La fête du Grand-Baïram est une occasion de rappeler que jadis la “Kiswa” de la Kaaba était confection[1]née au Caire. Maintenant la “Kiswa” qui recouvre la Kaaba à La Mecque est confectionnée en Arabie Saoudite, mais ce ne fut pas toujours le cas car jadis elle était faite au Caire. Au cours de la période qui précédait le grand pèlerinage de La Mecque la ville du Caire connaissait de grandes activités avec le tissage de la “Kiswa, la prépa[1]ration du “Mahmal” et les différentes processions qui précédaient le départ de la caravane pour La Mecque.
A l’époque mamelouke, les sultans du Caire avaient à coeur d’entretenir de bonnes relations avec les villes saintes d’Arabie où, chaque année, ils envoyaient des subsides en argent ou en nature et où ils faisaient parvenir la “Kiswa” pour recouvrir la Kaaba de La Mecque. Cette “Kiswa” était une immense tenture de près de 15 mètres de hauteur et de 10 mètres de large, pour chacun des quatre côtés de la Kaaba, qui était tissée et brodée au Caire par des ouvriers spécialistes qui s’établissaient à cette occasion dans un atelier aménagé à la Citadelle du Caire pendant le mois de chaoual. Un immense podium recouvert de toiles de tentes était alors installé dans une des cours de la forteresse et les ouvri[1]ers considéraient ce travail comme un geste religieux et sacré.
Ils maniaient l’aiguille, avec les fils d’or et d’argent, suivant le dessin du calligraphe qui avait tracé sur l’étoffe noire les paroles révélées. Ce travail prenait beaucoup de temps. La “Kiswa”, une fois achevée, était exposée dans une mosquée, généralement celle d’El-Azhar, où les fidèles venaient la vénérer. Placés sur des perches de bois, et savamment pliés, les quatre pans de la “Kiswa” étaient processionnés dans les rues du Caire avant son départ pour La Mecque.