Clin d’œil
Par : Samir Abdel Ghany

L’artiste plasticien Fares Ahmed Fares inaugure son nouveau vernissage intitulé « Il était une fois » à la galerie Mashrabia, invitant son public à un voyage visuel et spirituel qui revisite la mémoire et l’identité à travers un langage plastique contemporain. Avec ce titre emprunté au registre du mythe, l’exposition propose une expérience artistique qui dépasse les frontières du simple récit pour devenir une sorte de théâtre visuel où se côtoient contes populaires, symboles religieux et spirituels, dans un mélange singulier alliant tradition et modernité.
Depuis ses débuts, Fares Ahmed Fares s’attache à développer un langage visuel propre, équilibrant l’inspiration tirée du patrimoine égyptien et arabe et l’usage des techniques modernes de peinture, de sculpture et d’assemblage. Dans cette exposition, il réaffirme cette vision : toiles et installations se transforment en passerelles temporelles qui reconnectent le spectateur à sa mémoire collective, tout en l’invitant à réfléchir au sens de l’identité et de l’appartenance.
Chez Fares, la couleur n’est pas un simple élément décoratif : le bleu profond évoque la spiritualité, l’or renvoie au sacré, tandis que le rouge reflète l’énergie de la vie et la passion. Quant aux matériaux utilisés — bois anciens, pièces métalliques recyclées — ils portent en eux l’empreinte du temps, conférant à l’œuvre une profondeur humaine qui dépasse le cadre de la toile.


L’exposition repose sur l’idée que le conte populaire n’est pas seulement un passé raconté, mais un présent réinventé sous une forme plastique. Dans ses œuvres, les symboles inspirés de l’architecture islamique, des lettres arabes et des moucharabiehs traditionnels deviennent des codes visuels riches, invitant le spectateur à en déchiffrer les énigmes et à méditer sur leurs multiples messages.
L’artiste fait aussi revivre des personnages issus de l’environnement populaire égyptien — musiciens, marchands, figures du quotidien cairote — soulignant ainsi que l’art n’est pas détaché de la vie, mais bien son reflet, à la fois dans sa profondeur et sa simplicité.

Le style de Fares Ahmed Fares se distingue par sa capacité à conjuguer réalisme expressif et abstraction. Les visages de ses personnages ne sont pas rendus avec un réalisme photographique, mais avec une intensité expressive qui révèle leur dimension psychologique et spirituelle. À l’inverse, les motifs décoratifs et géométriques adoptent une approche abstraite, mais leur juxtaposition au sein de la toile crée un rythme visuel en parfaite harmonie avec l’idée maîtresse de l’exposition : passé et présent ne s’opposent pas, ils se complètent dans la construction de l’identité.

L’expérience artistique de Fares Ahmed Fares dépasse le cadre local. Il a participé à de nombreuses expositions arabes et internationales, où ses œuvres ont retenu l’attention des critiques et du public. Sa présence à la galerie Mashrabia s’inscrit dans la continuité naturelle de son parcours, où il réinterroge, encore une fois, les grandes questions qui relient histoire et art, mémoire et imaginaire, l’homme et sa place dans un monde en perpétuelle mutation.
L’exposition « Il était une fois » n’est pas un simple événement artistique : c’est une invitation à redécouvrir notre propre être à travers l’art. Par son style unique, Fares Ahmed Fares démontre une nouvelle fois que l’art peut être un langage transcendant le temps et les cultures, et que la tradition n’est pas une entrave à la créativité mais un tremplin vers la modernité. Dans ses toiles comme dans ses installations, chaque ligne, chaque couleur et chaque symbole raconte une histoire, faisant de la visite de l’exposition une expérience méditative inoubliable.

