Editorial du « Monde ». Le déclenchement de la guerre en Ukraine, qu’Emmanuel Macron a tenté en vain d’éviter, ajoute une pierre de plus au tragique de son mandat. Elu en 2017 sur une note optimiste, le président français l’achève dans l’ambiance tendue des conseils de défense. D’ici au 7 mars, date butoir pour entrer en campagne, il va devoir se concentrer sur ce conflit qui menace la stabilité du monde, d’autant que la France occupe depuis le début de l’année la présidence tournante de l’Union européenne (UE). Son quinquennat n’aura été qu’une succession d’épreuves.(…) En vingt-quatre heures, le climat politique français a radicalement changé. Partout la gravité s’est imposée, les rangs se sont resserrés. Ceux qui croyaient tenir le haut du pavé dans la campagne électorale à coups de transgressions et de radicalité ont dû en rabattre. Empêtrés dans leur complaisance vis-à-vis de Vladimir Poutine, Eric Zemmour et Marine Le Pen ont soudain baissé le ton.
Les Républicains ont tenté de faire oublier qu’ils avaient un jour eu pour candidat à la présidentielle un dénommé François Fillon. L’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy, qui siège au conseil d’administration du géant russe de la pétrochimie Sibur, a semé la consternation en publiant sur Twitter un message ne condamnant qu’à moitié l’attitude du président russe. Rarement un événement international aura autant pesé sur une campagne. Le Parlement, qui devait achever ses travaux, les poursuit. Un « message » du président de la République devait être lu vendredi 25 février devant l’Assemblée nationale et le Sénat en attendant la tenue d’un débat mardi. C’est à partir de là que la campagne commencera réellement, autour d’une interrogation qui avait jusqu’à présent semblé échapper aux compétiteurs : la protection du pays dans un environnement immédiat devenu de plus en plus dangereux. Les thématiques jusqu’à présent mises en avant par les candidats pour tenter d’appâter l’électeur – l’immigration, le repli identitaire, la défense du pouvoir d’achat – apparaissent soudain décalées. Le grand sujet devient la reconquête de la souveraineté, sous tous ses aspects : industriel, militaire, stratégique.(…)





