La vie, c’est un peu comme une vieille chanson qu’on connaît par cœur : couplets de joies, refrains d’ennuis, et parfois un solo de trahison qui grince un peu trop fort. Sur notre chemin, nous croisons des perles rares — authentiques, fidèles, lumineuses — et puis… des bibelots sans valeur, de ceux qui scintillent juste assez pour tromper les âmes distraites.
En Égypte, on a tout un lexique pour décrire ce théâtre humain.
Falso. Ce mot claque comme une vérité populaire. Les chansons de nos quartiers et les histoires transmises autour des cafés le disent bien : le “falso”, faux bijou, brille comme l’or… mais ne vaut que l’ombre de sa lumière. Gare à ceux qui s’y fient : la fausse amitié a l’art de se déguiser en loyauté.
Dahab. L’or véritable. C’est ainsi que l’on nomme les âmes qui ne se ternissent pas, quelles que soient les épreuves. Elles sont constantes, inaltérables, résistantes à la rouille des circonstances. Un éloge rare, mais quand il est sincère, il vaut plus que toutes les fortunes.
El haya ba’aa lonha bambi. Il y a trente ans, Soad Hosni a soufflé cette phrase dans un film devenu culte, Amira, hobi ana. “La vie est devenue rose”, chantait-elle à son bien-aimé. Depuis, l’expression s’est envolée dans les rues, pour dire que tout roule, que le cœur est léger… et que le destin, pour une fois, a daigné sourire.
Ehaya malal. Le revers du décor : la vie qui tourne en rond, les journées qui se ressemblent au point qu’on ne sait plus si l’on vit ou si l’on répète un vieux scénario en boucle.
Et puis, il y a les proverbes. Ces capsules de sagesse qui traversent les générations.
El kalb fi beitou sab’e. Le chien, chez lui, est un lion. En clair : même le plus minable des lâches peut bomber le torse dans son territoire. Courage ou simple effet de décor ? À chacun de juger.
El-ghali tamanou fih. Ce qui est précieux a un prix. Et ce n’est pas parce qu’on vend cher que c’est bon… mais dans l’esprit égyptien, un produit bon marché, c’est souvent un avertissement. La qualité, ça se paie — encore faut-il vérifier qu’elle est bien au rendez-vous.
El donia zay el morgeha. Le monde, c’est une balançoire : un coup en haut, un coup en bas. Ceux qui espèrent un équilibre permanent feraient mieux d’acheter un tabouret.
En somme, la vie reste une suite de scènes où l’on rit, où l’on se méfie, où l’on s’émerveille… et où, parfois, il faut se cramponner. Car la balançoire ne s’arrête jamais.