À l’ère de l’informatique en nuages et de l’information fluide, le marché de la traduction spécialisée, notamment la traduction économique, commerciale, financière et institutionnelle est en constante évolution. Les nouveaux besoins de ce marché sont étroitement liés à l’avancement de la technologie de l’information et de la communication. Dans ce contexte, le département des Langues Appliquées de l’Université Française d’Égypte a organisé la 4e édition du colloque international ICEBFIT au Caire, incubateur des cultures.
Le colloque a réuni le monde académique et le monde professionnel afin de permettre, d’une part, un échange constructif entre les enseignants, les traducteurs du monde professionnel et les étudiants, et d’autre part, la promotion de la recherche scientifique dans le domaine de l’économie et des affaires. En marge dudit colloque, le Progrès Egyptien a pu s’entretenir avec les responsables de l’Université et avec bon nombre de participants sur les défis face au métier de traducteur à l’époque de l’intelligence artificielle.
Dr Denis Darpy, président de l’Université française d’Egypte (UFE), a mis l’accent sur l’importance de la traduction comme pont de communication entre les cultures et les peuples. Et le président de l’UFE de renchérir qu’en dépit de l’intelligence artificielle, le métier de traducteur va continuer à exister, voire même à évoluer.
Dr Dima El-Husseini, vice-présidente de l’UFE et doyenne de la Faculté des Langues appliquées, a partagé le même point de vue, soulignant que le métier de traducteur allait toujours exister et qu’il serait servi par l’intelligence artificielle, ajoutant que tous les outils numériques ne peuvent fonctionner sans l’être humain.
Parmi les intervenants, Dr Fayza El-Qasem, Professeur à l’Ecole Supérieure d’interprètes et de traducteurs à la Sorbonne Nouvelle, et chargée de former les traducteurs arabophones à partir du français et de l’anglais, a dit : « Nous ne pouvons pas ne pas tenir compte des progrès technologiques qui se font dans le domaine de l’intelligence artificielle, de la reconnaissance vocale, de la post[1]édition. Tous ces éléments vont aider le traducteur à gagner du temps, à être productif, mais ne le remplaceront jamais. Le futur du traducteur, c’est un traducteur humain qui maîtrise la technologie et la technologie ne va jamais remplacer l’humain parce que le traducteur devra toujours traiter des textes ambigus. Il va évoluer petit à petit vers le métier de réviseur et pour ce faire, il doit être capable de bien exploiter la nouvelle technologie ». Autour de la formation des traducteurs, le Progrès Egyptien s’est entretenu également avec nombre d’intervenants audit colloque.
Dr Yasmine Barsoum, professeur adjoint et chef de département à l’UFE, a fait une intervention dans le cadre du colloque ICEBFIT autour de la formation des terminologues pour les préparer au marché du travail. Elle a insisté sur le fait que tout futur traducteur doit être un terminologue, notant que la terminologie est importante en matière de traduction spécialisée.
Le souci de créer un trait d’union entre le marché du travail et le monde académique a été également abordé par Dr Daniel Callego, professeur à l’Université d’Alicante en Espagne, qui a fait une intervention dans le cadre de la quatrième édition du colloque international ICEBFIT. Il a surtout mis l’accent sur la nécessité de créer un pont de communication entre les Académiciens de la traduction au sein des universités et le marché du travail. Tisser les liens entre le monde académique et le marché de la traduction constitue une valeur ajoutée pour la formation des futurs traducteurs et interprètes, a-t-il noté.
Quant à Dr Doaa Soliman, professeur à l’UFE, elle a évoqué les défis que les professeurs ont rencontrés eux-mêmes en enseignant la traduction spécialisée durant la période du Covid-19 et l’impact de cette situation sur leurs outils et méthodes pédagogiques. Bref, la formation dans son lien avec le marché était un des axes de réflexion de ce colloque. Les universités ont besoin de mettre à jour leurs programmes pour former des traducteurs et des interprètes qui peuvent être opérationnels sur le marché de la traduction économique, commerciale, financière et institutionnelle.