20 ans de travaux et un milliard d’euros
Initiée par le président égyptien Hosni Moubarak il y a 20 ans, la création d’un Grand Musée égyptien visait à désengorger le Musée égyptien du Caire, situé place Tahrir et devenu vétuste. Le site de construction fut stratégiquement choisi à deux kilomètres des célèbres pyramides de Gizeh.
En 2003, au terme d’un grand concours lancé sous le patronage de l’UNESCO, le cabinet d’architecture Heneghan Peng remporte le projet, face à plus de 1 500 candidats. Les travaux débutent rapidement, mais sont plusieurs fois suspendus, notamment lors de la révolution de 2011 et de la pandémie de Covid-19.
Relancés par l’actuel président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, ils sont aujourd’hui presque finalisés et le bâtiment sera bientôt livré. Un monument que les pharaons n’auraient certainement pas renié : son coût total est estimé à plus d’un milliard d’euros, soit deux fois le budget initialement prévu !
Plus vaste musée d’égyptologie au monde
À une demi-heure de route du centre du Caire, le superbe complexe en albâtre se déploie en contrebas du site des pyramides. Le bâtiment fait corps avec le paysage désertique. Haute de trois étages, la façade est décorée de motifs pyramidaux qui rappellent l’Égypte antique.
À l’intérieur sont prévus 24 000 m² de galeries d’exposition, soit la superficie de six terrains de football ! Y seront réunies plus de 100 000 antiquités, dont la plupart n’ont jamais été montrées au public. Dès l’entrée du site, une statue du roi Ramsès II, de 12 m de haut, accueille les visiteurs ; elle a été déménagée du Caire, où elle ornait la place près de la gare. En levant les yeux, on admire le gigantesque escalier encadré de 60 statues, qui conduit à un immense hall vitré. De là s’ouvre une vue imprenable sur les trois pyramides de Gizeh, tombeaux des pharaons Khéops, Khéphren et Mykérinos.
Le trésor de Toutankhamon enfin réuni au GEM
Les visiteurs devraient accourir du monde entier pour découvrir pour la première fois la collection complète du trésor de Toutânkhamon, soit 5 000 objets mis au jour en novembre 1922 par Howard Carter dans la vallée des Rois à Louxor. Masques d’or, sarcophages, lits et char en or, bijoux de nacre incrustés de pierres précieuses : les trésors du jeune roi, intacts depuis 3 000 ans, seront exposés dans les vitrines de l’immense galerie.
Autre joyau du GEM, la fameuse barque solaire du pharaon Khéops, censée transporter les défunts dans l’au-delà. Longue de 42 m, pesant 20 tonnes et datant de 4 600 ans, c’est la plus ancienne embarcation en bois du monde. Elle a été découverte en 1954 à proximité des chambres funéraires de la pyramide de Khéops.
Relancer le tourisme en Égypte
La moitié des collections du Grand Musée égyptien sera exposée en permanence. L’autre moitié, conservée dans les réserves, sera restaurée et étudiée sur place, au sein d’un vaste pôle scientifique qui compte 17 immenses laboratoires de restauration dernier cri.
Au-delà du pôle muséal, le GEM se veut aussi complexe culturel et touristique. Le bâtiment abritera des magasins, des restaurants, un centre de conférences et un cinéma. Objectif : donner un nouveau souffle au tourisme égyptien, un pan essentiel de l’économie du pays qui a souffert de la crise politique de 2011. Le nouveau musée devrait attirer six millions de visiteurs par an, qui pourront accéder aux pyramides de Gizeh et au musée grâce à un billet unique.
