

C’est au cœur du quartier de Zamalek, dans l’écrin feutré de la galerie Di – Atelier arabe de la culture et des arts, dirigée par le critique d’art Hicham Kandil, qu’a été inaugurée dimanche l’exposition de l’artiste Ahmed El-Guenaïny, intitulée « La Folie de la Mémoire ». Une exposition qui restera visible jusqu’au 20 octobre et qui s’annonce déjà comme l’un des événements majeurs de la saison artistique cairote.
La soirée d’ouverture, empreinte d’une élégance rare, a réuni une pléiade de figures emblématiques de l’art et de la culture égyptienne : Mohamed Abla, Sami El-Belshi, Tarek El-Koumi, Fikri Hassan, Hakeem Gamain, Arafa Chaker, Nahar Marzouq venu d’Arabie saoudite, ainsi que le poète Saadi El-Salamouni, le critique Sameer Abdel-Fadil, le dessinateur Sameer Abdel-Ghani et le journaliste Maher Hassan, parmi tant d’autres. Un groupe d’amis, de pairs et d’admirateurs rassemblés autour d’un artiste dont la mémoire visuelle fait désormais partie du patrimoine contemporain.
Quand la mémoire devient peinture
Dans « La Folie de la Mémoire », Ahmed El-Guenaïny s’attaque à l’un des thèmes les plus insaisissables de l’existence : le passage du temps et la résistance du souvenir. « C’est une tentative pour dépasser la force des aiguilles de l’horloge sur la mémoire, pour transformer chaque instant en une œuvre qui en prolonge la vie », confie l’artiste avec émotion. À travers ses toiles, il capture l’éphémère, il donne forme à l’intangible : le frémissement d’un moment, la trace d’un visage, l’écho d’une lecture.
L’exposition, conçue comme une rétrospective vivante, embrasse près d’un demi-siècle de création. Elle dévoile un parcours foisonnant, nourri d’expérimentations et de recherches esthétiques où se mêlent expressionnisme et symbolisme, rêve et réalité. El-Guenaïny, peintre de la mémoire collective autant que personnelle, revisite ses univers intérieurs pour en extraire des images chargées de signes et de métaphores, reflets d’un monde social, politique et culturel en mutation.
Une vie dédiée à l’art et à la transmission
Né en 1954, Ahmed El-Guenaïny a suivi une formation libre à la Faculté des Beaux-Arts d’Alexandrie sous la direction du grand maître Mohamed Hamed Aweis. Dès ses débuts, il s’est distingué par une approche singulière, conjuguant rigueur technique et profondeur spirituelle. Son œuvre, exposée en Égypte comme à l’étranger, lui a valu de nombreuses distinctions, témoignant d’une reconnaissance à la fois nationale et internationale.
Mais au-delà du peintre, c’est aussi le passeur de flambeau que célèbre cette exposition : El-Guenaïny a toujours œuvré à soutenir les jeunes générations de plasticiens, à encourager l’audace et la liberté d’expression.
Dans « La Folie de la Mémoire », il ne se contente pas de présenter des œuvres ; il nous convie à une lecture sensible de toute une vie. Chaque toile devient un fragment d’histoire, chaque couleur, une pulsation du temps retrouvé. À travers ses gestes, il ressuscite les ombres et les lumières d’une mémoire qui refuse l’oubli.
Ainsi, face aux œuvres d’Ahmed El-Guenaïny, le spectateur ne contemple pas seulement des tableaux : il entre dans un dialogue intime avec le souvenir, là où la peinture devient à la fois résistance, liberté et poésie.