“Il est plus facile de désintégrer l’atome que de vaincre un préjugé”. Sans aucun doute, lorsqu’il a marqué cette réalité, Einstein avait présenté à l’humanité une justification à pas mal d’actions et de comportements humains qui paraissent, à première vue, injustifiés et incompréhensibles à la fois. La raison, la logique, la sagesse, se montrent incapables face aux contraintes qui figent notre jugement et brouillent notre vision quant à notre entourage. Sa puissance est-elle telle qu’il est impossible de faire changer quelqu’un d’avis à propos d’une idée toute faite? Si oui, sommes-nous responsables de ces idées reçues que nous avons parfois sans vraiment en avoir conscience? Comment s’en défaire alors?
Par: Nermine Khattab

Dans notre société multiculturelle, bigarrée et bariolée, il existe beaucoup de stéréotypes et de préjugés. Il s’agit de concepts très proches de sorte qu’il est difficile de les distinguer. Jugements de valeurs, lieux communs, banalités, opinions, stéréotypes, clichés, préjugés, idées reçues, stigmatisations, phrases cousues en fonction des espaces dans lesquels elles sont employées. Nous avons tous en tête des stéréotypes et des préjugés qui façonnent nos pensées. Nous avons beau nous défendre, argumenter ou prendre le contrepied des idées reçues, difficile de s’en détacher; pour la simple et bonne raison que nous sommes tous constitués de ces préjugés.Concevoir les choses autrementNous ne nous reconnaissons que par la représentation mentale que nous nous faisons. Ces préjugés ne font en définitive que dissimuler notre ignorance de la réalité. Ils conduisent parfois à des jugements de valeur plus ou moins simplistes qui constituent autant d’obstacles à une communication réussie avec notre entourage. Quelques-unes de nos erreurs les plus grossières résultent ainsi de notre incapacité à nous faire de l’autre une image réaliste.Ces préjugés, de part et d’autre, ne cessent de compromettre la qualité des relations sociales. Le risque d’incompréhension résultant de cette méprise implique ainsi une révision globale du système éducatif et culturel dans la société, comme étape pour faire la lumière sur les points faibles tout comme les plus forts. On dirait que les préjugés que nous avons dépendent souvent de nos relations sociales, de notre éducation ou encore de notre religion. Ils sont en quelque sorte imposés par ces différents facteurs. Notre entourage joue un rôle dans notre façon de percevoir les choses, d’appréhender le monde mais aussi dans notre capacité de jugement. Si nos parents ont toujours fait preuve de racisme, nous serons plus enclins à raisonner de la même façon qu’eux. Si c’est l’inverse, nous le serons également plus facilement. Parfois, sans nous en rendre compte, nous préférons croire ce que l’on nous raconte, par simple paresse sans même prendre le souci de faire d’examen critique au préalable.
“Les préjugés sont des ligatures”Convaincu du propos de Victor Hugo, “Les préjugés sont des ligatures”, un homme empli de préjugés est un homme qui n’est pas réellement libre. Ils nous oppressent. Parfois nous sommes en quelque sorte emprisonnées par eux, ils nous ralentissent. Avoir des préjugés, c’est nous empêcher d’aller plus loin, rester les pieds cloués au sol. Si nous nous basons sans cesse sur eux, ils nous empêcheront d’évoluer socialement. Mais, une question frôle notre esprit: pourquoi opter pour la vie dans la noirceur de l’errance des contraintes et des moules stériles que de vivre libres et à l’aise, cette liberté tant recherchée par les philosophes et que chantent les poètes. Craindre l’isolementLe prof en philosophie, Dr Azmi Zakaria a imputé cette problématique à “la crainte de s’isoler du groupe”. Lorsque nous craignons l’inconnu, que nous sommes intimidés, nous jugeons sans connaître pour nous défendre.Nous pouvons dire ce que nous voulons, nous finissons toujours par suivre l’autre. Inconsciemment, beaucoup d’entre nous ne contrediront personne par simple peur d’avoir tort et d’avoir l’air ridicule. Et de souligner que le fait de vaincre les croyances et de surpasser les préjugés est une tâche qui nécessite beaucoup de force de caractère car, abandonner nos idées reçues relève d’un énorme travail sur soi. « Dépouiller » les pensées des préjugésIl s’agit d’éveiller l’esprit critique qui sommeille en chacun de nous, tout en sachant que la tâche sera de longue haleine, ardue et périlleuse. Enfin prendre des distances avec les préjugés suppose pouvoir en rire, en les traitant sous la forme humoristique, en les parodiant. Après tout, la bêtise de ces préjugés purement humains, non discriminatoire, touche tout le monde, sans à priori, ni distinction de classe, de sexe, d’origine ethnique, de religion… Einstein a certes dit : « il est plus facile de fissurer un atome que de venir à bout d’un préjugé », mais c’était il y a quelques lointaines années. Aujourd’hui, chacun possède ses recettes pour s’en libérer. L’essentiel est de reconnaître que « oui j’ai des préjugés, non je ne m’en accommode pas, oui je m’efforce de m’en « dépouiller ».