Sur une étagère d’école, un cahier à la couverture claire reposait juste à côté d’un vieux livre épais.
Un matin, le cahier se redressa fièrement et dit :
— Regarde-moi, cher voisin. Mes pages sont blanches, pures, immaculées. Je suis le symbole de la candeur, prêt à accueillir les pensées les plus fraîches et les rêves les plus doux.
Le livre ricana doucement :
— Pures, peut-être… mais vides ! Moi, je suis plein d’histoires, de connaissances, de vérités accumulées au fil des ans. Mon encre porte le poids de l’expérience.
Le cahier fronça ses lignes :
— Sans moi, tes lecteurs ne pourraient pas noter ce qu’ils apprennent. Je suis la promesse de nouvelles idées.
— Et sans moi, répliqua le livre, que pourraient-ils noter ? De simples pages blanches, sans contenu !
La dispute dura plusieurs jours. Chaque fois que l’un parlait, le bois de l’étagère vibrait un peu plus sous leurs arguments.
Un après-midi, un élève arriva. Il ouvrit le livre pour apprendre une leçon, puis saisit le cahier pour y écrire ses réponses et ses pensées. Chaque mot du livre trouvait un écho sur les pages blanches, chaque page du cahier se remplissait grâce aux connaissances du livre.
Alors, dans un silence complice, le cahier et le livre comprirent :
— Tu me donnes le savoir, dit le cahier.
— Et toi, tu lui donnes un avenir, répondit le livre.
Depuis ce jour, ils ne se querellèrent plus. On les voyait souvent côte à côte sur le bureau, comme deux amis inséparables, l’un porteur d’histoires, l’autre porteur d’espoir.