Par: Névine Ahmed

L’Egypte renforce sa présence agricole en Afrique de l’Est. Un vaste projet agricole égyptien vient d’être lancé au Kenya, avec la mise à disposition de 5000 feddans pour des agriculteurs égyptiens à proximité de Nairobi, la capitale.

Par Névine Ahmed

L’initiative est pilotée par l’Union des syndicats égyptiens, qui entend créer de nouvelles opportunités de travail pour les ouvriers et agriculteurs du pays, tout en consolidant la coopération Sud-Sud avec les États africains.

Selon Eïd Mersal, coordinateur du projet, les travailleurs égyptiens bénéficieront de facilités pour les formalités de voyage, d’une prise en charge de leur sécurité et de leur suivi sur place, et ce, sans aucun coût pour le syndicat.

Ce projet s’inscrit dans une stratégie plus large de retour de l’Egypte au cœur du continent africain, en misant sur l’agriculture, l’emploi et la diplomatie économique.

Une démarche ambitieuse qui vise à renforcer les liens entre l’Egypte et l’Afrique et à ouvrir de nouvelles perspectives économiques, a affirmé le responsable qui a annoncé le lancement de ladite nouvelle initiative d’investissement agricole au Kenya.

Selon lui, ce projet dépasse le simple cadre économique. Il s’inscrit plutôt dans le cadre d’une stratégie nationale plus large, dont l’objectif est de ré-ancrer l’Egypte dans son environnement africain naturel, en misant sur la coopération Sud-Sud, la solidarité professionnelle et le développement durable.

Le lien entre l’Egypte et le Kenya s’inscrit dans le cadre d’une Histoire partagée, ancrée dans la profondeur géopolitique du continent africain, a rappelé Eïd Mersal, soulignant que la sécurité nationale de l’Egypte est indissociable de la région du Bassin du Nil et du continent africain. “Nous avons été absents de l’Afrique pendant un certain temps, mais le moment est venu de revenir en force”, a-t-il affirmé. Cette nouvelle orientation vers le Kenya vise à consolider les relations bilatérales et à établir une présence égyptienne durable dans des pays africains stratégiques.

Dans ce contexte, le Syndicat général des travailleurs de l’agriculture, de l’irrigation, de la pêche et de la bonification des terres s’apprête à lancer ce projet agricole d’envergure au Kenya. 5000 feddans ont été obtenus, et la 1ère phase concernera 1000 feddans, répartis sur cinq à six gouvernorats, avec une moyenne de 100 feddans par gouvernorat, selon les demandes reçues.

Le responsable a également souligné que le coût de location des terres au Kenya reste très abordable, de l’ordre de 100 dollars par feddan et par an, avec la possibilité de réduire ce tarif. Les terres kényanes, a-t-il assuré, sont fertiles, adaptées à l’agriculture, et ne présentent aucune contrainte naturelle majeure, offrant ainsi un terrain idéal pour ce projet de coopération Sud-Sud.

Le projet agricole en cours au Kenya est qualifié de “prise de risque calculée”, assurent les responsables, qui expliquent que toutes les parties concernées apporteront leur soutien pour en garantir le succès.

Mersal a précisé que l’objectif dépasse la simple activité agricole : “Il ne s’agit pas seulement de cultiver, mais d’assurer une présence égyptienne en Afrique. Nous voulons établir nos racines sur le continent et protéger notre pays à travers de tels projets”.

Il a également appelé à un changement de regard sur l’Afrique, affirmant que “les gens commencent seulement maintenant à comprendre le potentiel immense qu’offre ce Continent. C’est un espace riche d’opportunités, une terre sûre, avec une population bienveillante et un mode de vie sain et authentique”.

L’ambassadeur du Kenya au Caire, S.E. Fred Outa, a souligné la profondeur des relations historiques et stratégiques qui unissent l’Egypte et le Kenya, insistant sur le fait que ces liens vont bien au-delà de la simple diplomatie.

Selon le diplomate, la coopération bilatérale couvre un large éventail de domaines, témoignant d’un partenariat solide et durable entre les deux nations africaines, fondé sur la confiance mutuelle et des intérêts communs en matière de développement et de stabilité régionale.

L’ambassadeur du Kenya a enfin affirmé la volonté de son gouvernement de mettre en œuvre rapidement l’initiative agricole commune avec l’Egypte, soulignant que la solidité des relations bilatérales facilite ce type de coopération stratégique.

Il a rappelé que les liens entre l’Egypte et le Kenya sont anciens et profonds, remontant à l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays. Fait marquant : l’Egypte fut le 2e pays au monde à ouvrir une ambassade à Nairobi, preuve de l’importance historique accordée par Le  Caire à ses relations africaines.