Boris Johnson a survécu à une nouvelle tempête : une motion de défiance déposée par son propre parti. Comment expliquer la résilience d’un Premier ministre si souvent contesté ? Par Agnès Alexandre-Collier, Université de Bourgogne – UBFC dans LaTribune, le 16 juin 2022. Depuis son élection à la tête du parti conservateur le 23 juillet 2019, le Premier ministre britannique Boris Johnson enchaîne les dérapages et les scandales, si bien que sa longévité semble relever de l’exploit. Les révélations de son implication personnelle dans les fêtes organisées dans sa résidence officielle au 10, Downing Street, puis les amendes dont il a dû s’acquitter n’ont pour- tant pas eu raison de lui. Malgré sa nette impopularité (69 % d’opinions défavorables contre 24 % selon un sondage YouGov du 2 juin 2022), sa propension à contourner la loi et les institutions en toute impunité et la gronde croissante au sein de son parti, Boris Johnson est resté solide- ment ancré à son poste. Le 6 juin dernier, il a même survé- cu à la motion de défiance finalement déposée contre lui par les députés les plus exaspérés, malgré les pressions et intimidations qu’ont dû exercer sur eux les « whips » du parti, ces députés spécifiquement chargés de faire régner la discipline de vote au sein du groupe parlemen- taire. La fronde des Tories contre leur chef Il aura fallu quatorze mois depuis les premières révélations, le 16 avril 2021 par le Daily Telegraph, sur des fêtes arrosées organisées dans l’entourage du Premier ministre en plein confinement, la démission de plusieurs députés, des élections locales peu favorables aux conservateurs le 6 mai dernier (au cours des- quelles ils ont perdu 485 sièges de conseillers municipaux), et un jubilé de platine célébrant les 70 ans de règne d’Elizabeth II pendant duquel le Premier ministre s’est fait huer par la foule, pour qu’au minimum une cinquantaine de députés conservateurs se décident à solliciter une motion de censure contre leur diri- geant. Il faut un seuil de 15 % des 359 députés conservateurs en poste actuellement, soit un minimum de 54 députés qui en font la demande auprès du 1922 Committee, organisation qui réunit les seuls députés conservateurs et forme une entité indépendante de l’équipe dirigeante, pour que ce vote soit organisé. 211 députés, contre 148, ont renouvelé leur confiance au leader conservateur qui restera donc à son poste pendant au moins une année supplémentaire sans qu’il soit possible de déposer une nouvelle motion.