Dans un communiqué conjoint publié ce week-end, la commission ministérielle issue du sommet arabo-islamique extraordinaire sur Gaza — formée le 11 novembre 2023 et composée des ministres des Affaires étrangères de l’Égypte, du Qatar, de l’Arabie saoudite, de la Jordanie, de Bahreïn, de la Turquie, de l’Indonésie, du Nigéria, de la Palestine ainsi que des secrétaires généraux de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique — a salué la récente déclaration conjointe des dirigeants du Royaume-Uni, de la France et du Canada appelant à un cessez-le-feu immédiat à Gaza et à un accès humanitaire total et inconditionnel.
La commission s’est dite en accord avec le rejet exprimé par les trois chefs d’État concernant les opérations militaires israéliennes et les attaques continues et généralisées contre la population civile de Gaza. Elle a exprimé sa vive inquiétude face à la poursuite du blocus israélien, dénonçant l’utilisation des aides humanitaires comme moyen de pression, ce qui a précipité les habitants de Gaza au bord de la famine.
Le communiqué rappelle que le blocus imposé constitue une violation manifeste de la Charte des Nations unies, du droit international humanitaire et des conventions internationales. Il alimente une crise humanitaire délibérée et représente une menace sérieuse pour la paix et la stabilité régionales.
Les membres de la commission exhortent Israël à permettre l’entrée sans restriction de l’aide humanitaire par toutes les voies terrestres disponibles, tout en mobilisant les canaux aériens et maritimes pour faire face à l’urgence humanitaire. « Aucun prétexte ne peut justifier la privation du peuple palestinien de ses besoins essentiels », insiste la déclaration.
La commission s’alarme également de l’intention d’Israël d’instaurer un système de distribution d’aide « limité » et d’imposer un nouveau modèle logistique contraire aux normes humanitaires. Elle rejette toute tentative de militarisation ou de politisation de l’aide humanitaire, et condamne les projets israéliens de déplacement forcé de la population palestinienne et d’annexion illégale des territoires.
Rappelant les efforts déployés par les agences des Nations unies depuis 2023, souvent au péril de la vie des travailleurs humanitaires, la commission souligne que les mécanismes de réponse humanitaire sont opérationnels et prêts à agir à grande échelle, pour peu que les entraves soient levées.
Elle appelle la communauté internationale à assumer pleinement ses responsabilités morales et juridiques en exerçant des pressions sur Israël, en tant que puissance occupante, pour mettre fin immédiatement au siège de Gaza, à ses opérations militaires et à ses violations du droit international. Il est urgent, selon elle, de restaurer tous les services essentiels, y compris l’approvisionnement en électricité, l’eau potable et les soins de santé.
La commission appelle à une cessation immédiate, totale et durable des hostilités, conformément aux résolutions de l’ONU. Elle plaide également pour la mise en œuvre complète de l’accord de cessez-le-feu et d’échange de prisonniers conclu le 19 janvier sous l’égide de l’Égypte, du Qatar et des États-Unis, en vue d’une reconstruction rapide de Gaza dans le cadre du plan arabo-islamique, avec l’organisation d’une conférence ministérielle au Caire dès que les conditions le permettront.
En parallèle, la commission a exprimé son inquiétude croissante face aux incursions militaires israéliennes en Cisjordanie, accompagnées d’actions illégales telles que la colonisation, la destruction de logements et la violence des colons. Ces pratiques sapent les droits du peuple palestinien, compromettent toute perspective de paix durable et exacerbent les tensions dans la région.Enfin, la commission a réitéré son attachement à une solution politique garantissant les droits légitimes du peuple palestinien, y compris l’indépendance de l’État de Palestine dans le cadre d’une solution à deux États. Elle appelle à une paix fondée sur les résolutions internationales, les accords du processus de Madrid, le principe « la terre contre la paix », et l’Initiative de paix arabe. À cette fin, elle a confirmé sa participation active à la conférence internationale de haut niveau prévue en juin à New York, co-présidée par l’Arabie saoudite et la France.