ville à son nom, Pi-Ramsès (le Royaume de Ramsès) pour être le siège royal, mais Thèbes restera le principal centre religieux et le tombeau spécial des Rois et de leurs cours.
Ramsès a bâti un grand nombre de bâtiments à travers toute l’Egypte, à Karnak, Louxor, Thèbes, Abbidos, Tannise, Memphis et en Nubie. Les statues que Ramsès a fait construire sont répandues dans tous les musées du monde, à des dimensions colossales qu’il exigeait de ses architectes, ainsi que pour les statues des ses femmes.
Il est le fils du Roi Séti 1er et de la Reine Touya…Néfertari, sa femme préférée…Parmi ses autres femmes, Isis Nofert, Mâathornéferourê, la princesse Haî…Le nombre de ses fils atteint 90 fils et filles, entre autres, Bentanat, Mérytamon, Stanackht, le pharaon Merinptah et le prince Khâmoust. Ramsès II possède plusieurs nominations, les deux plus importantes sont le nom royal et son nom d’origine. Le nom royal: “Râ Ser Mâat Râ Step Nê” qui signifie “Les forces de Râ et de Mâat” Le nom d’origine: “Râ Mess Sou Meri Emen” qui signifie “L’esprit de Râ” ou “l’aimée d’Amon”.
25 piastres … La mosquée Al-Sayyeda Aïcha et l’Aigle de Salah Eddine
Sur le billet de 25 piastres qu’on trouve rarement au Caire, on peut voir la mosquée Al-Sayyeda Aïcha qui se situe dans le quartier Al-Khalifa au Caire. Al-Sayyeda Aïcha était l’une des descendants du prophète de l’islam. Les historiens assurent qu’elle a grandi, vécu et était enterrée en Egypte.
Quant à l’Aigle de Salah Eddine (Saladin), il remonte à l’époque de Salah Eddine Al-Ayoubi. Ce slogan a été trouvé dans la Citadelle, il a été réutilisé après la révolution du 23 juillet 1952. Il a changé de formes à plusieurs reprises et a été adopté avec le temps par plusieurs pays arabes.