L’histoire d’une famille de Brooklyn vue du côté des femmes. Un roman original, intéressant et très dense signé Naomi Krupitsky. Une écriture riche et pleine, dans des tons de jaune et gris, sans beaucoup de couleur ni d’espoir, mais pleine de sentiments très humains.
De quoi il s’agit ?

Au cœur des années 1930, de nombreuses familles italiennes ont émigré dans le quartier de Red Hook, à Brooklyn. C’est là que vivent les petites Sofia et Antonia, adorables voisines et amies absolues. Et si elles sont aussi proches, c’est qu’elles ont un point commun singulier : leurs pères font partie de la mafia. Or, en regardant chaque jour leurs mères subir une vie faite d’inquiétude, les fillettes se jurent de ne jamais épouser d’hommes œuvrant pour la Famille. Quand il arrive malheur au père d’Antonia, le fil de son amitié avec Sofia se fragilise, d’autant que leurs rêves se mettent à diverger : l’une voudrait faire des études quand l’autre préfère les frivolités. Mais quels chemins prendront les deux amies lorsqu’une fois adultes elles devront vraiment choisir qui devenir, et qui aimer ? Un premier roman délicat et puissant qui dévoile la force de deux destinées inoubliables. La Famille est une magnifique histoire d’amitié féminine liée à une exploration fascinante des coulisses de la mafia, vue par des femmes.
Qui est Naomi Krupiysky ?

Biographie :
Naomi Krupitsky est auteur, éditrice et libraire. Elle est née à Berkeley, en Californie, et a fréquenté la Gallatin School of Individualized Study de NYU, où elle a obtenu son diplôme en 2012. Elle vit à San Francisco, mais habite de nombreux endroits. La Famille est son premier roman.
Quel en est le but ?

On a du mal à croire, en lisant ce livre, qu’il s’agit d’un premier roman. Et plus encore en découvrant, derrière un patronyme slave, une jeune autrice née en Californie, loin de la diaspora italienne du Brooklyn des années 1930 qu’elle décrit. « La Famille », celle de Sofia et Antonia, deux meilleures amies dont nous suivons le parcours depuis la naissance, c’est cette mafia dont on ne prononce jamais le nom… Naomi Krupitsky nous emmène avec ces deux gamines, adolescentes, jeunes femmes dans leurs vies personnelles et communes. Nous sommes avec elles, tout le temps, l’une et l’autre alternativement, dans leur esprit, dans leur cœur, dans leur âme. Elle se met, et nous avec, à leur place et nous raconte ce qu’elles vivent, pensent, ressentent avec force détails (peut-être un peu trop psychologisant, malgré tout). Nous découvrons leurs espoirs, leurs joies, mais surtout leurs doutes et leurs angoisses. Il n’y a pas grand-chose de rose dans cet univers-là). Grandir avec une amie, c’est formidable ! Mais grandir avec une telle amie et dans un tel monde, c’est formidablement compliqué. Antonia se faufile dans un dédale de problèmes avec les pires difficultés, naviguant entre l’espoir de projets irréalistes et le désespoir d’une réalité très sombre. Sofia, elle, n’a pas à supporter le même poids que celui qui pèse sur la vie d’Antonia. Elle est la fille du boss ! Mais, finalement, cela la conduira au même endroit. Quand on est filles d’immigrés italiens, membre d’une Famille, on a beau vivre au bord de la mer, l’horizon n’est pas très dégagé. La finesse avec laquelle la romancière parle des liens, ceux qui nous tiennent ensemble comme ceux qui nous en empêchent, est inouïe. Et son art du récit est déjà admirablement maîtrisé. Naomi Krupitsky, l’autrice prodigieuse.