Grâce à l’aromachologie, qui étudie l’influence des odeurs sur notre psychisme et leur faculté à améliorer notre bien-être, de nouvelles pistes s’ouvrent pour la gestion des émotions. En combinant la neurobiologie, la psychologie cognitive et la chimie analytique, cette science interdisciplinaire analyse les mécanismes complexes par lesquels les stimulus olfactifs influencent les processus cérébraux et les réponses émotionnelles.



Des études en neuro-imagerie fonctionnelle, qui utilisent des techniques comme l’IRM, permettent notamment de cartographier les réseaux neuronaux activés lors de l’exposition à différentes odeurs, selon lepoint.fr.Vous sentez le stress vous envahir quelques minutes avant de prendre la parole en public ? Respirez la fleur d’oranger. Vous papillonnez, n’arrivez pas à vous concentrer ? Essayez la citronnelle. Vous vous trouvez un peu déprimé ? Choisissez le jasmin. Et si les senteurs, snobées jusqu’à peu par la science, contenaient la clé pour agir sur nos émotions ? Et si quelques notes boisées appliquées le matin au réveil nous donnaient suffisamment confiance en nous pour la journée ? C’est en tout cas ce qu’explore l’aromachologie, qui étudie l’influence des odeurs sur notre psychisme et leur faculté à améliorer notre bien-être au quotidien. Et, là, c’est la révélation : des patterns d’activation spécifiques sont bien associés à diverses réponses émotionnelles et cognitives. Sur le plan biochimique, l’aromachologie examine les composants volatils responsables des effets psychoactifs des odeurs. Des analyses chromatographiques couplées à la spectrométrie de masse permettent aussi d’identifier les molécules clés dans les huiles essentielles ou d’autres substances odorantes. Par exemple, le linalol, un composé présent dans la lavande, a été associé à des effets anxiolytiques dans plusieurs études cliniques.« Le sens olfactif a totalement disparu de notre société, raconte Jérémie Topin, docteur en chimie théorique, aujourd’hui chef de projets innovants à l’université de Côte d’Azur. Or, l’odorat est le sens primaire de l’homme. Le chemin neurologique de l’odorat suit celui des émotions jusqu’au cerveau limbique. Les odeurs sont réceptionnées dans le nez par le bulbe olfactif, constitué de milliers de récepteurs. Ceux-ci transforment les molécules odorantes en messages envoyés au système limbique, qui sont ensuite transmis à l’hypothalamus et au thalamus, soit à nos mécanismes inconscients et conscients. »Selon les chiffres de l’IFF, en 2021, 87 % des personnes interrogées souhaitaient porter un parfum « qui apporte des bénéfices émotionnels et physiques ». Des chiffres depuis lors en constante augmentation. « Au-delà de la performance attendue pour une fragrance – longévité, intensité –, aujourd’hui, la dimension du bien-être devient omniprésente. Désormais, pour qu’un parfum fasse mouche, il ne suffit plus qu’il sente bon : il doit aussi nous faire nous sentir mieux et augmenter nos performances ! »Pour ce faire, les maisons de composition de parfums disposent aujourd’hui de bases de données qui permettent aux nez de relier les ingrédients ou les accords de leur palette olfactive à des ressentis psycho-émotionnels. C’est alors que les algorithmes entrent en jeu pour assister les parfumeurs dans la création en les orientant vers des pistes olfactives privilégiées, selon les effets recherchés : séduction, désinhibition, confiance en soi…