Histoires de ma grand-mère
Dans une boîte en fer bien rangée, reposaient deux biscuits pas tout à fait ordinaires. L’un, tout doré, dégageait un parfum chaud et envoûtant : c’était Biscuit à la Cannelle. L’autre, finement étoilé, sentait bon les voyages et les marchés d’épices : c’était Biscuit à l’Anis.
Un jour, alors que la boîte s’ouvrait pour le goûter, les deux commencèrent à se chamailler.
— C’est moi le plus doux ! lança fièrement Biscuit à la Cannelle. Mon goût réchauffe les cœurs, je rappelle les fêtes et les souvenirs d’enfance.
— Doux ?! rétorqua Biscuit à l’Anis, outré. Tu piques la langue avec tes épices fortes ! Moi, je suis subtil, raffiné, et mon goût reste en bouche comme une poésie.
— Une poésie ? Tu fais fuir les enfants avec ton arôme de plante étrange ! Moi au moins, on me trempe dans le lait avec amour !
La boîte trembla sous leur querelle. Lassée, une petite banane bien mûre, qui observait la scène depuis la corbeille de fruits, s’approcha calmement.
— Messieurs les biscuits, dit-elle avec un sourire doré, à quoi bon cette dispute ? Vous êtes tous deux délicieux, certes, mais trop sucrés, trop secs. Le monde change. Aujourd’hui, on cherche ce qui fait du bien au corps et à l’âme.
Les biscuits se turent, intrigués
— Moi, je suis douce naturellement, expliqua la Banane. Je donne de l’énergie, je suis pleine de bonnes fibres, et je ne provoque pas de dispute. On me mange en un clin d’œil, sans bruit, sans miettes, avec un plaisir simple et sain.
Les biscuits se regardèrent, un peu penauds. Peut-être avaient-ils oublié que la vraie douceur n’est pas dans la comparaison… mais dans le partage.
Et depuis ce jour, dans la boîte en fer, ils attendent sagement leur tour, tandis que la banane, star du panier, fait sourire chaque matin.