Au quartier d’Al-Sabtiya, un pan du patrimoine local est à découvrir chez Haj Fathi, le plus fameux amateur et collecteur d’anciennes portes, symboles de l’histoire des habitants d’Egypte d’antan.
“Chaque porte est témoin de l’histoire d’une maison… et chaque porte est aussi révélatrice d’un artisan pas comme les autres”. Les portes, pour patron Fathi, ont une longue histoire. Et l’Egypte regorge de trésors, pas seulement dans le domaine de l’archéologie, mais aussi dans chaque coin où vous flairez l’odeur de l’Histoire. Dans la région de Boulaq Aboul Ela, les ruelles recèlent tant d’aventures et d’histoires intéressantes, notamment dans les venelles d’Al-Sabtiya, où vous allez certes croiser Haj Fathi Osman, le plus grand possesseur d’une large collection d’anciennes portes de maisons faites de bois. “Les artisans d’autrefois ont donné un grand intérêt aux détails dont sont formées les portes des maisons. Ils se sont même intéressés à qui frappera à cette porte, une femme ou un homme”, commence par souligner Haj Fathi, qui affirme avoir hérité ce métier de son père. “Nous avons eu l’habitude de faire le tour des gouvernorats, mon père, mes 5 frères et moi, pour collecter les portes anciennes”, ajoute patron Fathi, en expliquant que ce métier est plein de difficultés, que ce soit au niveau de la collecte des portes, ou de leur nettoyage et leur restauration. Pour Haj Fathi, la porte n’est pas seulement cette pièce de bois inerte, mais au contraire, pour lui, les portes sont des témoins qui cachent les secrets des habitants de la maison. “Lorsque la porte est fermée, elle devient le seul témoin des histoires qui se déroulent dans cette maison, des habitudes et des détails de la vie quotidienne de ses habitants”, indique-t-il.
De vieilles portes de plus de 100 ans
“La porte de la maison du maire d’un village reflète peut-être une vie aisée des habitants de cette maison alors que d’autres portes reflètent la pauvreté des habitants des maisonnettes, ou bien leur simplicité ou leur générosité… Par leurs détails, leurs décorations, leurs gravures et leurs dessins, les portes sont indicatives de la nature et des origines parfois des habitants de la maison”, explique Haj Fathi. Patron Fathi révèle posséder des portes datant de plus de 100 ans. “Autrefois, derrière chaque porte, il y avait une histoire. Les portes avaient une heure précise le matin, où elles sont ouvertes, et après le maghreb, elles étaient fermées”, dit-il. Il explique ensuite comment fait-il son travail : “Je commence par nettoyer la porte et puis vient le travail de restauration. Je rends à la porte sa couleur originale sans ajout, car si je change n’importe quel petit détail, la valeur de la porte tombera et par conséquent son prix. La beauté de la porte est dans son originalité”.
Haj Fathi souligne ranger dehors de son atelier les portes qu’il collecte, pour les laisser exposées à l’air et au soleil. “Des portes qui ont longuement vécu et qui vivront encore davantage”, dit-il avec amour, tout en notant que ces portes font partie du patrimoine et sont fabriquées avec du bon bois, tout comme elles portent des détails dans leurs gravures et décorations, qui leur donnent une grande valeur matérielle.
Les portes de Haute-Egypte sont les plus belles
“J’ai des portes d’anciens palais en Haute-Egypte. Elles sont les plus belles. Les habitants de ces palais aimaient les détails et les gravures qui ornaient leurs portes”, indique Haj Fathi, qui ajoute posséder également des portes de palais à Tanta, Mansoura et Charkiya (Basse-Egypte). “Chaque porte avait une sorte de bouton, souvent en forme de paume, appelé “la paume de la main de Fatma”, et c’était parce que les femmes frappaient avec. Tout à côté, il y avait un grand anneau fort destiné aux hommes pour frapper à la porte, et ainsi les habitants de la maison pouvaient savoir si le visiteur était un homme ou une femme”, explique-t-il. Et Haj Fathi d’ajouter : “Il y a beaucoup de stars de cinéma et de télévision qui viennent chez moi, pour acheter de vieilles portes comme antiquités qu’elles gardent chez elles à la maison. Aussi, vient-on acheter des portes que les producteurs de films ou de feuilletons utilisent lors du tournage”. “Notre métier est plein de difficultés et nous le lèguerons à nos enfants pour qu’il reste vivant”, conclut Haj Fathi.