Le gaz de schiste a, dans l’opinion publique, l’image d’une catastrophe écologique, rendant les débats sur son exploitation presque intenables. Mais comment ce traitement médiatique est-il né ? Analyse Sébastien Chailleux, Sciences Po Bordeaux et Philippe Zittoun, ENTPE, dans La Tribune, le 10 mai 2022 Le conflit russo-ukrainien a conduit à une hausse subite du prix du baril de pétrole et du mètre cube de gaz, et a mis en évidence la dépendance que génère notre consommation énergétique. Face à ce constat, certaines voix s’étonnent que la France ne revienne pas sur l’eldorado inexploité que constituent ses propres gisements en gaz de schiste) et regrettent que son exploration soit devenu un véritable « tabou ». Le gaz de schiste est un gaz naturel dont la particularité réside dans la nature du sous-sol dans lequel il se trouve enfermé. Alors que le gaz conventionnel se trouve piégé dans une roche perméable qui permet facilement son extraction, le gaz de schiste est emprisonné dans les porosités de certains types de roches argileuses imperméables. Son extraction nécessite donc des techniques plus complexes. En France comme dans plusieurs autres pays, les débats autour de l’interdiction et de l’autorisation de la fracturation hydraulique (la principale technique d’extraction du gaz de schiste) sont fréquemment relancés. Pour ses défenseurs, exploiter les richesses gazières de notre sous-sol représenterait une formidable opportunité pour permettre à notre pays de bénéficier d’une énergie à moindre coût et de réduire nos importations et notre dépendance aux pays gaziers. Pour ses opposants, le coût environnemental de l’exploitation du gaz de schiste (que ce soit en matière de pollution des nappes phréatiques, d’émission de gaz à effet de serre ou d’augmentation des tremblements de terre…) est tel qu’il n’est pas question de revenir sur son interdiction.