Né dans un quartier pauvre de la banlieue sud de Madrid puis formé au prestigieux Real, le latéral droit marocain Achraf Hakimi s’apprêtait à affronter son pays d’adoption, l’Espagne, hier mardi en huitièmes de finale du Mondial. Il a connu l’éclat des principales compétitions européennes et les ors des plus grands clubs, du Real Madrid au Paris SaintGermain, en passant par le Borussia Dortmund et l’Inter Milan. Mais “jouer pour le Maroc, c’est différent”. “Réussir quelque chose de grand avec votre pays, c’est mieux qu’avec votre club. Jeune, j’ai vu la dernière génération qui avait disputé la Coupe du monde, et j’ai rêvé de devenir comme eux. On mérite d’écrire cette page d’histoire”, a glissé Hakimi en conférence de presse jeudi dernier, après la victoire 2-1 face au Canada. A 24 ans, pour son deuxième Mondial, Hakimi a déjà conscience de l’enjeu. Son Maroc “nouvelle génération” s’est hissé vers les huitièmes de finale pour la première fois depuis 1986. Il l’a fait en sortant premier d’un groupe F relevé, avec la Croatie, la Belgique et le Canada, et en encaissant un seul but (soit la meilleure défense du tournoi, à égalité avec la Croatie et le Brésil). Mais, au-delà de l’enjeu sportif, cette affiche entre deux pays voisins avait un caractère personnel pour le latéral droit du PSG. Fils d’une femme de ménage et d’un vendeur ambulant, tous deux Marocains et installés en Espagne depuis les années 1980, Achraf Hakimi est né à Getafe, dans le quartier de Las Margaritas, où vit toujours son père Hassan, 51 ans. “Tout le quartier me connaît, les gens me croisent et disent +c’est le papa d’Hakimi+”, raconte-t-il à l’AFP, en soulignant que ce match avait une saveur spéciale pour son fils. “L’Espagne est son deuxième pays, sa maison. C’est la première maison contre la deuxième”, disait, en rigolant, ce “fier” papa qui allait soutenir “évidemment le Maroc, mon pays, mon fils et ses coéquipiers” hier mardi.