Par: Marwa Mourad
Après la publication en 2021 de La Familia grande qui avait fait grand bruit et qui relatait les rapports incestueux de son beau-père sur son frère jumeau, Camille Kouchner publie son premier roman Immortels (Seuil). L’histoire retrace le lien très fort qui unit K. et Ben, sortes de siamois qui ont grandi ensemble dans le milieu intello parisien des années 70. Pour Matin Première, Camille Kouchner évoque les thèmes qui lui sont chers : la famille et l’enfance, et questionne les différences homme femme dans notre société.
De quoi il s’agit ?
Il y a trois ans, Camille Kouchner bousculait notre société avec la sortie de son livre choc « La familia grande », dans lequel la fille de Bernard Kouchner et la nièce de Marie-France Pisier révélait les abus sexuels commis par son beau-père Olivier Duhamel, célèbre politologue, sur son frère jumeau quand celui-ci avait 14 ans. Elle revient avec « les Immortels », en librairie le vendredi 4 avril. Un roman cette fois-ci, son premier, dans lequel on la devine parfois derrière son héroïne K. Un texte poignant, un premier roman très réussi, un témoignage fort sur une époque pas si lointaine.
Elle, c’est K, le petit soldat de Ben, « sa moitié ». Ce n’est pas son frère jumeau mais presque. Ils sont nés en 1975 à deux mois d’écart et ont quasiment été élevés ensemble. « Grandir à deux donne confiance. On partage tout, sans craindre le manque. » L’écriture est belle et fluide. Avec son talent de conteuse, Camille Kouchner nous plonge dans la vie de ces enfants issus d’un milieu qu’on qualifierait de bobo aujourd’hui. Des enfants trop souvent livrés à eux-mêmes pour certains, très libres pour d’autres, des appartements dans le chic centre de Paris, des mères féministes psys ou artistes, des pères qui se baladent à poil, des parents qu’ils appellent par leur prénom.
Quel en est le but ?
Camille Kouchner, qui a fait de l’inceste et des violences faites aux femmes son combat, nous balade dans le Paris des années 1980-1990. On regarde grandir Ben et K. Ils nous émeuvent, leur amour est si fort. On est souvent en colère aussi. Car le regard de l’autrice sur ces années-là est sans concession ni tabou. Un magnifique roman dont on ne sort pas indemne, à conseiller absolument aux jeunes garçons et aux jeunes filles d’aujourd’hui.
Comment on est construit homme ou femme, à la fois dans la famille, à l’école, ensuite dans leur sphère professionnelle, c’est cette question qu’explore l’autrice. Pour Ben, ce sera l’apprentissage de la virilité et pour K. un examen gynécologique à dix ans. “K. et Ben sont sommés de se comporter différemment et de porter un regard l’un sur l’autre qui est très genré. Donc ma question, c’était celle de la binarité. C’était certes la liberté qui a été gagnée dans ces années-là, enfin par les parents en tout cas, l’égalité sur tous ces combats qui ont été menés. C’est aussi ma manière de les célébrer” assure Camille Kouchner.
Qui est Camille Kouchner ?
Camille Kouchner est une avocate et universitaire française née en 1975 à Paris, maître de conférences en droit privé.
Elle est la fille du médecin et homme politique Bernard Kouchner (1939) et de l’écrivaine et politologue Évelyne Pisier (1941-2017). Elle a été partiellement élevée par le second mari de cette dernière, le politologue Olivier Duhamel (1950), qui a épousé sa mère en 1987. Elle est la nièce du mathématicien Gilles Pisier (1950) et de l’actrice et romancière Marie-France Pisier (1944-2011).
Elle a deux enfants, et un beau-fils, avec le scénariste et réalisateur Thomas Bidegain (1968) avec qui elle a vécu presque 20 ans. Depuis 2021, Louis Dreyfus est son compagnon.
Camille Kouchner fait ses études secondaires au lycée Henri-IV, puis au lycée Fénelon à Paris.
Elle poursuit des études supérieures à l’université Panthéon-Assas et obtient à l’université Paris-Nanterre un DEA de droit syndical et social (1998), puis un DEA de théorie et philosophie du droit (1999).
En 2004, elle soutient une thèse de doctorat de droit privé (“De l’opposabilité en droit privé”, université Paris X-Nanterre sous la direction d’Antoine Lyon-Caen, et est admise, mention “très honorable” avec les félicitations du jury.
Maîtresse de conférences en droit privé, Camille Kouchner est spécialisée en droit social.
En 2005, elle est nommée à la faculté de droit d’Amiens où elle est membre du Centre de droit privé et de sciences criminelles (CEPRISCA).
Depuis 2009, elle enseigne le droit des relations individuelles de travail et le droit des relations collectives de travail à la faculté de droit de l’université de Paris (anciennement université Paris V – Paris Descartes).
Parallèlement à ses fonctions d’enseignante, Camille Kouchner devient avocate au barreau de Paris en avril 2011. Elle crée le cabinet Atticus Avocats en octobre 2013 et y participe en tant qu’associée. Elle se fait omettre du barreau en 2017.
Lors de l’élection présidentielle de mai 2012, elle rejoint le groupe de 362 intellectuels, “citoyens, étudiants, acteurs de l’éducation, des universités, de la recherche, de la médecine, des arts et de la culture” qui appellent à voter en faveur de François Hollande “pour les savoirs et la culture”.
Le 7 janvier 2021, elle publie un livre, “La familia grande”, où elle accuse d’inceste, de viol et d’agressions sexuelles son beau-père Olivier Duhamel.