Clin d’œil
Par : Samir Abdel Ghany

Au milieu du tumulte de Facebook, surgissent parfois des œuvres d’amis qui vous arrachent au vacarme et aux faux combats de la vie pour vous offrir une invitation à la beauté et au plaisir.
Après la publication de l’un de ses « griffonnages » artistiques, j’ai décidé de ne pas m’arrêter à un seul dessin, mais de parcourir toute sa page. Et une fois entrée, je n’ai pas pu en sortir…
Ses œuvres sublimes m’ont captivée — ces créations qu’il intitule Griffonnages sur le mur de l’âme.
De dessin en dessin, il a volé mon cœur et mon esprit.
Il y a dans son art une énergie créatrice qui éclaire l’âme — une âme qui a voyagé à travers le monde, mais qui reste nostalgique d’un passé révolu. Son art exprime une douleur, des émotions multiples et contrastées.
Il se livre avec noblesse, à la manière des chevaliers — ses traits, suggestifs et sincères, recèlent douleur, peine et mémoire, au point que l’on ne peut que saluer son art d’un chapeau.
Dans un monde où la forme se bat avec le fond, l’artiste peintre et architecte Hani Azzam s’impose comme une voix visuelle singulière.
Par ses traits, il tisse un univers de nostalgie, de douleur et d’émerveillement, sous un titre magique qui résume à lui seul toute sa philosophie artistique :


Griffonnages sur le mur de l’âme.
Les lignes d’Azzam ne sont pas de simples outils de dessin cherchant à séduire les amateurs d’art ; elles sont le prolongement même du cœur.
Il ne peint pas seulement avec la main, mais avec le battement de son cœur. Ses traits se croisent comme les émotions : parfois tranchants, parfois doux, mais toujours sincères, jusqu’à l’extrême.
Il transforme l’apparente spontanéité en un ordre intérieur subtil ; le « griffonnage » devient ici un aveu silencieux, une méditation sur la fragilité humaine.

Derrière ses compositions visuelles éclatantes, on devine l’esprit de l’ingénieur :
les dimensions sont équilibrées malgré l’abstraction, les espaces calculés comme une architecture spirituelle. Il construit sa toile comme on construit une maison de nostalgie, d’espérance et de lumière — ses murs sont faits de lignes, son toit de silence.
L’architecture et l’émotion se mêlent dans une harmonie rare ; ses œuvres ont à la fois la rigueur du dessin et la palpitation de la poésie. L’esprit et le cœur y livrent un combat sans fin — un combat créateur, qui engendre cette magie visuelle et nous fait voler vers les confins de l’âme en quête de chaleur et de paix.
La lune, les mains, les visages allongés, les fleurs, les oiseaux — les yeux tristes, les étreintes, les regards perdus… Autant de symboles récurrents dans son œuvre, mais jamais identiques :
la lune n’est pas un simple motif esthétique, mais l’œil de la mémoire, les mains tendues ne cherchent pas à saisir, mais à rassurer et les yeux sont des fenêtres intérieures — ils regardent du dedans vers le dedans.

Bien qu’il s’oriente vers l’abstraction, ses toiles débordent d’émotion. Ses visages ne parlent pas, mais pensent dans un silence douloureux. Les corps de ses personnages se courbent comme s’ils portaient le poids de l’âme, rappelant la lutte absurde de Sisyphe. Ses courbes et cercles créent un rythme musical visuel, faisant de certaines œuvres de véritables partitions picturales.
Azzam nous rappelle que l’art, comme il le dit à travers ses œuvres, n’est pas la représentation des choses, mais de ce qu’il y a entre les choses.
Griffonnages sur le mur de l’âme, le choix de ce titre n’est pas fortuit. Les « griffonnages » traduisent la pureté de l’émotion première, ce moment où la main précède le langage et où le dessin devient un moyen de survie face au poids du réel. Ce n’est pas une confusion visuelle, mais un rituel spirituel de purification : l’artiste y confie sa douleur ancienne dans un murmure intime, transformant l’encre en miroir où le spectateur peut entrevoir sa propre âme. Le secret de la beauté des œuvres d’Azzam, c’est qu’elles lui ressemblent.

Ses toiles oscillent entre ombre et lumière :
les ombrages d’encre creusent une profondeur dramatique, tandis que les touches chaudes — jaune, brun, orangé — font jaillir l’espoir au cœur de la tristesse.
Il écrit ses toiles avec la langue de la nuit, puis les signe d’une petite lueur d’espérance.

Hani Azzam n’est pas seulement un artiste qui peint :
c’est un architecte qui grave ses lignes dans le mur de l’âme humaine.
Ses tableaux sont les témoins d’un voyage intérieur, résumant en chaque trait la philosophie du silence, la sagesse de la douleur et la beauté des contradictions.
Hani Azzam est ce héros qui m’a fait m’endormir heureux, admirant sa guerre contre la laideur — et souhaitant de tout cœur qu’il en sorte vainqueur.





