Anciennement isolée, l’oasis de Farafra, située dans le gouvernorat de la Nouvelle-Vallée en Égypte, est en train de se transformer en un pôle de développement majeur. Grâce à des projets d’envergure, la région s’apprête à jouer un rôle stratégique dans la croissance économique du pays, en misant sur ses richesses agricoles et son potentiel touristique.

Au cœur de cette dynamique se trouve le programme national de mise en valeur de 1,5 million de feddans. À Farafra, ce projet a permis de récupérer et de cultiver de vastes étendues de terres, dont plus de 10 000 feddans dans la zone de Baraka. Ces terres sont irriguées par des systèmes modernes (irrigation par aspersion et au goutte-à-goutte), alimentés par une quarantaine de puits creusés à des profondeurs allant de 800 à 1 000 mètres. L’objectif est de faire de l’oasis un grenier pour le pays, avec des cultures stratégiques comme les palmiers dattiers Medjool.

Le développement de Farafra ne se limite pas à l’agriculture. L’infrastructure est également au cœur des efforts pour connecter l’oasis au reste de l’Égypte. De nouvelles routes ont été construites, notamment celles reliant Farafra à Dairout, aux oasis de Bahariya et à Siwa. Ces axes routiers facilitent le transport des produits agricoles et industriels vers les autres gouvernorats et les ports d’exportation.

Farafra, vers un avenir durable pour la Nouvelle Vallée

Par Alia Abuelezz

      Le projet de développement de Farafra s’inscrit dans le cadre du vaste plan national visant à mettre en valeur 1,5 million d’acres de terres agricoles. Ce programme stratégique repose sur la récupération de nouvelles terres et l’établissement de communautés agricoles et industrielles intégrées, soutenues par des infrastructures modernes.

Il comprend notamment :

•le forage de puits profonds et la mise en place de sources d’irrigation.

•la construction de routes reliant la région à la vallée et au delta du Nil, ainsi que des projets de services réalisés dans le cadre de l’initiative présidentielle « Vie Décente », tels que des unités de santé, des écoles, des réseaux d’eau potable et d’assainissement, et des villages résidentiels pour les travailleurs. 

L’objectif principal est d’exploiter le potentiel agricole de Farafra, de créer de nouvelles opportunités d’emploi et de contribuer à un développement économique durable dans la région.  

Composantes clés du projet: 

• Réhabilitation agricole : mise en valeur de milliers d’hectares grâce à des puits profonds et à des techniques d’irrigation modernes (pivots centraux, irrigation goutte à goutte). 

• Infrastructures hydrauliques : construction de bassins d’oxydation pour le traitement des eaux et développement de réseaux d’irrigation pour les terres cultivées et les espaces verts.

• Développement urbain : création de nouveaux villages agricoles dotés de logements et de bâtiments de services pour les travailleurs.

• Réseaux routiers : construction et modernisation de routes reliant Farafra à la vallée du Nil et à d’autres zones agricoles, dont l’axe stratégique Bahariya–Farafra.

• Projets industriels et de services : aménagement de zones dédiées aux industries agroalimentaires et à d’autres activités, ainsi que la création de marchés et de centres de services administratifs. 

Les objectifs principaux :

1. Élargir les terres agricoles : récupérer des millions d’hectares supplémentaires afin d’augmenter la production nationale.

2. Créer des emplois : offrir de nouvelles opportunités professionnelles, en particulier pour les jeunes.

3. Établir des communautés intégrées : répondre aux besoins en logement, en éducation et en services essentiels.

4. Promouvoir le développement durable : assurer une croissance respectueuse de l’environnement, en conformité avec la Vision Égypte 2030.

5. Améliorer la connectivité : faciliter le transport des habitants et des produits agricoles grâce à un réseau routier moderne.

L’initiative « Vie Décente » dans la Nouvelle Vallée

Dans le gouvernorat de la Nouvelle Vallée, 139 projets de services intégrés ont été réalisés dans 28 villages de Farafra dans le cadre de l’initiative présidentielle « Vie Décente ».

Ces projets incluent :

• La santé : huit unités de médecine familiale équipées de cliniques spécialisées, laboratoires d’analyses, services de planification familiale et pharmacies. 

• La jeunesse et sport : dix terrains de football à cinq, huit centres de jeunesse. 

• L’agriculture : six complexes agricoles. 

• Les services de proximité : huit postes de premiers secours, huit unités de santé et six complexes d’intérêt public, tous achevés à 100 %. 

Par ailleurs, la centrale électrique de Farafra a été renforcée par une unité supplémentaire de 3,8 mégawatts, portant la capacité totale de la station à 12 mégawatts, afin de répondre aux besoins énergétiques croissants des projets. 

Enfin, trois nouvelles écoles ont été inaugurées : 

– l’école élémentaire Talat Daragham. 

– l’école élémentaire Agriculture 10, et l’école primaire Al Amal.  

Ces établissements font partie d’un vaste programme éducatif comprenant 11 écoles et 110 salles de classe, destiné à renforcer l’enseignement dans les campagnes égyptiennes et à préparer les nouvelles générations. 

L’Égypte mise sur son désert : Le projet “1,5 million de feddans” pour une nouvelle ère de développement

Par Ghada Choucri

      Le projet “1,5 million de feddans” (soit environ 630 000 hectares) est un pilier de la stratégie égyptienne pour un avenir axé sur le “développement durable”. Il vise à créer un modèle moderne de la ruralité égyptienne, capable de résoudre les problèmes qui affectent la surface agricole en l’augmentant. Les terres du projet ont été réparties dans différentes régions d’Égypte afin de réduire le déficit alimentaire et d’accroître les zones habitées en construisant de nouvelles communautés équipées des dernières technologies autour des terres agricoles.

Ce projet ambitieux est une étape majeure pour redonner à l’Égypte son statut de grande nation agricole et atteindre l’autosuffisance alimentaire. Il s’inscrit dans le programme national “Un pas vers l’avenir”, qui regroupe de nombreux projets de développement durable.

Un nouveau modèle de la vie rurale

Le projet “1,5 million de feddans” incarne un modèle de la vie rurale moderne, dont le cœur est une série de villages conçus pour résoudre les problèmes du passé et exploiter les atouts du présent. Ces communautés sont établies selon des plans et des études scientifiques, formant des agglomérations urbaines intégrées. Elles ne se limitent pas à l’agriculture, mais incluent aussi des industries connexes comme l’agroalimentaire, le conditionnement, l’emballage et la production d’huiles. Elles intègrent également des logements et toutes les infrastructures et services nécessaires (santé, éducation, etc.) pour créer des communautés résidentielles complètes et attractives.

En effet, il s’agit d’un projet en trois phases. La première couvre 9 zones totalisant 500 000 feddans (environ 210 000 ha), principalement irriguées par les eaux souterraines. Cela inclut des zones dans les régions de l’ancienne et de la nouvelle Farafra, Dakhla, Al-Maghra, Tushka, Gharb Al-Marashda, et l’ouest de Minya. Alors que la deuxième phase concerne 9 zones supplémentaires, couvrant 490 000 feddans (environ 206 000 ha) et irriguées par les eaux souterraines. Les régions incluent la Farafra, Dakhla, l’ouest de Kom Ombo, Al-Maghra, l’ouest de Minya, le sud-est de l’oasis de Kharga, et l’est de Siwa. Enfin, la troisième phase, s’étend sur 510 000 feddans (environ 214 000 ha) dans 5 zones irriguées par les eaux souterraines. Les sites concernés sont la Farafra, le sud-est de l’oasis de Kharga, Al-Tour au sud du Sinaï, l’ouest de Minya, et la région de Gharb 2.

Un changement de cap dans la gestion des projets

Pour éviter les écueils des projets précédents, le projet est géré par la société du « développement de la nouvelle campagne égyptienne », en dehors de la tutelle directe du ministère de l’Agriculture.

La société est responsable de l’organisation des travaux, de la définition des règles et des lois, et de la levée de fonds pour alléger le fardeau sur le budget de l’État. Elle gère la distribution des terres aux jeunes, aux petits agriculteurs et aux investisseurs. Elle est également chargée de la gestion, de l’entretien et du développement des infrastructures du projet.

Des réalisations et des perspectives prometteuses

Dans des affirmations faites en novembre dernier à Al Youm Al Sabea, l’ingénieur Amr Abdel Wahab, président de la société, a souligné que le projet “1,5 million de feddans” s’inscrit dans un objectif plus large de mise en valeur de 4 millions de feddans. Il a souligné son importance pour un avenir agricole, industriel et de développement meilleur pour l’Égypte, en créant de nouvelles communautés urbaines et en rééquilibrant la distribution de la population sur la carte géographique du pays.

Il a qualifié l’année 2024 d’année du développement durable pour le projet. Les trois dernières années ont été marquées par des réalisations majeures, notamment les récoltes sur les terres des petits agriculteurs, des jeunes et des grands investisseurs. Des contrats ont été signés pour plus de 450 000 feddans au cours des trois dernières années, avec un pic de plus de 162 000 feddans en décembre 2023, un record depuis la création de la société en 2015.

Jusqu’à la fin de 2023, la société avait commercialisé 865 000 feddans, ce qui a permis d’augmenter les terres récupérées à 400 000 feddans et de doper les exportations de certaines cultures comme les pommes de terre, les olives, les dattes et les plantes médicinales.

Par contre, la société a investi plus de 3 milliards de livres égyptiennes au cours des trois dernières années pour la mise en place des infrastructures, notamment le forage de puits, l’installation de réseaux d’irrigation et de raccordements électriques et de télécommunications.

En outre, elle a  construit de nouveaux centres de services et administratifs, ainsi que des postes de police et des centres de santé familiale dans plusieurs zones du projet. Dix stations de dessalement d’eau potable ont également été mises en service.

Enfin, la société a créé des centres de recherche et d’orientation en collaboration avec des institutions internationales pour soutenir les agriculteurs, et a alloué des terres à des experts pour des recherches sur la culture du blé et du riz avec de l’eau à haute salinité, et pour le développement de nouvelles variétés de riz moins gourmandes en eau.