Le harcèlement scolaire, ce fléau silencieux mais dévastateur, touche des milliers d’élèves chaque année dans les établissements scolaires. Dans tous les milieux, les témoignages se multiplient, mettant en lumière la souffrance des victimes souvent invisibles. Ce phénomène aux conséquences dramatiques, allant de l’anxiété à des troubles plus graves, interpelle les parents, les enseignants et les responsables politiques. Dans cet article, nous plongeons au cœur de ce problème complexe, en recueillant les voix des victimes. Quelles solutions peuvent être mises en place pour endiguer cette violence insidieuse ? Le débat est ouvert, et il est urgent d’agir.
Par : Hanaa Khachaba
Le Progrès Egyptien a recueilli des témoignages poignants illustrant comment ces personnes sont passées pour des victimes harcelées. Commençons par le témoignage de Habiba, 12 ans :« Au début, c’était juste des moqueries sur mes vêtements. Je pensais que ça passerait, mais chaque jour, c’était pire. Ils me filmaient et partageaient les vidéos sur les réseaux sociaux. J’avais peur d’aller à l’école, et je ne parlais à personne de ce que je vivais. J’ai même pensé à me cacher pour ne pas affronter leurs rires. » Quant à Loay, 15 ans, scolarisé dans un établissement international, il se confie :« J’étais un bon élève, mais ma passion pour le théâtre a attiré des moqueries. Mes camarades m’appelaient des noms et je me suis retrouvé isolé. Je me suis senti tellement seul que j’ai commencé à sécher les cours. Ce n’est qu’après avoir parlé à un enseignant que j’ai réalisé que je n’étais pas seul dans ma souffrance. » Sophie, 22 ans, se rappelle elle aussi ses souffrances : « A l’université, je pensais que les choses seraient différentes, mais le harcèlement a continué sous une autre forme. Mes camarades critiquaient mes choix de carrière, et j’ai reçu des messages haineux en ligne. J’ai lutté pendant des mois avant de chercher de l’aide, et il m’a fallu beaucoup de temps pour reconstruire ma confiance en moi. » Et voici le témoignage de Malik, 30 ans, ingénieur informaticien dans une multinationale :« Au travail, j’ai été victime de harcèlement de la part de mes collègues. Ils faisaient des blagues sur ma culture et mes origines. Cela m’a affecté profondément, me poussant à remettre en question ma place dans l’entreprise. J’ai finalement décidé de porter plainte, mais cela a été un parcours difficile. Quant à Marie, 45 ans, mère de deux enfants, un garçon et une fille, elle raconte : « En tant que mère, j’ai vu ma fille souffrir de harcèlement à l’école. Elle rentrait souvent en pleurs, ne voulant pas parler de ce qu’elle vivait. J’ai dû intervenir et contacter l’école pour qu’ils prennent des mesures. C’était déchirant de la voir si triste, et je me suis sentie impuissante pendant trop longtemps. » Pour ce qui s’est passé avec Théo, 17 ans, c’était un peu différent car tout s’est déroulé virtuellement :« J’ai été victime de cyberharcèlement pendant deux ans. Mes camarades créaient des faux profils pour me ridiculiser en ligne. Au début, je pensais que c’étaitjuste des blagues, mais cela m’a rongé de l’intérieur. J’ai fini par en parler à mes parents, ce qui m’a aidé à me sentir moins seul et à chercher du soutien. »
Le harcèlement scolaire gagne en ampleur et en atrocité d’autant que les harceleurs agissent souvent en toute impunité sur les réseaux sociaux. Ni vus ni connus, ils répandent leur venin et abattent, psychologiquement, leurs victimes. Outre les témoignages des harcelés, il y a des expériences différentes de personnes qui, au départ, étaient des harcelés avant de devenir harceleurs eux-mêmes sans vraiment s’en rendre compte. En voici quelques-unes. Clara, 16 ans, raconte : « J’ai été victime de harcèlement pendant des années. A l’école, j’étais la cible des moqueries à cause de ma timidité. Quand j’ai enfin commencé à me faire des amis, je me suis rendu compte que je me mettais à faire des blagues sur d’autres, sans vraiment réfléchir. Je ne pensais pas que c’était du harcèlement, mais je reconnais maintenant que j’ai reproduit ce que j’avais subi. » Quant à Ahmad, 18 ans, il reconnaît avoir été lui-même un harceleur. « J’ai vécu un véritable enfer au collège. J’étais le garçon qui ne savait pas jouer au foot, et j’étais souvent moqué. A mon arrivée au lycée, j’ai commencé à traîner avec un groupe qui se moquait des autres. Au début, c’était juste pour m’intégrer, mais je me suis vite rendu compte que je devenais celui qui harcelait à mon tour, même sans y penser. » Quant à Sarah, 14 ans, elle nous lâche aussi son récit :« Au primaire, j’étais souvent la cible des moqueries à cause de mes lunettes et de ma voix. Lorsque j’ai commencé à changer d’école et à gagner en popularité, j’ai commencé à critiquer mes nouvelles camarades pour me sentir mieux. Je ne voulais pas être à nouveau la victime, mais en agissant ainsi, je suis devenue ce que je détestais. »
L’évolution de certaines personnes harcelées en harceleurs peut être expliquée par plusieurs facteurs psychologiques et sociaux. Le harcèlement peut créer un cycle de violence où la victime, après avoir subi des abus, peut développer une envie de reprendre le contrôle. Cela peut les pousser à adopter un comportement de harcèlement à leur tour, en pensant que cela leur permettra de se sentir puissants et en sécurité. En outre, les victimes de harcèlement peuvent en venir à considérer le harcèlement comme un comportement normal ou acceptable, surtout si elles ont été exposées à des environnements où le harcèlement est présent. Cela peut les amener à reproduire ce qu’elles ont vécu. Certaines personnes peuvent développer des mécanismes de défense pour gérer leur douleur émotionnelle. En devenant des harceleurs, elles peuvent ainsi tenter de projeter leurs propres insécurités ou souffrances sur d’autres, ce qui peut leur donner un faux sentiment de supériorité ou de contrôle.
Malheureusement, le harcèlement peut laisser des séquelles psychologiques durables. Certaines personnes peuvent développer des troubles de l’humeur ou des comportements agressifs en réponse à leur expérience, les menant à harceler d’autres personnes comme moyen d’exprimer leur douleur ou leur colère. En somme, il existe un ensemble complexe de facteurs qui peuvent conduire une personne harcelée à devenir à son tour harceleur.
Face à ces cas de harcèlement des réactions variéessurviennent de la part des enseignants, des parents ou des camarades des victimes. Certains soutiennent la victime, d’autres ne prennent pas au sérieux leurs plaintes, voire leur reprochent d’attacher trop d’importance à des « gamineries », d’autres encore leur demandent de se défendre eux-mêmes omettant le grand risque de représailles.
Pour contrer le phénomène de harcèlement scolaire, il est essentiel d’adopter une approche globale qui implique les élèves, les enseignants, les parents et l’administration. Organiser des ateliers et des formations sur le harcèlement, ses effets et l’importance de la compassion et du respect, peut aider à créer une culture de bienveillance au sein de l’établissement. Etablir des règles précises contre le harcèlement, accompagnées de sanctions claires. Les élèves doivent savoir que ce comportement est inacceptable.
La lutte contre le harcèlement scolaire nécessite un engagement collectif. En passant à l’action, en cultivant l’empathie et en soutenant les victimes, nous pouvons contribuer à créer un environnement scolaire plus sain et inclusif pour tous.
