Il y a un an, la présidente du Conseil italien Giorgia Meloni surprenait avec un budget marqué par une extrême prudence, dans le droit fil de son prédécesseur Mario Draghi. Lundi, elle a dévoilé une loi de finances 2024 que les marchés redoutaient nettement plus laxiste.
“Giorgia Meloni montre maintenant son vrai visage en changeant radicalement de stratégie fiscale”, estime Nicola Nobile du cabinet Oxford Economics. Selon lui, le relâchement budgétaire prévu sur les années 2024-2026 “rend les marchés financiers très nerveux”.
La sanction des marchés a été immédiate: au lendemain de la révision à la hausse des déficits pour 2023 et 2024, l’écart très surveillé entre les taux d’emprunt allemand et italien à dix ans a dépassé les 200 points de base, au plus haut depuis janvier.
La coalition de droite et d’extrême droite a eu beau marteler que le budget était “responsable et réaliste”, les analystes ont jugé que trop d’espace risquait d’être consacré à des promesses électorales.
Giorgia Meloni devrait ainsi reconduire une baisse des charges pour les salaires annuels jusqu’à 35.000 euros, pour un coût d’environ 10 milliards d’euros. Et, priorité pour celle qui se décrit comme une “mère chrétienne”, elle compte soutenir davantage les familles nombreuses.
A l’approche des élections européennes en juin, la cheffe du parti post-fasciste Fratelli d’Italia est confrontée aux pressions de son encombrant coéquipier, le patron de la Ligue (extrême droite) Matteo Salvini, qui pousse à la dépense pour capter des votes.
Mais Giorgia Meloni freine son vice-président du Conseil. “La situation est complexe, il n’y a pas de ressources à gaspiller”, a-t-elle tranché samedi.
Quant au ministre de l’Economie, Giancarlo Giorgetti, l’un des représentants les plus modérés et pro-européens de la Ligue, il ne cache pas sa nervosité.