Chaque soir, à la même heure, elle venait s’asseoir sur le vieux banc de bois, face à l’horizon. Silencieuse, fragile, les larmes aux yeux, elle attendait le coucher du soleil. Depuis des mois, elle répétait ce rituel. Le soleil descendait lentement, peignant le ciel de teintes d’or, d’orange et de pourpre. Et elle pleurait.Elle ne parlait à personne. Mais le soleil, lui, la voyait. Il la voyait chaque soir, fidèle, brisée. Il sentait le poids de sa tristesse dans l’air, comme une brume qui voilait sa lumière. Au début, il n’y prêta pas attention : les humains pleurent, c’est leur nature. Mais elle, elle pleurait chaque jour, toujours à la même heure. Et toujours face à lui.Un soir, le soleil hésita à se coucher. Il resta suspendu un instant de plus, étirant les minutes, tentant de comprendre. Elle était là, les yeux baignés de chagrin, mais quelque chose avait changé. Cette fois, elle murmurait. Une prière ? Un souvenir ? Ou une supplique adressée à lui ? Il ne savait pas, mais il sentit son cœur solaire se serrer.Alors ce soir-là, avant de disparaître derrière les montagnes, le soleil prit une décision. Il rassembla ses dernières forces de lumière, ses derniers éclats de chaleur, et les fit glisser vers elle. Une brise tiède la frôla. Un rayon doré toucha son visage. Et dans le silence du crépuscule, elle entendit une voix douce, paisible, comme un souffle venu d’ailleurs :”Je suis là. Chaque jour, je me couche pour renaître. Et toi, tu peux renaître aussi. Laisse-moi emporter ta douleur. Demain, je reviendrai encore. Et encore. Jusqu’à ce que tu n’aies plus besoin de pleurer.”Elle ouvrit les yeux, surprise. Le ciel flamboyait d’une lumière plus douce, plus vivante qu’à l’accoutumée. Et sans comprendre pourquoi, pour la première fois depuis longtemps, elle sourit entre ses larmes.Le lendemain, elle revint. Elle pleura un peu moins. Et le soleil la salua d’un clin d’œil doré. Ainsi, chaque jour, il lui offrait un fragment de lumière, un murmure de paix. Jusqu’au jour où elle ne pleura plus.Et alors, le soleil sut qu’il avait tenu sa promesse.