Des éclats de rire, quelques querelles, parfois des engueulades, des cris de joie ou des sanglots, les enfants d’autrefois s’amusaient à gogo. Jouer ensemble était leur activité préférée, même si leur temps ensemble était jonché tantôt de disputes tantôt d’accords. Autrefois, si l’on voulait punir un gosse, c’était en lui retirant ses sorties ! Alors qu’à l’ère numérique et des réseaux sociaux, punir ses enfants c’est les pousser à quitter la chambre pour sortir. Les jeux de société n’existant plus, place à l’isolement et au silence. Scotchés à l’écran, les enfants et les ados ont vu leurs activités de divertissement changer drastiquement. Débat.

Par : Hanaa Khachaba
Dans le doux tumulte des jours passés, l’enfance d’autrefois s’épanouissait comme un jardin sauvage, plein d’éclats de rire et de cris aigus. Les enfants, tels de joyeux petits fauves, s’adonnaient à leurs jeux dans les rues pavées et les champs verdoyants, où l’innocence se mêlait à la liberté. Leurs journées étaient rythmées par des courses effrénées et des querelles éphémères, des alliances temporaires scellées par la complicité d’un jeu de cache-cache ou d’une partie de billes.

Les disputes éclataient comme des orages d’été, vives et bruyantes, mais se résolvaient souvent par un éclat de rire ou un geste amical, scellant ainsi une paix aussi fragile que précieuse. Si l’on voulait punir un enfant, il suffisait de l’éloigner de ses camarades, de lui interdire la lumière du jour, ce qui le plongeait dans une mélancolie palpable, une solitude presque insupportable.
Puis, au fil des décennies, le monde a changé. Les rires d’autrefois se sont estompés, laissant place à un nouveau paysage, celui des réseaux sociaux et des jeux en ligne. L’enfance moderne, scotchée à un écran, semble parfois évoluer dans une bulle immatérielle, où les interactions ne se mesurent plus en éclats de voix mais en notifications silencieuses. Les enfants d’aujourd’hui, même lorsqu’ils sont entourés de leurs pairs, se retrouvent souvent isolés dans leur monde virtuel, communiquant à travers des emojis et des messages instantanés, tissant des liens à distance, mais parfois au détriment de la chaleur humaine.

Les cris de joie et les sanglots, jadis entendus dans les parcs et les cours d’école, se sont mués en vibrations de pixels sur des écrans lumineux. Al’ère numérique, punir un enfant ne signifie plus le priver de sorties, mais plutôt le forcer à quitter la chambre, à abandonner son royaume virtuel pour le monde extérieur, qui lui semble désormais distant et peu attrayant. Les jeux de société, ces joyaux du divertissement partagé, ont cédé la place à des aventures solitaires, où l’isolement est souvent synonyme de confort.

Les enfants passent des heures à s’immerger dans des univers fantastiques, mais à quel prix ? La convivialité des jeux d’antan, où l’on riait ensemble autour d’un plateau, semble être remplacée par la compétition féroce des classements et des scores, où chaque victoire résonne comme un écho dans le vide. Dans ce monde en mutation, l’enfance se redessine. Les rires peuvent se faire plus rares, mais ils trouvent encore leur place dans les échanges virtuels, dans les jeux en ligne où l’amitié se tisse à travers des avatars et des batailles épiques.
Cependant, la tendresse d’un regard complice, le frisson d’une course effrénée ou le simple bonheur de partager une glace sous le soleil, tout cela s’évanouit peu à peu derrière les écrans. L’enfance d’hier, avec son innocence éblouissante, s’oppose à la réalité d’aujourd’hui, étant donné que l’authenticité des émotions se mêle à une réalité souvent filtrée, retouchée, parfois illusoire. Ainsi, la nostalgie d’un temps révolu côtoie-t-elle l’émerveillement d’une jeunesse connectée, oscillant entre le désir d’un retour aux sources et l’attrait d’un avenir numérique.

Les enfants, qu’ils soient d’hier ou d’aujourd’hui, conservent en eux cette étincelle d’imagination, mais il nous appartient, en tant qu’adultes, de leur rappeler que le monde extérieur est tout aussi fascinant que celui qu’ils explorent sur leurs écrans.
L’enfance doit être sensibilisée à l’abus d’utilisation des écrans. Cette dernière a transformé la nature même des interactions. Cette évolution problématique soulève des questions sur les compétences sociales et émotionnelles des jeunes d’aujourd’hui, du fait que les jeux d’autrefois inculquaient des valeurs fondamentales comme le partage, l’empathie et la solidarité. En jouant ensemble, les enfants apprenaient à gérer des conflits, à célébrer des victoires et à surmonter des défaites ensemble. A contrario, l’univers numérique, tout en offrant des opportunités d’interaction à distance, peut parfois créer un fossé entre les individus, les rendant moins aptes à nouer des liens authentiques dans le monde réel.
Pour rétablir cet équilibre, il devient essentiel de réintroduire le jeu collectif dans la vie des plus jeunes, de leur permettre de redécouvrir la magie des rencontres en chair et en os, et de leur rappeler que, parfois, la meilleure aventure se trouve juste au-delà de l’écran.
