On le savait depuis 2017 : la salive de la tique contient des protéines ayant des vertus anti-inflammatoires spécifiques. Mais une équipe de chercheurs a révélé avoir identifié une nouvelle protéine aux vertus anti-inflammatoires beaucoup plus étendues et qui ouvre la voie à une nouvelle génération de traitements.
Nos amis les bêtes présentent des vertus thérapeutiques insoupçonnées : sans que vous le sachiez, vous avez sûrement déjà pris des médicaments contenant du venin de serpent, d’araignée, ou de la bave d’escargot. Aujourd’hui, c’est un acarien parasite très déplaisant auquel nous nous intéressons : la tique. Cette petite bête, dont les plus grands spécimens ne dépassent pas 5mm, a la mauvaise habitude de s’accrocher à la peau de ses hôtes – humains et animaux – pour se nourrir de leur sang et, au passage, communiquer des agents pathogènes responsables, entre autres, de la maladie de Lyme. Afin de souper tranquillement, elle a développé une capacité étonnante qui trouve sa source… dans sa bave.
Normalement, quand vous vous faites piquer par un insecte, votre système immunitaire déclenche une réaction presque immédiate pour signaler la présence d’un intrus : vous produisez des chimiokines, des protéines gardiennes qui alertent les globules blancs pour qu’ils déclenchent une réponse inflammatoire. Les chimiokines se divisent en quatre familles. Les deux plus importantes sont les « CC » et les « CXC ». Tenez-vous bien : la bave de tique contient des évasines, des protéines capables de bloquer l’inflammation provoquée par les chimiokines !
Les chercheurs avaient identifié cette capacité en 2017, mais la grande nouveauté publiée dans la revue Nature le 14 juillet dernier, c’est qu’ils ont découvert un nouveau type d’évasine présente dans la bave d’une race de « tique dure » : l’évasine A3. Contrairement aux évasines A1 et A2 aux actions spécifiques déjà connues, celle-ci reconnaît une gamme très large de chimiokines CC… au point qu’en modifiant leur structure, les chercheurs ont pu inhiber les chimiokines impliquées dans plusieurs maladies inflammatoires, comme la polyarthrite rhumatoïde ! Une découverte qui « ouvre la voie au développement d’une nouvelle génération de médicaments anti-inflammatoires » s’est réjoui Martin Stone, l’un des auteurs de l’étude. De quoi redonner espoir aux malades : rien qu’en France, on compte plus de 250 000 personnes atteintes de maladies inflammatoires intestinales chroniques.