Etre mère est un sentiment noble et très particulier. Etre mère, c’est changer de vie et de façon de penser, pour ses enfants. C’est donner tout son cœur et mettre toutes ses forces à profit, afin de permettre à ses enfants d’aller de l’avant, et de leur apprendre à vivre. C’est avoir une raison d’être pour le reste de sa vie. C’est avoir à cœur de profiter au maximum de chaque moment. C’est être parcourue de sentiments contraires en constatant comment ses enfants grandissent, être envahie par la nostalgie quand ils avancent dans la vie à pas de géant. S’il y a un amour que l’on peut considérer comme véritable, c’est l’amour sincère d’une mère, cet amour éternel et infini. Or, chaque femme en devenant mère promet de faire de son mieux et surtout d’éviter les erreurs de ses parents, de ne pas être comme les autres mamans, d’être un exemple à part.
Par Dr Nesrine Choucri
Chaque mère a beau dire qu’elle sera un exemple à part, qu’elle ne va pas commettre les erreurs du passé, qu’elle est incomparable aux autres, mais sans le vouloir, toutes les mamans de la planète ont des points en communs, des éléments qui se ressemblent, voire une même attitude. La maternité, ce n’est pas toujours sourire, mais aussi pleurer des torrents de larmes. La maternité, c’est de nombreuses nuits d’insomnie ; une infinité d’inquiétudes ; des heures passées à courir après ses enfants ; des jours, des mois et des années à inventer des centaines de façons pour faire manger à ses enfants des légumes et du poisson ; supporter les disputes et tolérer avec toute la patience du monde l’infinité de rebondissements de la vie. On a beau juré qu’on ne passerait pas par là comme autrui, mais c’est inévitable. Dans un élan, on se dit : « je ne serai jamais une mère comme fut ma mère », mais sans se rendre compte, on devient un sosie de notre mère.
Evidemment, dans chaque société, la communauté des mères a des particularités différentes d’une autre communauté. Ainsi, dans la société italienne, la mère réunit plusieurs critères différents de ceux d’une mère de n’importe quelle autre nationalité. La maman italienne se caractérise par son pouvoir affectif dominant au sein de la cellule familiale. Elle se concentre ainsi sur sa personne, l’attachement affectif de ses enfants, notamment les enfants de sexe masculin. Elle joue également un rôle prépondérant dans l’éducation des enfants et dans leur moralisation. La maman est vue comme une figure presque omnisciente puisqu’elle est censée tout savoir ou presque : ainsi, c’est vers elle qu’on se tournera pour recoudre un bouton, pour repasser une chemise correctement, ou encore pour préparer de délicieuses lasagnes. Mais par-delà ces caractéristiques attachées à la maman italienne, il faut souligner que ce modèle familial ancré autour de la « femme-mère » permet à la société italienne de maintenir une entraide sociale bien au-delà du simple cocon familiale classique. En Egypte aussi, on appelle la maman « mamma » ou « oumi ». Alors qu’est-ce qui caractérise cette maman égyptienne qui est le noyau de la famille, voire même de la société entière.
Pouvoirs surnaturels
En Egypte, la maman est aussi bien dans les esprits que dans les faits une « super-héroïne » au point que l’on dirait qu’elle est dotée de pouvoirs surnaturels et de capacités sans limites. Pour ses enfants, elle est la plus grande protectrice sur Terre, encore plus que le père. S’ils sont malades, tristes, fatigués, esquintés, déçus, déprimés, ils cherchent auprès d’elle refuge, amour, soutien, protection et défense. D’où, ils lui demandent toujours s’ils tombent malades des plats ou des tisanes qui les aident à guérir avec ou non l’accompagnement des médicaments. Et, c’est vrai, les mères égyptiennes ont souvent beaucoup d’informations médicales et connaissent la valeur des plantes médicinales au point qu’elles peuvent aider à guérir plein de maladies, et de maux. Avec leur touche magique, elles savent ajouter quelques recommandations à une ordonnance de médecins et hop… telle une baguette magique, tout est transformé : le malaise devient une bonne santé. On a beau leur dire : « Je suis allé chez le médecin, on ne guérira qu’en appliquant leurs remèdes ». Bien bizarre, mais c’est vrai.
Dotées de ces pouvoirs surnaturels, les mères égyptiennes ne reconnaissent jamais qu’elles étaient des élèves ordinaires à l’école ou durant leur scolarité. Elles insistent toutes auprès de leurs enfants qu’elles étaient les premières de la classe, les meilleures à l’école, les génies tout au long de leurs parcours scolaire. Elles se vantent non pas par orgueil, mais pour inciter leurs enfants à faire mieux. Bref, c’est une arme secrète pour pousser leurs enfants à devenir les meilleurs de la classe. Et, pour cela, elles les accompagnent aux cours particuliers, travaillent avec eux chaque jour après l’école. Et, dans tous les ménages égyptiens, la période d’avant les examens, les mères transforment les salons en camp d’entraînement et elles se mettent dans la peau du professeur pour garantir le succès de leurs enfants. Alors, si l’enfant est fainéant ou récalcitrant, il ne doit pas s’inquiéter parce que sa maman se tuera pour la tâche et le poussera à réussir en inventant de nouvelles techniques d’enseignements, pas toujours pédagogiques, mais du moins efficace. Evidemment, c’est une lourde charge qui envenime la vie des mères, mais pas moyens de les convaincre de faire autrement. Depuis des années, elles ont endossé les rôles de « médecins » et de « professeurs ». Nul ne peut les dissuader, c’est l’avenir de leurs enfants qui est en question.
L’oiseau m’a tout dit
Il ne faut jamais mentir à une mère égyptienne : car elle sait tout. En fait, pour être sincère, il ne faut jamais mentir à une femme égyptienne ou à une femme tout court. Quand elle vous pose des questions, Eve a déjà les réponses. Soyez intelligents, passez immédiatement au repentir. Mentir, ou trouver des excuses ne va faire que de l’irriter. Et, les « mammas » égyptiennes ne font pas exception à la règle. Elles savent tout : elles connaissent bien leurs enfants. Et, puis, il y a plusieurs stratégies et techniques pour toujours être informées. La plus efficace : le sixième sens. Etre maman égyptienne, c’est avoir un sixième sens infaillible. Et, puis, il y a les investigations, les constatations, les observations silencieuses, et avant tout l’arme la plus redoutable : une douce et délicieuse conversation où vous êtes amenés à tout reconnaître et raconter sans vous rendre compte. Il y a également l’arme de l’interrogatoire pour tous les petits : lorsque la maman égyptienne dit à ses petits : « Tu n’as pas bien fait à l’examen, dis-moi, la vérité, car j’ai déjà la réponse car l’oiseau m’a tout dit ». Et, l’enfant qui n’a pas vu d’oiseau, pense bien qu’il existe un oiseau secret qui l’espionne au jour le jour et finit par donner un rapport détaillé à sa mère. Alors, le flot des aveux arrive, suivi d’un cours de vie maternel.
Tu l’as mérité !
La maman égyptienne est inéluctablement une vraie maman poule. Tendre et attentionnée, elle ne pense qu’aux besoins de ses petits, elle se prend souvent pour lampe d’Aladin dont le rôle est de réaliser leurs rêves. Toutefois, il faut bien éviter de la contredire, ou de ne pas prendre ses conseils au sérieux, car comme on l’a déjà dit, elle a des pouvoirs surnaturels : tout manque de respect à ses conseils transformera votre vie en drame et vous ferez face à un véritable calvaire. Le pire c’est que cette mère très tendre et très douce, vous regardera dans les yeux avec un visage victorieux et des yeux étincelants et vous diras « Ahssan, téstahel ». Cela veut dire « tant mieux, tu l’as mérité ». Ne contredisez pas votre mère s’il elle a du sang égyptien dans les veines.
Evidemment, cela comprend aussi ses dons culinaires : car les mères égyptiennes ont deux préoccupations majeures : prouver qu’elles sont des cordons bleus. Ce qui est vrai, mais aussi, elles insistent qu’elles cuisinent mieux que tous les chefs de la planète qu’un chef étoilé n’est qu’un fan à ses côtés. Alors, une mère égyptienne est généralement obsédée par cette idée : ma pizza est la meilleure ou encore je fais les meilleurs burgers de la planète! Je vous rappelle la règle d’or : ne la contredisez jamais.
En réalité, une mère égyptienne est capable de déplacer des montagnes et de faire des sacrifices sans précédent pour réaliser le bien-être de ses enfants, même si elle n’est pas prête à se déplacer pour chercher la télécommande de la télévision pour changer de chaînes et chargera toujours le plus petit de ses enfants de le faire.