La Cour suprême des Etats-Unis a invalidé avant-hier jeudi une carte des circonscriptions électorales adoptées par les élus républicains en Alabama, dans le sud du pays, accusée de discriminer les électeurs noirs.A une courte majorité de cinq juges sur neuf, le temple du droit américain a refusé au passage de détricoter un peu plus la grande loi sur les droits civiques de 1965, au grand soulagement des défenseurs des minorités.Ce texte, le Voting Rights Act, avait été adopté pour empêcher les anciens Etats ségrégationnistes de priver les Afro-Américains du droit de vote, mais a été vidé ces dernières années d’une partie de sa substance par la haute Cour. Ce dossier était perçu comme une nouvelle tentative de l’affaiblir.Au-delà du débat sur sa carte, l’Alabama avait tenté de convaincre la Cour suprême de changer sa jurisprudence, qui interdit de diluer le vote des électeurs noirs en les concentrant dans un nombre limité de circonscriptions pour diminuer leur influence ailleurs. En acceptant de se saisir de son recours, la haute cour avait semblé prête à lui donner raison. Lors de l’audience, la juge progressiste Elena Kagan s’en était émue: “Le Voting Rights Act est l’un des grands progrès de notre démocratie (…) Que va-t-il en rester ?”La “nouvelle approche” proposée par l’Alabama, qui voulait empêcher de prendre en compte les critères raciaux pour évaluer la légalité des découpages électoraux, “n’est convaincante ni en théorie ni en pratique”, a toutefois tranché jeudi le chef de la cour John Roberts, au nom de la majorité.“La Cour suprême a rejeté l’idée orwellienne qu’il est inapproprié de considérer des critères raciaux pour déterminer l’existence de discriminations raciales”, s’est réjoui Davin Rosborough, avocat de la puissante organisation de défense des droits civiques ACLU.Son arrêt “préserve le principe qu’aux Etats-Unis, chaque électeur doit être en mesure d’exercer le droit constitutionnel à voter sans être discriminé”, a salué le ministre de la Justice Merrick Garland dans un communiqué.