Dans un petit village entouré de montagnes et de forêts épaisses, vivaient un chat noir aux yeux dorés et un chien noir au pelage brillant. On les voyait souvent ensemble, marchant silencieusement dans les ruelles pavées, grimpant les collines, s’asseyant au bord de la rivière.
Mais les villageois ne les aimaient pas. « Un chat noir et un chien noir, toujours ensemble ? Ce n’est pas bon signe », disaient-ils. On murmurait qu’ils apportaient la malchance. On fermait les volets quand ils passaient. Les enfants étaient priés de ne pas les approcher.
Pourtant, le chat et le chien continuaient leurs promenades paisibles, sans jamais faire de mal à personne.
Un hiver, une tempête de neige terrible frappa le village. Les routes furent coupées, les provisions rares, et les nuits, glaciales. Un soir, une vieille femme nommée Teta Amira, vivant seule au bout du village, sentit son feu s’éteindre. Elle tremblait, affaiblie, incapable d’aller chercher du bois.
C’est alors qu’elle entendit gratter à sa porte.
Quand elle l’ouvrit, elle découvrit le chien noir portant une bûche dans sa gueule et le chat noir déposant un petit paquet enveloppé de tissu : du pain sec et du fromage. Chaque nuit suivante, ils revinrent avec de quoi survivre. Personne ne comprenait comment une vieille femme seule avait tenu bon.
Au printemps, quand la neige fondit, Teta Amira raconta tout. D’abord, on se moqua. Puis d’autres témoignages émergèrent : un enfant perdu dans la forêt avait été retrouvé près du chien noir, un incendie évité de justesse dans une étable après les miaulements insistants du chat noir.
Les regards changèrent.
Les villageois comprirent que ces deux êtres n’étaient pas porteurs de malheur, mais de lumière. Le chat et le chien furent adoptés par le village tout entier. On leur construisit une petite maison au centre, avec un coussin moelleux et un bol toujours rempli.
Depuis ce jour, les enfants caressent leur pelage noir sans peur, et on dit que quiconque les croise aura une année de bonheur.