Zanati, le metteur en scène doué et créateur de spectacles, s’exprime à coeur ouvert au Progrès Egyptien :
Passion, amour et obstination, tels sont les mots-clés d’une personnalité qui s’est brillamment distinguée dans le domaine du théâtre. Ses œuvres uniques ont pu attirer des milliers de spectateurs et ont fait le buzz sur les réseaux sociaux. C’est Mohamed Zanati, le metteur en scène talentueux. Oui, ce n’est pas la première fois que ses pièces se présentent sur le théâtre mais à chaque fois, on découvre sa vision créative et sa capacité impressionnante de monter une histoire à partir de rien. Ce chef d’orchestre avec excellence qui coordonne toutes les activités d’une équipe aux multiples talents, soulève de nombreuses questions philosophiques dans ses spectacles, dans lesquels il soulève des problèmes humains généraux sans préciser le moment ni le lieu précis. Mohamed Zanati est un homme de théâtre doté plus d’un talent, c’est un poète qui écrit des poèmes, il compose des chansons de théâtre, écrivain et metteur en scène de théâtre et traducteur si cela était nécessaire. Son expérience transcende les frontières. Lors d’un trajet artistique réussi en France, il a pu prouver la capacité de l’artiste égyptien à réussir et à exceller partout dans le monde.
« Le Progrès Egyptien » a eu la chance de l’interviewer, et ce afin de s’enfoncer au fond de ce grand artiste aux couleurs musicales ainsi que dans son monde plein d’imagination et de génie.
Le Progrès Egyptien : Comme introduction, qui est Mohamed Zanati ?
Mohamed Zanati : Tout d’abord, J’ai commencé à écrire des pièces de théâtre à travers les théâtres de la culture de masse. Ces derniers sont mes premiers professeurs. Je me rappelle bien que j’ai présenté une gamme de spectacles théâtraux d’Alexandrie en passant par Assouan. Moi, personnellement, je vois que c’était un point culminant dans ma vie professionnelle et c’était une école importante qui a beaucoup influencé mon trajet. Jusqu’à aujourd’hui, je suis fier d’avoir deux pièces qui étaient présentées lors de la culture de masse dont un est à Béni Soueif et l’autre à Louxor. Ce que je considère comme une marque de fierté et d’honneur.
Après cette étape de ma vie, le défunt réalisateur Hanaa Abdel Fattah, professeur à l’Institut d’arts théâtraux à ce temps-là m’avait choisi pour présenter une des spectacles les plus importants de ma vie avec Sayed Hegab et Alfred Farag. Le spectacle était une œuvre égypto-allemande intitulée ‘ l’opéra de « trois sous » avec en vedette la célèbre Névine Allouba. C’était une étape importante qui a ajouté beaucoup d’expertise à ma passion pour le théâtre.

« Bombix et Salsabil, un mariage musical
entre l’orient et l’occident »
Le fait de travailler avec une figure emblématique comme Sayed Hegab et un célèbre metteur en scène représentait bien sûr pour moi un point décisif.
Ensuite, une nouvelle voie se dessinait avec la maison artistique du théâtre… J’ai également participé à la composition de chansons dans un certain nombre de représentations de la Maison Artistique du théâtre, notamment : « L’été chaud et sec » au Théâtre El Salam, « L’Ange a atterri à Babylone » mis en scène par Reda Hassanein au Théâtre Métropole, « Ame » mis en scène par Bassem Qenawy au Théâtre El Tali’a. Cette pièce a fait surgir beaucoup de noms sur la scène artistique et a remporté beaucoup de prix. Finalement « Nous et nos circonstances » mis en scène par Hossam Atta au Théâtre de Fatma Rochdi.
« La terre du bonheur » et « la gare d’Egypte » se présentaient sur le théâtre des marionnettes avec en vedette l’acteur Magdy Fikry et Fatma Mohamed Ali.
Vient alors « avant la sortie » sur le théâtre des jeunes réalisé par Hany El Saïd . Ensuite j’ai présenté trois importants spectacles « Isis », « Antara et Hatchepsout », ce trio réalisé par Karim Abou Leil. Les trois œuvres ont réalisé un boom sans précédent et ont remporté des prix dont Isis au festival de Charm El Cheikh et Antara au festival du théâtre expérimental.
Ces jours-ci, je suis occupé de présenter des œuvres sur le théâtre du ballon sur lequel j’ai déjà présenté deux autres œuvres à savoir “Le Sindbad” et “Ali Baba”. Je me prépare pour présenter une nouvelle pièce « Des secrets » ou “Al Asrar” ayant comme vedette les stars de la troupe sous18 ans. J’aime beaucoup le théâtre de l’enfant car je sens que le théâtre joue un rôle important dans notre avenir, l’enfant a toujours représenté le lendemain. Bien que je représente parfois le théâtre expérimental, ce genre de théâtre m’attire beaucoup. Certes, ma fille Dima était le motif derrière ce genre de théâtre. L’enfant est celui-là qui est responsable de dessiner notre avenir. َ A cet égard, j’ai rédigé le célèbre « Essam et la lanterne »
Zanati, symbole de l’artiste égyptien et arabe qui respecte sa culture et participe positivement au mouvement culturel mondial.

Loin de mes expériences en Egypte, j’ai une autre expérience en France tant chère à mon cœur celle de la troupe « Bombix » Cette dernière avait participé au Festival du théâtre expérimental avec un spectacle qui représentait la France intitulée ‘’ brise’’. Ce spectacle regroupait des artistes de différentes nationalités à savoir des espagnoles et des anglais. J’étais tellement ravi de voir les gens ébahis de la performance du spectacle surtout que ce dernier a été bien accueilli auprès des critiques ainsi qu’auprès du spectateur égyptien. Vient à sa suite une série de spectacles en coopération avec mon ami français, le feu acteur Francis Maréchal que je réintroduis dans la pièce « avant de partir ».
Au début, ces spectacles ont été présentés sur le théâtre français ensuite je les ai représentés dans les pièces « Le cadre ou El Berwaz », « Le carré ou El Merrab’e » ainsi que « Le Fonds noir ».
Ses rêves n’ont pas de limites, il a été obsédé par un rêve qu’il a tenté sans cesse de réaliser, celui de faire un mariage musical entre orient et occident. C’est pourquoi, à côté de son expérience théâtrale en France, il a fondé donc de nombreuses troupes artistiques, non seulement en théâtre, mais aussi en musique.
« J’ai fait un métissage entre le groupe musical Bombix et celui de Salsabil au cours de plusieurs années. Bombix était avec le grandissime compositeur Henri Plandé à Bordeaux. Participait avec moi à cette riche expérience, mon ami intime Hatem Ezzat et la chanteuse et actrice de théâtre Fatima Mohamed Ali et d’autres. Chaque année, nous étions à un rendez-vous annuel en France pour présenter ce superbe mix combinant entre les airs orientaux avec de la musique européenne moderne composée à la fois des chansons arabes et français. Ce spectacle ne s’est pas limité seulement en France, Bombix est venu au Caire et a présenté une des spectacles les plus spectaculaires au collège de la Sainte Famille CSF ou les Jésuites.
J’essaye toujours d’adresser un message au spectateur à travers mes pièces. Se préoccuper de l’être humain en chair et os quel que soit sa religion ou sa nationalité et sa race tel est mon but escompté. « Je m’intéresse tout le temps au souci humain en général et à nos problèmes existentialistes.
Il ajoute être chanceux car il existe une relation étroite entre lui et le patrimoine. « En écrivant pour les enfants, j’aime bien m’appuyer sur comment faire revivre le patrimoine dans une image compatible avec les évolutions technologiques existantes. Je le considère comme un outil nécessaire permettant d’attirer l’enfant pour qu’il puisse me voir. Une nouvelle lecture du patrimoine mais présentée selon les technologies de pointe et présentant une nouvelle approche comme cela est évident à Sindbad, Isis ou Hatchepsout.

Le théâtre scolaire occupait une place de choix dans mon cœur, j’avais l’opportunité de rédiger plusieurs pièces théâtrales en langue française à travers les élèves du Lycée Internationale au Caire dépendant de l’Ambassade de France.
Nous avons participé à de nombreux festivals qui ont connu un succès phénoménal. Ces spectacles présentés se sont terminées sur une note plus que positive. Surtout celui de FETLYF, le Festival de Théâtre de Saint-Malo. Une foule très nombreuse a rempli le beau lieu culturel de Saint Malo. L’équipe théâtrale a participé également au Festival Pantomimes qui s’est clôturé en apothéose à Orthez, au sud de la France. Bien que ses spectacles soient totalement joués en langue française, pourtant, je tenais toujours qu’ils renferment la partie orientale enracinée au fond de moi-même en ayant recours à l’oud qui me représente spécialement. Une autre expérience qui m’a beaucoup touché est celle du film basé sur mon poème intitulé « combien coûte la brise de liberté ? », réalisé par l’Américaine Rafael Ayyash. J’ai le plaisir d’annoncer aux lecteurs du quotidien Le Progrès Egyptien que mon récent film brique, feuille et ciseaux participerait à un célèbre festival.
L.P.E : Quel est votre spectacle qui se présente actuellement ?
M. Z : Il y a maintenant deux importants spectacles « avant la sortie » et « Hatchepsout ».


Le premier parle des obstacles qui entravent l’être humain à obtenir sa liberté. Ce qui est nouveau dans cette série, c’est la lutte d’un groupe de personnages qui veulent sortir. Peuvent-ils tous sortir ou resteront-ils dans la phase de pré-départ ? C’est à cela que la série répondra à travers trois personnages sur les planches dont chacun d’eux a une histoire totalement différente de l’autre. Bien que les trois aient trois histoires différentes, ils partagent leur envie de sortir de cet endroit, et de ce rôle qui ne leur convient pas. Fidèle à mon habitude, j’ai essayé de présenter un spectacle qui diffère dans la forme et le contenu de ce qui est courant dans les spectacles théâtraux. Une femme qui souhaite sortir de la gare portant entre ses mains un box dont personne ne connaît ce qu’il renferme, le deuxième personnage est celui d’un joueur à l’ombre qui aime sortir derrière des rideaux qui empêchent les gens de le voir sans les ombres qui les entourent et sans ses marionnettes. Le troisième raconte l’histoire d’une personne toujours enfermée dans un carré. Multiples tentatives pour en sortir.

Quant à Hatchepsout, Les événements de la pièce tournent autour de la reine Hatchepsout, la reine la plus importante et la plus influente qui a régné en Egypte. Son règne a été un moment important non seulement dans l’histoire de la XVIIIe dynastie, mais aussi dans toute l’histoire de l’Égypte ancienne, et comment elle a été capable d’affronter la culture qui rejetait le fait que le dirigeant soit une femme. Malgré cela, elle a pu gouverner et réaliser toutes ses réalisations qui restent immortelles à ce jour.
“Le théâtre gardera toujours sa place de choix en Egypte“
“Hatchepsout” est la troisième œuvre qui réunit Mohamed Zanati avec la réalisatrice Karima Bédair, après qu’ils aient connu un succès éclatant dans leurs précédents spectacles “Isis” et “Antara” et qu’ensemble ils aient remporté de nombreux prix.
L.P.E : A travers votre voyage en France, vous avez participé à une variété de festivals, pouvez-vous nous citer quels étaient les plus importants parmi eux qui ont pu marquer votre riche parcours artistique ?
M.Z : Le Festival de Pantomimes et Fetlyf et Nuit de théâtre comptent les trois marquants festivals que je ne pourrais jamais oublier. Je souhaite que ce dernier ait lieu en Egypte à cause de son importance et sa nouveauté sur la scène artistique. C’est un festival qui se déroule dès le petit matin jusqu’à l’aube, une nuit mémorable et incroyable !
Le spectateur se diversifie les genres et part à la découverte d’émotions scéniques plus intenses les unes que les autres. Comédie, théâtre contemporain, théâtre dramatique, stand up, théâtre musical, seul et seule en scène.
L.P.E : Pouvez-vous nous parler du micro théâtre, ce phénomène artistique hors pair ?
M.Z. : C’est une forme courte de théâtre conceptualisée par le dramaturge espagnol Miguel Alcantud. On résume ce format par un principe de proportion : 15 minutes de jeu pour 15 spectateurs dans une salle de 15 m 2. On vous raconte l’origine et l’histoire du concept dans cet article. « L’idée était de faire une sorte de YouTube du théâtre »
L.P.E : Comment évaluez-vous le théâtre en Egypte ?

M.Z : En Egypte, nous avons de différentes genres de théâtre ainsi qu’une multitude de jeunes réalisateurs qui ont une vision imminente. J’encourage le fait d’inclure les jeunes dans des pièces théâtrales et je souhaite que l’expérience grandisse en Egypte car ces talents méritent d’être vus.
L.P.E : Quels sont vos rêves et vos souhaits dans la prochaine période ?
M.Z : Je souhaite présenter un théâtre respectable dont je serais fier un jour. Si je quitte un jour ce monde, ma fille sera fière de mes pièces théâtrales. Peut-être, mes rêves ne sont pas assez grands, mais j’espère en écriant et en rédigeant que mes œuvres demeurent immortelles dans les esprits.
L.P.E : En tant que pédagogique au Lycée Internationale, pouvez-vous nous expliquer quelle est la recette magique à travers laquelle vous découvrez les nouveaux talents ? Existe-t-il une coopération entre les lycées internationaux et nationaux dans le domaine de découverte des talents?
M. Z. : Malheureusement il n’existe pas ce genre de coopération concernant la découverte de talents.
Quant aux talents en herbes découvertes au Lycée, c’est un processus bien étudié chez nous à l’école. Cette dernière offre une opportunité propice pour les étudiants afin de bien exprimer leurs talents en plus de les développer. Les lycéens optent après avoir obtenu le BAC à renforcer leurs connaissances à travers des études spécialisées. Une partie d’eux étaient mes élèves, maintenant, ils se trouvent sur la scène artistique.





