La fonction d’un musée n’est pas seulement la mise en valeur des collections. Elle comprend aussi la conservation, la restauration et la communication de ses richesses inestimables au public. Aujourd’hui, le musée n’est pas seulement un conservatoire, c’est aussi un foyer de la vie intellectuelle, artistique, architecturale et civilisationnelle qui a rayonné à travers les différentes époques.
L’Egypte renferme une panoplie de musées intéressants, exposant des pièces d’art ou dédiés à des personnages marquants de son histoire. Et voici un des plus remarquables musées d’Alexandrie, à savoir le Musée grécoromain.
Le gouvernorat d’Alexandrie est en passe de faire peau neuve afin d’occuper, prochainement, la place qu’il mérite sur la carte du tourisme international. Des travaux de rénovation gigantesques sont en cours dans le gouvernorat, particulièrement en ce qui concerne les antiquités et le tourisme. Parmi ces travaux, figurent en particulier la restauration et la rénovation du Musée grécoromain dont les travaux arrêtés ont repris en 2018. Il est d’un coût total de 356 millions de livres.
A Alexandrie se trouvent de nombreux sites patrimoniaux en particulier de vieux bâtiments qui racontent l’histoire de la ville où des personnes de plusieurs nationalités ont vécu notamment des ingénieurs étrangers qui ont construit des villas et des bâtiments qui gardent encore leur splendeur. Dans le centre-ville d’Alexandrie se trouve la villa de l’Institut allemand Goethe qui témoigne de l’histoire de l’art et de la culture dans la seconde capitale de l’Egypte.
Une villa de style néo-gothique
En 1926, Max Jacques Rolo (1890 -1958) fit construire une villa de style néo-gothique sur le terrain acquis quatre ans auparavant, au N°5 de la Rue des Ptolémées (actuellement N°10 de la rue des Ptolémées ou rue Batalsa), au croisement avec la rue des Abbassides, selon les plans de l’architecte français Max Edrei (18891972), diplômé de l’École des Beaux-Arts de Paris. Ce dernier réalisa de nombreux bâtiments à Alexandrie et au Caire, dont le collège Saint- Marc, en collaboration avec Léon Azéma et Jacques Hardy.
La villa est de style néogothique avec des détails Art Déco. Max Edrei fit intervenir des ateliers italiens pour la décoration intérieure de la villa : plafond à caissons, panneaux muraux en bois, vitraux de la paroi arrière de la maison et des deux portes du hall d’entrée, porte en fer forgé menant à la salle de réception (grand hall) Max Rolo est issu d’une famille influente juive, installée en Égypte depuis le milieu du XIXe siècle.
L’entreprise familiale fut développée en société commerciale et financière. Le commerce du coton occupa une part importante des activités de Max Rolo. En 1956, les circonstances politiques et économiques poussèrent Max et Yvonne Rolo à quitter Alexandrie.
Institut allemand Goethe
Après quatre ans durant lesquels la villa du 10 rue Ptolémée resta inhabitée, un autre membre important du commerce du coton occupa les lieux avec sa famille en 1960. Il s’agit du grossiste de coton Ibrahim Bayoumi El-Wakil (19111984-). Ce marchand de coton et collectionneur passionné d’antiquités acquit la propriété en 1964.
L’Institut Goethe d’Alexandrie, fondé en 1959, loua à Ibrahim El-Wakil les lieux à partir de 1959. La République Fédérale d’Allemagne acheta la propriété en 1973.
L’Institut Goethe d’Alexandrie, médiateur culturel et linguistique, est un lieu de rencontres et un centre de communication pour les artistes et les intellectuels égyptiens et allemands. Mohamed Moustapha, un guide touristique à Alexandrie a déclaré au journal Al-Youm El-Sabie que la villa de l’Institut allemand Goethe est historique et s’est transformée par la suite en Centre Culturel Allemand. Il a ajouté que Max Jacques, de nationalité grécoégyptienne, avait construit des bâtiments importants au Caire et à Alexandrie. “Max Jacques était parmi les ingénieurs les plus importants de cette époque et a laissé une empreinte européenne distinguée dans les rues d’Alexandrie”, a-t-il dit. Après la réouverture du Musée gréco-romain, celui-ci doit assurer une évolution qualitative du tourisme dans la seconde capitale de l’Egypte, pour f igurer probablement sur la carte du tourisme international. Ces travaux s’effectuent en concomitance avec d’autres projets de développement importants susceptibles de contribuer à la promotion du tourisme. Il s’agit notamment du projet d’abaissement du niveau d’eau souterraine dans la zone des tombes archéologiques « Kom El-Chougafa » et de la zone antique Abou Mina.
Le plus important musée consacré à l’archéologie Après sa rénovation, le Musée grécoromain comprendra un parc où seront exposées des pièces antiques, un Centre de conservation et de restauration d’antiquités, un Centre de recherche sur les monnaies, et un Centre de recherche scientifique. Il regroupera également des salles de conférences, une bibliothèque, une imprimerie, des salles multimédias, et une école visant à sensibiliser les enfants sur l’importance des antiquités. Le Musée gréco-romain d’Alexandrie est le plus important musée consacré à l’archéologie gréco-romaine dans le monde. Créé à l’initiative de l’archéologue italien Giuseppe Botti, il est situé à Alexandrie, et a été officiellement inauguré le 17 octobre 1892 par le khédive Abbas Helmi. Il retrace le riche passé d’Alexandrie, grand centre culturel et commercial ouvert au monde entier. Il abrite plus de 40 000 pièces remontant jusqu’au IIe siècle av. J.-C. La plupart de ces pièces sont d’influence grecque et romaine. Des antiquités égyptiennes venant d’autres époques sont venues s’ajouter à la collection. Tombeaux, sarcophages, tapisseries, statues et mosaïques sont exposés dans 24 salles et dans le petit jardin. Une des salles du musée est consacrée aux pièces de monnaie en or sur lesquelles on peut voir le portrait d’Alexandre ou le profil de Cléopâtre VII.
Parmi les choses à voir, une salle dédiée au culte du dieu Sérapis ainsi que la statue géante du taureau Apis et le buste en marbre représentant Sérapis lui-même.
Le Musée gréco-romain d’Alexandrie est particulièrement réputé pour sa collection de Tanagra, de petites statues d’une vingtaine de centimètres de haut, retrouvées dans les tombes de l’époque gréco-romaine. Représentant des musiciennes et des danseuses, elles sont f inement modelées et peintes de couleurs qui ont été conservées jusqu’à nos jours. Elles proviennent des catacombes d’Alexandrie et avaient pour rôle d’accompagner les défunts dans le monde des morts.