Vu l’escalade militaire israélienne contre la bande de Gaza, le Progrès Egyptien a jugé primordial de sonder l’avis de nombre d’experts en sciences politiques pour apporter des éclaircissements aux circonstances dans lesquelles les Gazaouis se sont retrouvés du jour au lendemain. Nos spécialistes jettent également la lumière sur les enjeux et les dangers auxquels l’Egypte et les pays avoisinants sont confrontés. Les médias internationaux diffusent une seule face de la vérité, d’où s’avère essentiel notre rôle en tant que tribune égyptienne et arabe d’avancer notre vision des choses…
Israël déforme la vérité pour gagner le soutien international
« Cinq jours après le début de l’escalade israélienne contre Gaza, la situation militaire et sécuritaire est très mauvaise et peut se détériorer de plus en plus dans les prochains jours », par ces mots a commencé son commentaire Dr Akram Hossam, sur la situation actuelle. Et de poursuivre que l’escalade israélienne est globale : les bombardements israéliens maritimes et terrestres ciblent l’infrastructure palestinienne, les bâtiments de service gouvernementaux, les écoles, les logements, les routes ; des quartiers complets ont été démolis.
Par suite, la situation humanitaire dans les territoires palestiniens est catastrophique. Le blocus imposé par les Israéliens prive tout un peuple de nourriture, d’eau voire de services de base. N’oublions pas la perte de vies des citoyens civils qui augmente d’une minute à l’autre. Dr Hossam a mis la lumière aussi sur les pertes qu’assume le côté israélien: les dépenses militaires très élevées constituent un fardeau sur le gouvernement israélien en plus des morts des soldats et des otages militaires pris par le Hamas. En outre, ce qui détériore la situation est que le Premier ministre Netanyahu a réussi à rassembler son gouvernement avec l’opposition en formant une entité de guerre contre les Palestiniens; il a pris donc un feu vert sur le plan local pour déclarer la guerre. « Malheureusement, la position de la communauté internationale est en faveur d’Israël qui a réussi à diffuser, à travers les médias et la diplomatie, une image déformée de la réalité de ce qui s’est passé le 7 octobre dernier. Par suite, pour la première fois dans l’histoire de ses affrontements contre les Palestiniens, Israël a réussi à gagner une sympathie et un soutien internationaux sans précédent. Les positions américaines et européennes ont soutenu le côté israélien, chose qui entrave toute démarche diplomatique en vue de mettre fin à cette guerre », a ajouté Dr Hossam.
Et de poursuivre que l’Egypte essaye alors de mobiliser l’opinion publique mondiale pour sauver les Palestiniens civils encerclés sous le siège israélien à travers l’ouverture de passages sécurisés et l’envoi d’aides humanitaires.
« La présence du porte-avions américain dans la Méditerranée est une déclaration claire et directe du soutien américain à Israël et une menace contre le Hamas et ses alliés notamment le Hezbollah et l’Iran. L’affaire ne s’arrête pas là, il est prévu dans les prochains jours que des responsables américains visiteront Israël pour plus de soutien et plus de coordination militaire. C’est une affaire électorale pour Joe Biden qui cherche à réaliser une victoire politique et militaire pour les USA en incitant les électeurs à lui donner leurs voix », a-t-il poursuivi. N’oublions pas, selon lui, le rôle primordial de l’Egypte. Le Caire est devenu le centre des démarches politiques et diplomatiques internationales et arabes pour trouver une issue à cette escalade. « L’Egypte continue ses efforts pour arrêter la guerre et diminuer ses impacts. Ainsi l’Egypte possède-t-elle des canaux de contacts directs avec les côtés palestiniens et israéliens que ce soit déclaré ou non et ce pour convaincre les deux parties de la solution pacifique. L’Egypte œuvre inlassablement à envoyer des aides humanitaires aux Palestiniens malgré les menaces israéliennes, vu que le soutien égyptien à la Palestine est permanent et continu », a conclu Dr Akram Hossam, président du Centre de la Paix pour les études stratégiques.
![](https://www.progres.net.eg/wp-content/uploads/2023/10/Gaza-4.jpg)
![](https://www.progres.net.eg/wp-content/uploads/2023/10/Gaza-3-1024x513.jpg)
La situation devient de plus en plus incontrôlable
« La situation devient de plus en plus incontrôlable. Israël profite des attaques des éléments de résistance des factions palestiniennes pour mettre en œuvre ses plans de déplacement des habitants de Gaza vers d’autres zones », a indiqué M. Salah Maghawri, directeur adjoint de la rédaction à l’Agence de presse du Moyen-Orient.
Interrogé sur l’escalade à Gaza, Maghawri a expliqué que les attaques israéliennes visent aussi à modifier la situation géographique dans les territoires palestiniens afin de vider complètement Gaza et mettre en œuvre les plans du gouvernement de l’extrême droite en Israël.
Selon lui, les Palestiniens résidant à Gaza sont de 2,2 millions d’habitants, dont la majorité sont des civils, parmi lesquels presque dix mille sont considérés parmi les éléments de résistance des factions palestiniennes. Maghawri estime que deux mille seulement ont mené ces attaques samedi dernier. « Ce chiffre ne justifie jamais l’opération militaire d’Israël visant maintenant toute la population de la bande de Gaza, dont la vie est entièrement sabotée. Il est important de mentionner que la ville souffre d’un manque d’électricité, il est impossible de trouver du carburant et cela à cause du blocus israélien imposé à la bande de Gaza. », a-t-il poursuivi.
Les Gazaouis souffrent également du manque d’eau et de nourriture, car ils dépendent de fournitures provenant de l’extérieur de la bande. Le gouvernement israélien assume la responsabilité juridique et humanitaire de ces attaques, a-t-il encore précisé.
Malheureusement, la plupart des pays occidentaux ont exprimé leur pleine solidarité avec Israël. Ce dernier a commis une infraction aux principes du droit international et du droit humanitaire, et les actes israéliens doivent être qualifiés de criminels, en raison de l’embargo imposé aux civils et du refus de l’accès à la nourriture et aux médicaments.
D’ailleurs, M. Salah a renchéri que l’escalade a atteint un rythme sans précédent. « Le nombre de martyrs cités dans cette opération dépasse mille martyrs tandis que le nombre de blessés dépasse les 5000. Évidemment, tout le secteur est touché. », a-t-il signalé.
La communauté internationale et les Nations Unies sont appelées à convoquer d’urgence une réunion pour soutenir le peuple palestinien en demandant à Israël de respecter le droit international, et en obligeant les forces d’occupation à respecter les civils et à leur fournir les besoins nécessaires.
En ce qui concerne la société arabe, une réunion d’urgence des ministres des Affaires étrangères arabes aurait lieu. « Je crois que le Conseil de la Ligue arabe, au niveau des ministres des Affaires étrangères, serait tenu d’appeler la communauté internationale à prendre des décisions contraignantes à l’égard d’Israël pour l’obliger à respecter le droit à la vie du peuple palestinien. », a-t-il conclu.
![](https://www.progres.net.eg/wp-content/uploads/2023/10/Gaza-6-1024x696.jpg)
![](https://www.progres.net.eg/wp-content/uploads/2023/10/Gaza-5.jpg)
Toutes les parties sont perdantes
Le Professeur des relations internationales, Hamed Fares, a fait état de l’escalade survenue entre Palestiniens et Israéliens. Interrogé sur comment il juge la dernière escalade de point de vue « causes » et « conséquences », le Professeur Hamed Fares indique: « Aucune cause ne justifie une telle escalade avec une telle violence. Il s’agit des opérations les plus violentes dans l’histoire des affrontements entre Palestiniens et Israéliens. Ce qui alimentera de plus en plus le conflit non seulement entre les deux parties israélienne et palestinienne mais aussi dans la région ».Le conflit pourrait s’étendre en dehors des territoires palestiniens via l’intervention de certaines puissances régionales dont les intérêts riment avec le fait d’attiser le conflit au Proche-Orient, met-il en garde. « Toutes les parties sont perdantes dans cette escalade », a-t-il mitraillé. Si Israël opte pour une opération militaire terrestre, cela engendrera de grandes pertes dans les forces israéliennes et coûtera la vie à un grand nombre de Palestiniens, a-t-il précisé. Le blocus imposé à Gaza engendrera une grande frustration dans le monde islamique et pourrait provoquer des réactions au niveaux d’autres fronts au Liban ou en Syrie et même en ce qui concerne les forces Houthies au Yémen, met-il en garde. Ainsi la situation sera-t-elle transformée en un conflit régional et la guerre aura une portée régionale. Ces mises en garde riment avec les déclarations faites, mardi, par le président Abdel Fattah Al-Sissi, selon lesquelles l’escalade actuelle pourrait changer la région. Selon Hamed Fares, l’Etat égyptien a toujours une vision clairvoyante et prévoyante. L’Egypte a déjà mis en garde contre les pratiques israéliennes qui ont engendré la frustration aux territoires palestiniens et notamment à Gaza.
Le non-respect par Israël de la solution des deux Etats, les incursions à Al Aqsa, et la non conviction du principe de la paix sont la cause de l’escalade. Hamed Fares a, par ailleurs, souligné l’essor dans les opérations palestiniennes qui sont dorénavant capables d’infliger des pertes à la partie israélienne. Quant à la possibilité de parvenir sou peu à un cessez-le-feu, le professeur Hamed Fares a précisé qu’il n’est point possible de prévoir une telle étape. C’est l’escalade qui l’emporte, a-t-il ajouté. D’autre part, Fares qualifie l’escalade actuelle de menace à la sécurité nationale égyptienne. L’Egypte est actuellement entourée par « un cercle enflammé » compte tenu de la situation en Libye et aux territoires palestiniens. Pourtant, des sources de haut niveau ont fait allusion à une réaction tranchante en cas de menace aux frontières égyptiennes. Les frontières égyptiennes sont une ligne rouge. Le stratagème israélien est clair: transformer le conflit israélo-arabe en un conflit interarabe, a-t-il précisé.
![](https://www.progres.net.eg/wp-content/uploads/2023/10/Gaza-8.jpg)
![](https://www.progres.net.eg/wp-content/uploads/2023/10/Gaza-7-1024x576.jpg)
La sécurité nationale de l’Egypte est une ligne rouge
Dr Hassan Salama, Professeur en sciences politiques, estime que si Israël entend exploiter l’escalade actuelle afin de pousser les Palestiniens à quitter leurs territoires et se déplacer vers les territoires égyptiens, l’Egypte ne restera pas les bras croisés. Tous les moyens seront investis en vue d’avorter ce plan israélien qui, rappelons-le, était adopté par les gouvernements israéliens successifs. Les dirigeants israéliens œuvrent effectivement à vider la cause palestinienne de son sens et importer le conflit ailleurs. Et Dr Salama de marteler que la sécurité nationale de l’Egypte est une ligne rouge, affirmant que cela a été scandé haut et fort par l’administration politique égyptienne. Si jamais notre sécurité est en danger, ce ne sont pas seulement les Forces armées qui prendront action, le peuple et la direction politique réagiront autant, a-t-il souligné.
Quant à l’envoi par les Etats-Unis du porte-avions Gerald Ford dans la Méditerranée, Dr Hassan Salama explique que cette mesure, selon son point de vue, a deux objectifs. Le premier est de maintenir l’ordre dans la région et rétablir le calme entre les deux parties belligérantes. Le second objectif, bien évidemment dissimulé, est de cibler d’autres poudrières de la région pour ainsi restructurer le Moyen-Orient comme bon leur semble.
Les Palestiniens continuent leur lutte légitime
En ce qui concerne sa vision à propos de la dernière escalade palestino-israélienne, Mme Héba Choucri, chercheuse au Centre Egyptien de la pensée et des études stratégiques, constate que l’Egypte joue toujours un rôle de médiation dans toute escalade entre les deux parties. Ainsi, l’Egypte a-t-elle mené des contacts directs avec les leaders des deux côtés en quête d’un arrêt rapide de cette escalade. Aboutir à un cessez-le-feu et à une solution pacifique sont actuellement les priorités de l’Egypte en vue de protéger la vie des civils palestiniens.
En ce qui concerne son opinion à propos du rôle des parties internationales en vue de protéger la vie des Palestiniens dans le cadre de la violation israélienne des lois internationales stipulant la protection des civils, Mme Héba affirme que l’Egypte joue aussi un rôle primordial à cet égard : l’Egypte a également mené des contacts directs avec les parties régionales et internationales concernées en vue de parvenir à une solution diplomatique immédiate et d’exercer une pression internationale sur Israël pour freiner sa guerre atroce.
L’Egypte a convoqué un sommet arabe immédiat et une séance urgente des Nations Unies, mais cela prendra du temps et notre priorité est de sauver la vie des civils palestiniens. « Si la situation se détériore de plus en plus cela mènera sans doute à une guerre régionale et peut-être internationale. Alors les pays occidentaux doivent être conscients de cette affaire car eux-aussi vont être affectés par cette guerre qui sera sans doute à l’encontre de leur intérêt », a-t-elle ajouté.
En ce qui concerne l’arrivée du porte-avions américain Gerald Ford en Méditerranée, Mme Héba voit que cela est sans doute une menace directe contre le Hezbollah et contre l’Iran en annonçant la présence US dans la Méditerranée ajoutant que cela est un soutien à Israël dans sa guerre, ce qui peut affecter sans doute les démarches diplomatiques et pacifiques.
Et Mme Héba Choucri de conclure que l’Egypte a réussi à faire l’équilibre dans la crise palestinienne actuelle en protégeant la vie des Palestiniens, en leur offrant les aides nécessaires à travers le passage de Rafah. Les Palestiniens eux-mêmes refusent de quitter leur territoire et veulent continuer leur lutte légitime.
![](https://www.progres.net.eg/wp-content/uploads/2023/10/Gaza-2-1.jpg)
La cause palestinienne en tête des priorités de l’Egypte
Dans une interview téléphonique, M. Ahmed El-Tahry, rédacteur en chef du magazine « Rose El-Youssef », a évoqué l’escalade israélo-palestinienne et le statuquo dans la Bande Gaza.
Le bilan civil des combats qui se sont déroulés sur les territoires occupés au cours du week-end a été dévastateur, même au regard des bilans effroyables de ce conflit qui dure depuis des décennies. A cette égard, El-Tahry a déclaré : « L’attentat israélien sur la bande de Gaza est le plus brutal et le plus offensif en le comparant à ceux exécutés en 2005, 2008-2009, 2012, 2014, 2018 et 2021. Les Israéliens prétendent cibler des buts exacts tandis que les témoins affirment que le bombardement est aveugle. Dans son 5ème jour, le nombre des martyrs palestiniens s’élève à 950 morts, 5000 blessés et au moins 250.000 des 2,2 millions d’habitants de Gaza ont été déplacés après avoir fui par crainte pour leur vie ou parce que leurs maisons ont été détruites par des frappes aériennes. La plupart d’entre eux se réfugient dans les écoles de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens, dont au moins deux ont déjà été endommagées par les frappes aériennes dans la région, les autres dans l’hôpital Dar El-Chifa. Ce qui ajoute une nouvelle couche de souffrance à la catastrophe actuelle à laquelle sont confrontées les familles à Gaza ».
Une crise humanitaire nous rappelle des années dures, El-Tahry a poursuivi ses déclarations : « Les forces d’occupation doivent assumer leur responsabilité de fournir des corridors humanitaires pour octroyer le soutien médical et humanitaire aux citoyens innocents. Nous sommes devant une affreuse crise humanitaire ».
Quant aux réactions internationales à l’égard de l’escalade, le rédacteur en chef de Rose El-Youssef affirme : « L’occupation a profité de l’état de joie que les médias de la résistance ont propagé le 7 octobre pour former une opinion publique pro-israélienne. L’ONU, les organismes internationaux, les Etats-Unis, personne ne réagit. La position des Etats Unis est toujours claire en faveur des Israéliens.
L’occupation israélienne oblige les palestiniens à quitter leurs territoires et se déplacer vers les hôpitaux et les organisations internationales. Ces derniers sont eux aussi bombardés. La violence monte en flèche ».
En ce qui concerne la position de l’Egypte à l’égard de la crise actuelle, El-Tahry confirme : « Il est bien évident que la cause palestinienne figure toujours en tête des priorités de la diplomatie égyptienne sous l’égide du président Abdel Fattah Al-Sissi. Elle est une cause centrale arabe. L’Egypte fait de son mieux pour parvenir à la réconciliation palestinienne. La Nouvelle Alamein a récemment abrité le dialogue palestinien en présence du président palestinien Abou Mazen. L’Egypte déploie le maximum d’effort pour créer une lueur d’espoir aux Palestiniens en favorisant le climat de la reconstruction. Des contacts intenses de la présidentielle égyptienne ont été effectués sur tous les plans pour contrer la crise et mettre fin à l’escalade.
Face à cette nouvelle escalade, les Etats influents sont appelés à désamorcer la crise dans les territoires palestiniens occupés, alors que des souffrances incalculables et un nombre considérable de morts sont à déplorer ».