Clin d’œil
Samir Abdel Ghany
Lorsque je me rends à son exposition, j’éprouve de la fierté pour lui. Emad Ibrahim est de ma génération. Ses dessins, ses peintures ainsi que ses croquis donnent un grand espoir dans l’art et la vie. Il vous parle de son dévouement à ce monde et que ce qu’il produit est une réponse à cet amour. Ses œuvres est une preuve d’amour mutuel entre lui et l’art.
Cette fois, il dessine uniquement au stylo noir, il met à part les pinceaux et les couleurs d’huile, d’acrylique ou aquarelle pour passer derrière le noir et peindre sa légende.
L’amie créatrice Mona Abdel Karim a écrit sur ses œuvres : Avec un stylo noir, il enregistre sur le blanc certaines histoires de personnes de passage dans nos vies, celles qui savent démolir pour construire. Et d’autres qui émergent des ténèbres et de la cruauté de la vie vers la lumière dotée de fermeté et de volonté de la continuité et du don.” Débute-t-elle
“Lorsqu’il tenait le stylo noir dans ses mains, l’artiste Emad Ibrahim ne pouvait pas imaginer que cette nouvelle technique lui serait applicable. Il n’avait jamais utilisé auparavant le stylo dans ses œuvres artistiques pour exprimer ce degré d’expression, d’autant plus qu’il avait l’habitude de dessiner ses œuvres à partir du fusain. Des histoires d’ouvriers venus chez lui pour faire quelques rénovations, du bruit des murs en train d’être démolis naissent cette exposition. Cette poussière qui les enveloppait complètement, de sorte qu’ils en sortaient avec de nouveaux traits à travers lesquels ils s’identifiaient aux murs qu’ils avaient démolis, se transformant en statues de pierre palpitant avec les détails de toute vie. Les choses se sont entrelacées dans l’imagination de l’artiste avec le son des stylos qu’il tenait dans sa main coulant avec force sur la surface blanche. Avec une voix qui ressemble au bruit d’une scie qui se mélange à la voix d’Oum Kolthoum qui s’insinue dans son oreille et dont les ouvriers ne peuvent pas bien faire leur travail sans l’écouter, ses tableaux peints sortent au monde.
Un travail acharné et des histoires qui reflètent bien de vrais personnages chargés de sentiments humains. Des mains rugueuses, des cœurs sensibles et des sentiments entrelacés s’insinuent dans le cœur de l’artiste Emad Ibrahim, qui revient avec force sur le diagnostic dans son exposition actuelle. Dans cette exposition, il a su faire un métissage entre le stylo noir avec lequel il a construit ses personnages comme des blocs de granit solide, qui met en parallèle la difficulté de la vie dans laquelle ils sculptent leurs journées et l’énergie de la lumière qui rayonne de leurs visages, qui dans ses peintures supplie le ciel dans un état de soufisme étonnant.
Lorsqu’il parle de son exposition, il déclarait : « Je suis toujours en état de recherche.”
Depuis mon enfance, j’utilise un stylo, je dessinais mes amis et mes proches sur des croquis qui expriment mes journées. Peints avec des stylos noirs sur une toile soigneusement tendue, mes œuvres exprimaient minutieusement les rêves humains et leurs inquiétudes, beaucoup d’histoires et de différents sentiments. C’est du sein de la vie et de sa cruauté est née l’idée de l’exposition. Les ouvriers venus faire des rénovations dans mon atelier, étaient plus de 20.
“Ma conversation avec eux en buvant du thé ou en déjeunant, en les contemplant au moment de la démolition et au moment de la construction, l’épaisse poussière noire et les traits cachés derrière la poussière, leurs histoires et leurs chansons, tous réunis, ont été le motif derrière cette exposition. Je leur dois beaucoup, tout comme je dois aux responsables de la salle de Zamalek pour leur patience à approuver ma folle expérience.” Ajoute Emad
“En dessinant ces personnages, je ressemblais à quelqu’un qui fait un film en noir et blanc au milieu d’une vague rampante de cinéma en couleur. ” Explique notre artiste
Quant à moi, je suis sorti de la salle d’exposition, mon cœur battait de joie. L’état d’honnêteté, de douleurs et de sentiments camouflés au sein des gens ont été bien exprimés et m’ont donné envie de revenir avec mes enfants pour célébrer l’art et les artistes et leur dire que l’Egypte va bien.