Dans les foyers, on dirait que c’est un champ de bataille. Des mamans blindées qui répètent sans fin et sans répits les m ê mes remarques . Des heures entières s’écoulent alors que parents et enfants révisent, étudient et passent en revue tous les devoirs. Une ambiance anxiogène qui vise surtout à réussir aux épreuves de fin d’année. Evidemment, le stress augmente ou perdure en fonction du nombre d’enfants et de leur cycle scolaire. Plus un enfant est âgé plus la période d’examens sera longue et compliquée. Alors, comment gérer cette période avec peu d’anxiété et dans une ambiance calme ?

Par : Dr Nesrine Choucri

Une mère est une montagne d’amour, d’attention et d’abnégation de soi. Elle représente aussi un refuge pour ses enfants. Et, il faut reconnaître que la femme égyptienne a tendance à donner beaucoup de son temps, de son énergie et de son amour à ses enfants. Pour elle, sa véritable mission sur Terre est de les accompagner dans leur parcours éducatif et face aux rudes épreuves. Qui dit parcours éducatif, dit avant tout examen. Car nombre de mamans considèrent que l’avenir de leur progéniture se joue dans les salles de tests qu’il s’agisse de l’examen de CP, ou du baccalauréat. Leur intérêt est le même, c’est seulement le stress qui peut aller crescendo ou pas. Quand on dit un champ de bataille, c’est une vérité. En effet, durant la période des examens, il y a des règles d’or à appliquer en Egypte. D’abord, il est totalement interdit de recevoir des invités chez soi, d’être invité chez quelqu’un, de tenir des événements conviviaux, de faire des sorties, de regarder un film, de jouer longuement, d’aller au club (sauf pour les entraînements sportifs obligatoires et là encore il y a des mots à dire). En somme, toute forme de vie s’arrête. La vie reprendra plus tard, pour le moment, il y a des examens. Tel est le slogan partout. Evidemment qui dit bataille, dit victimes. Et, les pères sont parmi celles-ci. Car, leur douce conjointe souvent soumise ou docile par nature devient un tout être : une personne facilement irritable qui ne pense qu’à l’emploi du temps des examens aux traits crispés et à la colère montante avec le moindre geste. Peu importe ce qu’ils font ou disent, ils seront toujours montrés du doigt comme étant désintéressé de l’avenir de leurs enfants.

Bref, en cette période, qu’une mère boude, stresse et soit irritable est tout à fait ordinaire. Malgré le stress, la fatigue, les révisions, le va-et-vient des leçons particulières, et les horaires de travail, les mamans font une cuisine équilibrée pour garantir que leurs enfants ne soient pas malades et qu’ils restent zen. Donc, salades, légumes, et protéines seront au menu. Pas de glace, pas trop de friandises ni de desserts. Les fruits sont conviés à table, surtout ceux riches en vitamines C. Il y a également des interdictions : pas de nourriture de l’extérieur, pour éviter les microbes, voire les maladies intestinales. Un vrai camp de bataille. Et, les soldats doivent prendre leur ravitaillement : une nourriture saine pour continuer les longues heures de révision. Evidemment, les mamans sont celles qui connaissent par cœur les emplois du temps.

En plus, ils gardent précieusement une copie sur leur portable et une autre sur le réfrigérateur. Côté études, il y a des fiches de révision faites par les mamans, les professeurs d’écoles et ou particuliers. Des horaires sans fautes pour tout réviser et surtout des cours de répétition comme un chorégraphe qui répète ses danses avant une soirée à l’Opéra du Caire. Ce qui choque est à la fois la patience et la colère des mères. Une patience qu’elles affichent en début de soirée de révisions, mais vite quand les enfants s’entêtent à ne pas travailler ou à ne pas comprendre. Un déluge de colère maternelle les emporte, et bien sûr, les pères les plus expérimentés savent bien comment se cacher en cette période très marquante. Si dans votre jeunesse, vous séchiez les cours ou vous étiez cancre, ne vous inquiétez pas.

Dès que vous devenez maman, c’est une occasion de réviser involontairement tout ce que vous avez oublié d’apprendre jadis. Langues, maths, sciences, histoire, géographie sont des matières que les mères égyptiennes apprennent par cœur mieux d’ailleurs que leurs enfants. Et, si elles passaient l’examen, elles auraient sans aucun doute de bonnes notes. Ah, la bonne note, c’est un objectif qui ressemble à celui qu’on n’attend que rarement au travail et que tout le monde cherche à réaliser. Car, pour les mamans égyptiennes une question s’impose : pourquoi, as-tu perdu un point ? Evidemment, ce n’est pas une question qui est posée après le résultat de manière banale. Tout au contraire, c’est une forme d’interrogatoire mêlé aux reproches les plus acerbes et elle est lancée avec un regard sulfurique.

Le pauvre enfant se sent alors sur le banc des accusés et cherche à inventer mille et une excuses. Pour échapper à cet interrogatoire, il devra afficher son profond regret et promettre de ne plus jamais répéter cette erreur. Notons qu’il y a également les mères des enfants qui ont des problèmes scolaires, celles-ci s’enflamment aux premières années de scolarisation de leurs enfants, puis avec le temps et la fatigue, elles deviennent plus sages et surtout plus réalistes. Donc, comme les grandes institutions, elles modifient l’objectif et ne cherchent qu’un seul : réussir à 50%. Après l’examen, il y a deux stratégies : celles qui révisent les réponses et qui essayent de donner une appréciation à leurs enfants avant que le résultat ne soit affiché. D’autres refusent totalement de le faire pour ne pas se mettre en colère et s’enflammer. Une vraie sagesse. Et, les enfants ? Certains affichent un désintérêt ou une froideur, d’autres au contraire sont trop stressés de peur d’échouer ou d’avoir de mauvaises notes. Bizarrement, dans la majorité des cas, les enfants et les parents adoptent des réactions inverses.

Les enfants au sang-froid ont des parents stressés et vice-versa. Parfois, les deux parties ressemblent à une bombe sur le point d’exploser. Il faut savoir que le stress naît souvent de la peur de l’inconnu, du sentiment dont on ne maîtrise pas son devenir. Or si vous ne pouvez pas prédire votre résultat final, vous restez en revanche maître de tout le temps de préparation. Il est donc important d’établir un planning de vos mois de révisions, afin de consacrer le temps nécessaire à chaque épreuve. Petit conseil : vous pouvez aussi réaliser un programme détaillé pour chaque semaine – notamment pour varier les matières, intégrer les temps de pause – mais tout en gardant une certaine souplesse afin de passer plus de temps, si besoin, sur celles où vous avez le plus de mal. Cela vous évitera ainsi de faire des impasses ou de toujours remettre au lendemain. Surtout que cela vous donnera le sentiment que vous avez mis toutes les chances de votre côté pour réussir. Et, si vous êtes une maman pensant surtout à votre santé physique et psychique, les examens passeront en tout cas et la vie se poursuivra, alors restez zen !