Egypte-AFD : 15 ans de coopération  

Vidal : L’AFD est un partenaire historique de l’Egypte  

Infrastructures, climat, enseignement, santé et transports : des priorités d’action importantes  

L’AFD, partenaire important et contributeur clé à l’amitié Egypte-France  

Sur plus de 15 ans, 3.3 milliards d’euros de financements accordés  

Nouvelle stratégie de l’AFD de 2021 à 2025 élargissant notamment l’action aux priorités sociales  

Par Ingi Amr  

Et Dr Nesrine Choucri  

Le groupe Agence française de développement (AFD) met en œuvre la politique de la France en matière de développement et de solidarité internationale. Il finance, accompagne et accélère les transitions vers un monde plus cohérent et résilient.  

En quinze ans de présence en Egypte, le Groupe AFD s’est affirmé comme un partenaire reconnu et apprécié de la part des autorités et des clients égyptiens et un contributeur important à la qualité de la relation franco-égyptienne.  

La nouvelle stratégie d’intervention du Groupe AFD en Egypte sur la période 2021-2025 vise à accompagner le gouvernement égyptien dans son processus de transition vers une économie socialement inclusive, résiliente aux risques environnementaux et climatiques, et guidée par l’innovation, fixant ainsi les orientations prioritaires de l’activité.  

Dans l’interview qu’elle a donnée au Progrès Egyptien, la directrice de l’Agence Française de Développement en Egypte, Clémence Vidal de la Blache, a indiqué que l’AFD est présente en Egypte depuis 2008. C’est l’opérateur du Gouvernement français pour la politique de coopération bilatérale. L’Agence occupe le 4^ème rang parmi les partenaires de développement, selon le ministère égyptien de Coopération internationale. « Ce qui montre la croissance des activités de l’AFD en Egypte sur ces quinze ans », s’est félicité Clémence Vidal.  

En fait, il ne faut pas évaluer la coopération en termes de « nombre de projets » mais en termes de « volume de financement », a-t-elle précisé.  Ainsi, l’AFD a engagé plus de 3.3 milliards d’euros de financements – essentiellement des prêts concessionnels au gouvernement égyptien, à ses opérateurs et à des banques publiques, a-t-elle précisé.  

Secteurs de coopération  

Selon Clémence Vidal de la Blache, il y a quatre secteurs principaux d’intervention en ce qui concerne la coopération bilatérale. L’AFD est souvent associée aux projets dans le secteur des transports. « L’Agence est un partenaire historique du métro du Caire, en lien étroit avec le service économique de l’Ambassade. Par exemple, l’AFD a financé la ligne 3 du métro qui permettra d’ouvrir de nouveaux accès Nord-Sud à Guiza (vers Imbaba, mais aussi l’Université du Caire) mais aussi Est-Ouest », a ajouté Mme Vidal de la Blache.  

L’AFD finance aussi la réhabilitation du tram d’Alexandrie et est parmi les partenaires de la rénovation du métro d’Abou Qir, toujours à Alexandrie.  

Les financements s’étendent, plus récemment, à la modernisation du réseau ferroviaire.  

Ainsi le secteur des transports, domaine de coopération historique, est le premier secteur d’intervention en termes de volume de financement et de nombre de projets de coopération entre l’AFD et l’Egypte.  

Le deuxième secteur est celui de l’énergie. « L’AFD a accompagné, depuis une dizaine d’années, les différentes étapes de la transition énergétique égyptienne », a souligné Clémence Vidal.  

L’AFD a ainsi financé l’installation de la première centrale solaire connectée au réseau électrique, la centrale de Kom Ombo, qui fonctionne aujourd’hui avec une performance remarquable. L’AFD est également partenaire, dans le cadre d’une coopération avec les autres bailleurs européens, dans un projet d’énergie éolienne en Mer Rouge.  

Aujourd’hui, les projets d’énergie renouvelable sont surtout financés à travers la filiale Proparco chargée du secteur privé a précisé Vidal de la Blache.  

« Après Kom Ombo, Proparco a ainsi participé, aux côtés d’autres partenaires, au financement de Benban, ce projet emblématique, la plus grande centrale solaire d’Afrique », a-t-elle ajouté.  

Plus récemment, l’AFD a accompagné des réformes structurelles dans le secteur du gaz et les réformes des subventions dans le secteur de l’énergie.  

« Aujourd’hui, nous travaillons toujours pour mieux intégrer les énergies renouvelables dans le réseau, en renforçant le réseau de transmission et de distribution, y compris dans une démarche régionale, puisque l’Egypte souhaite développer les interconnexions pour pouvoir exporter de l’énergie propre », a ajouté Clémence Vidal de la Blache.  

Les secteurs des transports et de l’énergie impliquent des volumes de financement très significatifs. Il s’agit de plus de 700 millions d’euros dans le secteur des transports et plus de 500 millions dans le secteur de l’énergie, a-t-elle précisé.  

Quant au troisième secteur, c’est celui de la Finance durable. L’AFD appuie des banques publiques pour les accompagner dans le financement d’acteurs économiques et d’entreprises pour améliorer leurs outils industriels, diminuer leur empreinte environnementale, pour encourager des projets de finance climat et pour encourager les projets, portés par le privé, et contribuant aux ODD (objectifs de développement durable).  

« L’AFD n’est pas une banque de détail. On ne finance pas directement des entrepreneurs ou des entreprises. Mais par contre, on accompagne les banques égyptiennes pour qu’elles jouent leur rôle dans le financement de l’économie, en orientant les actifs financiers vers des projets de développement durable » a indiqué Clémence Vidal. « Nous travaillons avec les banques publiques comme NBE, Banque du Caire et Banque Misr ainsi qu’avec MESMEDA qui n’est pas une banque mais une institution financière, qui a développé un programme ambitieux pour accompagner les femmes entrepreneurs et les femmes cheffes d’entreprises  », a-t-elle précisé. Il s’agit donc de financement indirect du secteur privé ; en s’appuyant sur le système financier égyptien a-t-elle ajouté.  

« Pour résumer, transports, énergie et finance durable sont les trois secteurs de concentration historiques de point de vue nombre de projets et volume de financement », a affirmé Clémence Vidal.  

Mais l’activité s’est également diversifiée ces dernières années, une dynamique qui va être amplifiée dans le cadre de la nouvelle stratégie 2025. Ainsi, des activités dans le domaine de l’environnement, de l’eau et de l’assainissement, de l’adaptation au changement climatique se multiplient.  

Dans cette optique l’AFD a financé, durant les quatre dernières années, le projet de développement de la station d’épuration et de traitement des eaux usées de Gabal Asfar à l’Est du Caire. Il s’agit d’étendre le site, pour augmenter les capacités de traitement mais également que l’eau traitée puisse être réutilisée et donc mieux exploiter les ressources en eau. Il s’agit aussi d’améliorer la qualité des eaux de rejet, ce qui a un impact positif sur l’environnement en aval de la station.  

« Une autre thématique émergente c’est la sécurité alimentaire. C’est une nouvelle thématique pour notre coopération, au cœur des priorités égyptiennes, et on travaille ainsi étroitement avec le ministère de l’Approvisionnement pour renforcer la capacité de stockage de denrées stratégiques, mais également développer des approches innovantes sur le secteur » a fait savoir la directrice de l’AFD.  

D’autre part, interrogée sur le soutien accordé par l’AFD à l’Egypte en ce qui concerne l’adaptation au changement climatique, Clémence Vidal de la Blache a souligné que la COP27 a collectivement permis de faire monter l’agenda des questions climatiques, notamment concernant les enjeux d’adaptation dans le secteur de l’eau, ou encore sur la question de la résilience avec les avancées, dans les négociations, sur les pertes et dommages.  

« Le changement climatique est vraiment un fil rouge de notre activité. A l’AFD, nous avons une responsabilité particulière, confiée par le Gouvernement français, depuis l’Accord de Paris (en 2015). Nous avons une « stratégie climat » ambitieuse depuis cette époque. Ainsi on s’assure que nos financements sont entièrement compatibles avec les objectifs de l’Accord de Paris.  

Concrètement cela se traduit en Egypte par plus de 90% de financements qui ont des bénéfices Climat. Il s’agit de projets qui contribuent à l’atténuation et/ou l’adaptation aux changements climatiques. »  

Projets à caractère social

Au delà de ces projets en faveur des infrastructures durables, du secteur privé et de l’environnement, l’AFD est aussi un partenaire de réformes et de politiques publiques ambitieuses, notamment le développement d’un système d’assurance maladie qui est actuellement mis en place en Egypte. « Nous n’avons pas parlé des projets sociaux. Mais, l’AFD est partenaire depuis plusieurs années du système d’assurance maladie universelle. C’est une réforme très importante et très ambitieuse avec des impacts énormes puisque c’est quand-même un des premiers filets de protection sociale : généraliser l’accès à des dépenses de santé et en même temps améliorer la qualité de l’offre de soin en général. Nous sommes partenaires du ministère des Finances et de la Santé dans cette réforme, aux côtés de la Banque mondiale, de la JICA. C’est l’exemple d’une excellente coopération : bailleurs français, bailleurs japonais et bailleurs multilatéraux. On mobilise aussi « Expertise France » notre nouvelle filiale de coopération technique, en appui à l’Egyptian Health Authority (L’Autorité égyptienne de la Santé). Cela représente pour nous des montants importants, 215 millions d’euros depuis 5 ans sur cette réforme. On ne doit donc pas raisonner seulement en nombre de projets : c’est surtout l’ambition et le type d’impacts que nous voulons mettre en avant ».  

Sur les cinq dernières années, l’AFD a davantage accordé un intérêt au secteur à la demande des autorités égyptiennes. Cela représente aussi une nouvelle partie de la stratégie de l’Agence 2021-2025 et du dialogue qu’elle a établi avec le gouvernement égyptien. Ainsi, d’autres dossiers sont également au menu de l’AFD comme la formation professionnelle, ou encore l’égalité Femme-Homme.  

Au sujet de l’éducation et de l’enseignement de la langue française, Vidal de la Blache a souligné l’appui à la refondation de l’Université Française d’Egypte ou encore le projet Trèfle, qui appuie une réforme mise en place par le ministère égyptien de l’Education et de l’Enseignement, par l’AFD mais aussi d’autres partenaires français. Vidal de la Blache a expliqué : « Le point de départ du projet Trèfle, c’est d’abord une réforme du système éducatif égyptien mené par le ministère de l’Education et qui généralise à l’horizon 2024 l’enseignement d’une langue vivante pour l’ensemble des élèves des écoles gouvernementales. Donc, partant de ce constat et de cette échéance, les autorités égyptiennes et françaises ont souhaité anticiper, préparer le système éducatif, les écoles gouvernementales, les enseignants dans ces écoles, et peut-être aussi redynamiser l’offre d’enseignement du français. Avec comme objectif que le français soit attractif pour les familles, les parents d’élèves qui vont devoir choisir une langue vivante 2 à partir de 2024. »  

En partant de cet objectif commun, l’AFD a mis à disposition une subvention de deux millions d’euros qui vient accompagner à la fois la mise à niveau linguistique, mais aussi pédagogique des enseignants de français (13.000 dans les 27 gouvernorats) dans les écoles gouvernementales. C’est ce qui est très important car il y a un souhait d’offrir des opportunités sur l’ensemble du système.  

Sur la première phase (18 premiers mois), le consortium qui met en œuvre le projet avec le ministère de l’Education à savoir l’Institut français d’Egypte, France Education international, et le réseau Canopé ont travaillé sur la mise à niveau de plus de 500 enseignants qui ont la possibilité de passer des certificats internationaux pour reconnaître le progrès qu’ils ont réalisés en français (DELF-DALF). Il y a aussi eu un effort important en terme de mis à disposition de contenus numériques pour dynamiser l’apprentissage du français en mettant l’accent par exemple sur la pédagogie de la classe inversée, qui place l’élève en situation active. Cette première phase a été clôturée par l’ambassadeur de France et le ministre de l’Education, il y a quelques semaines à l’Ambassade de France ».  

Et d’ajouter : « Pour l’instant, les impacts du projet sont tellement convaincants qu’on a ouvert un dialogue avec les autorités française et égyptienne pour réfléchir aux conditions d’une poursuite de cet appui ».  

Autour de la participation de l’AFD à la scène culturelle et artistique, Vidal de la Blache a noté : « La coopération culturelle, c’est le domaine et la responsabilité du service de coopération culturelle de l’Ambassade, avec l’Institut français et son réseau qui est très dynamique. Par contre, l’AFD a depuis quelques années soutenu ce qu’on appelle les industries culturelles et créatives. Comment est-ce qu’on peut soutenir la création culturelle ; qui est portée par des entrepreneurs et des projets qui vont venir contribuer à des objectifs de développement sur la mobilisation de la jeunesse par exemple. On ne le fait pas de façon dédiée avec un programme spécifique en Egypte. Par contre, on a très régulièrement, plutôt dans le cadre d’approches régionales, des appels à projets relayés sur nos réseaux sociaux et ceux de l’Ambassade. J’encourage les créateurs, qu’ils soient dans le domaine du design, de la production visuelle, mais aussi de la création artistique à suivre ces appels à projets. C’est souvent dans une approche régionale, mais cela permet de présenter des opportunités d’accompagnement financier, mais aussi en terme de mise en réseau, d’accompagnement plus qualitatif des porteurs de projets. Par exemple, suite au sommet de la Méditerranée, l’AFD a lancé un programme « L’Académie des Talents » pour accompagner un certain nombre de créateurs. On est aujourd’hui en réflexion sur une deuxième phase de cette Académie, et son extension dans des zones géographiques comme l’Egypte. Donc, restez en veille, les programmes industrie culturelle et créative, c’est aussi dans notre mandat, et cela représente de très belles opportunités pour l’éco-système égyptien !