Les deux voisins entretiennent des liens diplomatiques et commerciaux étroits, mais la réaction de Tokyo reste floue si Taipei était assaillie, cette éventualité étant pour beaucoup prématurée, analyse LeMonde, le 6 mai 2022. Ponctuée de phases de crispation, la tension en Mer de Chine orientale connaît depuis l’invasion russe de l’Ukraine une nouvelle montée de fièvre : le spectre d’une attaque chinoise sur Taïwan. Une menace particulièrement ressentie au Japon en raison de la proximité géographique des deux pays (Yonaguni, la dernière île au sud-ouest de l’archipel d’Okinawa, est à une centaine de kilomètres de Taiwan) et des conséquences géostratégiques qu’entraînerait une invasion chinoise de ce territoire sur la liberté de circulation dans le détroit de Taïwan, élément crucial de l’axe indo-pacifique, sur la stabilité de toute la région. A la proximité géographique et aux enjeux géostratégiques s’ajoutent les liens étroits entre Taipei et Tokyo. La population de l’île, annexée par le Japon en 1895 à la suite du traité de Shimonoseki, qui mettait fin à la guerre avec la Chine, n’a jamais nourri le même ressentiment à l’égard du colonisateur nippon que la Corée, où les blessures restent à vif. A la suite de l’établissement des relations diplomatiques avec la Chine en 1972, le Japon a continué à entretenir des relations étroites avec Taïwan sous la houlette d’un puissant lobby protaïwanais au sein du Parti libéral-démocrate (PLD), au pouvoir, et de milieux d’affaires.
Les relations entre les deux pays sont gérées par l’Association d’échanges JaponTaïwan, dont les représentations à Taipei et à Tokyo mènent des activités similaires à celles de missions diplomatiques et comptent, entre autres, l’équivalent d’un attaché militaire. Les sondages indiquent que les Taiwanais sont confiants dans le soutien que leur apporterait le Japon en cas d’attaque.