Yara Choucha livre un vibrant témoignage sur son père l’écrivain Farouk Choucha au Progrès Dimanche
Qui dit la langue arabe, dit inévitablement Farouk Choucha, le chevalier qui a défendu avec passion et persévérance la langue arabe. Il est vrai qu’aujourd’hui, Choucha n’est plus de notre monde, et que le mois d’octobre commémore l’anniversaire de son décès, mais il demeure présent parmi nous par ses efforts en guise de protection de l’Arabe, sa passion pour le micro et pour la littérature et par-dessus tout son amour pour la vie. Car sa douceur et sa sérénité reflétaient une grande harmonie qui émanait d’un bon vivant qui avait rapidement la vraie essence de sa vie. Autour du parcours de ce grand écrivain et hommes de lettres, le Progrès Egyptien a interviewé Yara Choucha, sa fille aînée qui s’est rappelée avec beaucoup de passion de l’homme qui a marqué à jamais son monde. C’est avec une voix à la fois sereine mais tremblotante qu’elle raconte avec engouement le parcours professionnel et personnel de l’homme qu’elle baptise « Albi» (mon cœur). Fameuse figure de l’édition française du Nile TV, elle a donné une image différente de son père.
« Né le 9 janvier 1936 et mort le 14 octobre 2016, Farouk Choucha est originaire du village d’Al-Chouaraa (Les poètes) à Damiette. Il fait ses études dans les écoles publiques de l’époque jusqu’à l’Université. Il fait ses premiers pas en étudiant la langue arabe à Dar Al-Eloum (une des prestigieuses facultés égyptiennes spécialisées dans la langue arabe) à l’Université du Caire en 1956. Immédiatement après, il fait un diplôme post-universitaire à la Faculté de Pédagogie à l’Université d’Aïn Chams en 1957. Il a ainsi commencé sa carrière de professeur à l’école exemplaire d’Al-Nokrachi pendant une période d’un an. A cette époque, Choucha change totalement sa carrière. Animé par l’amour de la langue arabe, il se présente à la radio égyptienne en tant que présentateur et rédacteur des programmes culturelles et littéraires en 1958 », évoque-t-elle autour des premiers pas de son père.
Evidemment, c’était le début qui sera suivi par une série de réussite et de succès hors pair que ce soit au sein de la radio ou dans le monde littérature. En 1980, il devient le directeur des programmes culturelles, puis chef de la Radio égyptienne de 1995 à 1997. Il a également rempli d’autres postes de direction lié à sa passion de la langue arabe, a assuré Yara Choucha. La liste est exhaustive, mais on peut retenir quelques postes dont le PDG de l’Association des auteurs et compositeurs, président de l’Union des Ecrivains d’Egypte, secrétaire de l’Académie de la langue arabe. Il a également appelé à créer l’Académie-mères regroupant les académies de langue arabe en Egypte. Naturellement, il est devenu son Secrétaire général, a-t-elle ajouté. Il a été également membre du conseil de secrétaires du Prix Mohamed Ben Rached pour la langue arabe. Autant de postes qui révèlent son génie et son succès.
Or, Choucha demeure inoubliable pour la majorité des Egyptiens pour son programme le plus célèbre à la radio « Notre belle langue » (Loghatona El-gamila) qui a commencé en 1967 et continue à être diffuser jusqu’à nos jours, même après le départ du chevalier de la langue arabe. Plus de 17.000 émissions signées Choucha ont contribué à améliorer le goût des auditeurs arabes et ceux intéressés par la langue arabe. « Farouk Choucha n’était pas seulement intéressé à partager avec ses auditeurs les secrets de la langue arabe, mais en plus, il avait un autre objectif : présenter les joyaux de la littérature arabe et antique. D’ailleurs, le nom de son programme « Notre belle langue » est devenue l’appellation donnée à la langue arabe à l’Arabe. L’idée du programme est née suite à la défaite de 1967. Un programme littéraire doux qui rappelle aux Egyptiens leurs origines et leur culture », a-t-elle renchéri.
Il n’a pas milité pour la littérature arabe seulement devant les micros, mais il est allé encore plus loin devant les écrans de télévision. Toujours à la télévision sa grande maison, Choucha a présenté un autre programme sur le petit écran qui constitue une sorte d’archives de la littérature arabe et de l’idéologie. Et, sa grande passion était la poésie à qui il a attribué une série de programmes à la radio égyptienne et quelques entretiens au Koweït.
Outre son amour pour le micro, Choucha a également rédigé 24 recueils de poésie. Il avait signé le contrat d’un recueil parmi ceux-ci juste un jour avant son décès et il a été publié à titre posthume en 2017. Parmi les recueils les plus célèbre, « Une perle dans le cœur », « Attendre qui ne viendra jamais », « La Belle descend dans la rivière », « Le temps explose », etc… Interrogée sur le thème de plus marquant dans son œuvre, Yara a dit : « Farouk Choucha aimait beaucoup évoquer le Nil dans ses écrits littéraires. Et, elle fait une révélation peu attendue : « Choucha a publié sept recueils adressés aux enfants dont « L’histoire du petit oiseau », « Chanson à l’Egypte », « Le brave prince », etc…
Passionné de l’arabe, l’écrivain a publié plusieurs essais qui permettraient aux arabophones de perfectionner leur niveau linguistique dont « Notre langue et les problèmes contemporains », « La splendeur de la langue arabe ». Outre de prendre part au dictionnaire des noms propres arabes qui avait été parrainé par le Sultan Qabous.
Son attachement à la langue arabe est né à partir de l’enfance, raconte sa fille. Et de renchérir : « A l’époque, il y avait le choléra et mon père devait rester enfermer chez lui. C’est ainsi qu’il a commencé à être animé par une soif de lecture et a savouré les trésors de la librairie de son père qui était professeur d’arabe. Mon grand-père lui avait interdit d’entrer à la librairie, mais il a bravé la règle. Finalement, mon grand-père lui a permis cela à condition de maintenir les livres en bon état. Et je dois reconnaître que cela s’est de même passé avec moi. Mon père m’avait interdit d’accéder à la librairie familiale, mais j’ai de même bravé la règle et commencé à savourer la poésie arabe notamment Ahmed Chawki ».
Evoquant l’homme de lettres, Yara Choucha a dit de lui « un ardent défenseur de la langue arabe qui n’épargnait aucun effort pour donner à la langue arabe sa valeur et de préserver son authenticité ».
Ce qu’elle a appris de lui est inédit, a-t-elle dit. « Mon père était une montagne de tendresse, d’amour et de modestie. C’était un homme très humble et très respectueux. Tout cela m’a influencé comme ma sœur. Il m’a appris la ponctualité et le fait d’être sérieuse. Tout ce que je fais, je dois le faire avec conscience et amour. Il m’a toujours dit l’argent ne compte pas car ce que nous le faisons et s’il n’y en a pas, cela ne veut rien dire. Et, pour lui, la famille était le centre de la vie », a-t-elle conclu.