Une naissance difficile : Emmanuel Macron a donné hier jeudi le coup d’envoi du Conseil national de la refondation (CNR), voulu comme un outil de “renouveau démocratique”, mais déjà contesté et même boycotté par les oppositions.
Un point presse du président a précédé la réunion qui s’est tenue à huis clos, à la demande de participants, selon l’Élysée. Le CNR débutait ainsi ses travaux à Marcoussis (Essonne) loin des yeux du public, et sans les oppositions, qui y voyaient avant tout un moyen pour le président de contourner le Parlement, où son camp n’a plus de majorité absolue, pour reprendre la main dans le débat public.
Le président du Sénat, Gérard Larcher, a refusé de venir, estimant que “la démocratie représentative” c’est le Parlement, et qu’il existe déjà un “forum de la société civile” avec le Conseil économique, social et environnemental (Cese). Même constat à gauche et à l’extrême droite : Alexis Corbière (LFI) dénonce un “bazar” pour “esquiver le parlement”, Marine Le Pen (RN) un “gadget”, quand Olivier Faure (PS) n’y voit “aucun intérêt”. L’ex-président François Hollande, jamais avare de piques envers son successeur, doute aussi de la nécessité d’un “nouveau +machin+”, en reprenant à son compte une formule du général de Gaulle à propos de l’ONU. Hier jeudi sur France Inter il a souhaité que le CNR discute en priorité d’une “évaluation” des décisions sur le climat et la guerre en Ukraine. Côté majorité, l’ex-Premier ministre Edouard Philippe, retenu par un congrès au Québec, était le grand absent mais s’est fait représenter.
La “bouderie va cesser assez vite” lorsque certains enjeux, potentiellement “référendaires”, allaient être sur la table et qu’il y allait avoir des “déclinaisons territoriales des CNR”, veut toutefois croire un responsable gouvernemental. Seuls trois syndicats étaient présents : la CFDT, la CFTC et l’Unsa.