L’inquiétude grandissait hier vendredi sur le sort des civils piégés par les combats entre l’armée israélienne et le Hamas à Gaza, avant une décision attendue de la plus haute juridiction de l’ONU sur des mesures urgentes réclamées par l’Afrique du Sud qui accuse Israël de génocide.
La Cour internationale de justice (CIJ) pourrait ordonner à Israël d’arrêter son offensive dans le territoire palestinien déclenchée le 7 octobre par l’attaque sanglante du mouvement islamiste sur son sol, mais ne dispose d’aucun moyen pour faire appliquer ses décisions.
Dans le sud de la bande de Gaza, des milliers de civils ont fui ces derniers jours la grande ville de Khan Younès, pilonnée sans relâche par Israël et devenue l’épicentre de la guerre. A Rafah, quelques kilomètres plus au sud, des dizaines de milliers de déplacés s’entassent dans des conditions désespérées, massés dans un périmètre très réduit contre la frontière fermée avec l’Egypte, selon un journaliste de l’AFP sur place. Beaucoup craignent à présent que les soldats israéliens ne poursuivent leur offensive jusque dans cette ville.
“Une marée humaine est forcée de fuir Khan Younès pour se retrouver à la frontière avec l’Égypte”, a affirmé dans la nuit le commissaire général de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, évoquant “une recherche sans fin de sécurité” pour la population de Gaza, piégée par la guerre dans le petit territoire assiégé par Israël. Selon le ministère de la Santé du Hamas, 183 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures à travers la bande de Gaza, tandis que des combats intenses sont toujours menés à proximité de l’hôpital Nasser de Khan Younès, l’un des plus importants du territoire. Jeudi soir, le Hamas avait accusé l’armée israélienne d’avoir tué 20 civils attendant une distribution d’aide humanitaire à la sortie de la ville de Gaza, dans le nord du territoire.
Mercredi, des tirs de chars contre un refuge de l’Unrwa abritant des dizaines de milliers de déplacés ont fait 13 morts à Khan Younès, selon cette agence. Après les Etats-Unis, la France a “condamné” ces tirs et appelé Israël, sans l’accuser directement, à “se conformer au droit international”. L’Allemagne s’est déclaré “extrêmement préoccupée” par la “situation désespérée” des civils à Khan Younès. “Nous avons essayé de sortir, mais quand j’ai regardé dehors, j’ai vu les chars d’assaut tirer. Comment pouvions-nous sortir ?”, a témoigné à l’AFP sur son lit d’hôpital Ahmad Katra, un Palestinien blessé par ces tirs.