Par : Samir Abdel Ghany
Je suis allé le voir à la rue Ma’rouf l’attendant devant la maison, car il m’avait invité à visiter son musée (15th of July 26th St.). Quelques minutes plus tard, il était dans les mains de son assistant et chef d’entreprise, M. Mazen, qui nous a laissés ensemble et est allé chercher la charrette. Soudain, le sol s’est fendu, et le chef est apparu portant une chaise sur laquelle l’artiste pouvait s’asseoir. C’est Georges El Baghouri. Dès qu’il s’est assis, il a commencé à saluer les passants. Malgré son âge (90 ans), il les appelle encore par leurs noms. Ici, c’est le propriétaire du supermarché et là c’est le directeur de l’atelier de réparation automobile, etc. Entouré de quelques enfants, je leur ai demandé ce qu’ils aimaient chez l’artiste. Ils ont dit l’humilité, les bons traits et le respect. « Si les outils de la technologie sont bien utilisés, il n’y a pas de peur pour cette génération … J’ai vu une étincelle briller dans les yeux des enfants que nous devons préserver ». a ajouté notre célèbre artiste Nous sommes allés au musée et nous y attendions l’artiste, Waguih Yassa, et avec lui l’artiste, Chérine El Khalili… Baghouri a dit : “Profitez-en… C’est presque toute ma vie… Il avait l’habitude de pointer du doigt les peintures et de dire : “C’est ce que j’ai dessiné en France… Cette idée est venue d’Italie… d’Espagne.” L’Angleterre…L’Amérique.. .l’Allemagne, la Grèce…c’était lors de ma visite au Maroc…c’était à Assouan…et il n’arrêtait pas de se référer aux œuvres et de prononcer les noms des pays qu’il a visités… une histoire pleine d’amour pour l’art et pour la vie. Le grandissime Baghouri a ajouté « Je veux léguer ces œuvres aux futures générations. Chaque jour, quelqu’un vient me voir pour acheter mes œuvres pour des millions de livres, mais je n’ai plus besoin d’argent. Tout ce que je veux, c’est que quelque chose de moi reste pour les générations, les collectionneurs d’art, les étudiants et les gens. Je me sens très heureux quand j’entends ou je regarde George dessiner quand j’étais jeune. J’avais l’habitude de collectionner ses œuvres dans le magazine « Sabah Al-Khair » et les couvertures de Rose Al-Youssef et de les mettre dans un agenda… J’ai suivi ses mémoires dans le journal « Al-Ahaly ». Deux doubles pages dans le magazine « Sabah Al-Khair » et un portrait qu’il dessinait dans le magazine « Al-Moussawar… Ce n’est pas un artiste ordinaire… c’est un génie des djinns » ajoute Samir « Quand je travaillais avec lui sur un magazine de BD, je lui demandais comment l’artiste Baghouri voit-il les visages qu’il peint ? S’interroge notre artiste « Tout plasticien a en lui un enfant qui s’émerveille en voyant les choses. L’enfant à l’intérieur du dessinateur lui ajoute qu’il est plus espiègle et tient un miroir magique qui révèle les visages, les fragmente, puis les reformule à nouveau » explique Baghouri « Par la vue, je vois la personne, et par la perspicacité, je lui enlève l’enveloppe extérieure pour la dessiner nue devant les gens. Cette clarté que je mets dans le dessin est ce qui le rend très douloureux pour toute personne qui porte un faux masque » commente notre artiste doué Baghouri a vécu en France, mais admet que le vrai succès c’est en Egypte, que la vraie universalité a été atteinte ici, ainsi que le sentiment de grandeur qu’il a ressenti en se déplaçant dans la rue Ma’rouf. ‘’Je vais en France chaque année pour revitaliser mon parcours artistique, mais la vraie créativité vient d’Egypte’’ a conclu l’artiste. Baghouri est retourné chez lui. Quant à moi, je me suis rendu à la maison de Galal pour écrire ce qu’il avait dit avant que ça ne s’efface de ma mémoire.