Contrairement à ce que redoutaient les investisseurs il y a quelques mois, les taux de marché ne se sont pas envolés. Jerome Powell a pour l’instant réussi son pari d’une normalisation de la politique monétaire américaine sans drame rapporte Les Echos, le 18 octobre 2021. Alors que l’inflation menace de s’ancrer et que les premiers tours de vis de la Fed approchent, l’inertie du marché n’en demeure pas moins étonnante. “Tapering”. Il y a quelques mois, ce simple mot faisait trembler les marchés. Le retour à la normale allait conduire les banques centrales, Réserve fédérale américaine en tête, à réduire leurs achats sur le marché de la dette . Priver ce dernier du soutien exceptionnel mis en place au moment où l’épidémie de Covid-19 gelait l’économie mondiale, allait entraîner une remontée rapide des taux d’intérêt (sur le marché obligataire, les prix et les taux évoluent en sens inverse). Le précédent de mai 2013 était dans tous les esprits. Il avait alors suffi que Ben Bernanke annonce le début prochain d’une diminution progressive des achats de la Fed sur les marchés pour provoquer une tempête boursière, connue sous le nom de « taper tantrum ».
Mais, paradoxalement, plus l’échéance du « tapering » approche (il devrait commencer avant la fin de l’année aux Etats-Unis), plus la crainte d’un nouvel accès de colère des marchés s’éloigne. Les taux longs remontent, mais de façon graduelle et ordonnée. Au premier trimestre, l’envolée du rendement des bons du Trésor américain à 10 ans de 1 à 1,75 % en deux mois avait fait craindre un dérapage. Celui-ci n’a pas eu lieu.
Même si pour certains membres de la FED le caractère temporaire de la hausse de l’inflation demeure, le consensus est plutôt sur une hausse plus globale. Et il ressort donc très clairement des minutes de la dernière réunion l’intention de commencer à réduire les rachats d’obligations. On peut en effet lire « les participants ont généralement estimé que, si la reprise économique restait globalement sur la bonne voie, un processus de réduction progressive qui se terminerait vers le milieu de l’année prochaine serait probablement approprié ».