Avec l’inflation galopante, la question du pouvoir d’achat est au cœur de l’actualité économique et politique. Estelle pour autant bien analysée et traitée ? Selon Christian SaintEtienne le sujet du pouvoir d’achat doit être replacé dans le contexte global de la compétitivité de l’économie française. Dans cette phase d’élections législatives, on comprend que les différents candidats promettent une augmentation du pouvoir d’achat. Certains promettent même de porter le smic à 1.500 euros nets et la retraite à 60 ans. Que nous dit la lucidité, dont il est désormais établi qu’elle est démoniaque ? 1/ la France est le seul grand pays de la zone euro à avoir un énorme déficit extérieur. L’Italie est en excédent ! 2/ Lorsque l’on a un énorme déficit extérieur, c’est que l’on produit moins que ce que l’on consomme. L’inflation réduit bien temporairement le pouvoir d’achat, notamment celui des ménages «pauvres» qui utilisent leur voiture pour aller travailler, ce qui appelle une réponse spécifique par des allocations temporaires aux cinq millions de ménages ayant les revenus les plus bas. Mais la France, globalement, n’a pas un problème de pouvoir d’achat, qui a été mieux préservé durant le Covid que dans les autres pays européens au prix d’un déficit public qui devient dangereux alors que l’Allemagne, qui a ravi le leadership politique et économique en Europe sous l’effet de la forte désindustrialisation française, dit déjà à pleine voix qu’elle va siffler la fin de la partie. Les taux d’intérêt vont remonter et la situation de nos finances publiques va rapidement s’aggraver. La France a plutôt un gigantesque problème d’offre. Nos entreprises, harassées de charges, ne produisent plus ce que les Français veulent consommer. Même en agriculture hors boissons, nous sommes en difficulté! Deux illusions tragiques gouvernent la France depuis cinquante ans : 1/ Que la dépense publique, qui plus est à crédit, crée de la richesse. 2/ Que les entreprises sont prospères alors que le taux de marge est nettement inférieur en France à ce qu’il est aussi bien en Europe du Nord que du Sud et dans les pays anglo-saxons. De plus, la France est le seul pays développé dans lequel la part des salaires dans la valeur ajoutée des entreprises n’a pas baissé durant les trente années de globalisation, qui s’achève peut-être en régionalisation partielle du commerce mondial. Nous avons toujours les coûts de production dans l’industrie parmi les plus élevés du monde et peut-être même au sommet mondial, comme la part des dépenses de protection sociale dans le PIB qui est au top mondial. Au cours de ces trente années, nous avons perdu la moitié de nos parts de marché dans le commerce mondial.