La langue est souvent considérée comme un outil clé pour préserver l’identité culturelle, car elle véhicule les traditions, les valeurs et les normes d’une communauté. En effet, la langue et la culture sont étroitement liées et interdépendantes, façonnant la personnalité et servant à transmettre le savoir. Elles contribuent à la perception que nous avons des autres et peut déterminer le groupe avec lequel nous nous identifions. Elle est donc un élément essentiel de la culture d’une société, car elle permet de communiquer entre les membres de la communauté et de transmettre les connaissances et les traditions de génération en génération.
Par : Hanaa Khachaba
La langue peut également être un facteur unificateur pour une communauté donnée, du fait qu’elle permet de créer un sentiment d’appartenance et de cohésion sociale. De plus, elle peut aider à préserver les connaissances traditionnelles, les pratiques religieuses et les croyances culturelles, qui sont souvent transmises oralement.
Or, l’utilisation du langage familier par les jeunes générations est de plus en plus courante dans la vie quotidienne, notamment à travers les réseaux sociaux et les messageries instantanées. Cela peut avoir un impact sur la préservation de l’identité des peuples. Comme dit, la langue est un élément clé de l’identité culturelle d’une communauté. Si les jeunes générations utilisent principalement un langage familier, cela peut conduire à une perte de la richesse et de la diversité de la langue classique. Au fil des générations, la langue se trouvera tellement modifiée voire altérée que les plus jeunes générations pourraient éventuellement perdre les repères. Un fossé intergénérationnel se creusera davantage entre les seniors et leurs petits-fils à qui échappent pas mal d’expressions « vieilles » et « obsolètes ».
Cependant, il est important de noter que l’utilisation du langage familier peut également être considérée comme une forme d’expression culturelle. Cela peut être particulièrement vrai pour les jeunes générations qui ont grandi dans un environnement multiculturel et qui ont développé leur propre manière de s’exprimer. Ceci dit, il est important de trouver un équilibre entre l’utilisation du langage familier et la préservation de la langue classique.
Dans certains contextes, l’utilisation du langage classique peut être considérée comme plus appropriée. Par exemple, dans un cadre professionnel ou académique, il est souvent nécessaire d’utiliser un langage plus formel et plus précis. Cela peut également aider à renforcer l’identité culturelle d’une communauté en préservant les traditions linguistiques.
Dans d’autres situations, il serait mal placé d’opter pour le registre soutenu. Entre amis ou en famille, si l’on utilise le langage soutenu, on risque de donner l’impression de se pavaner… Lorsqu’une personne se trouve dans un entourage familier, elle ferait mieux d’embrasser les airs ambiants. Le langage familier brisera la glace et l’ambiance amicale dominera. Par contre, si le climat est détendu, il ne serait pas sage de se faire passer pour un grand orateur en utilisant un langage inapproprié aux interlocuteurs qui risquent de voir un paon en train de faire une parade linguistique.
Ainsi est-il important de reconnaître que l’utilisation du langage familier et classique par les jeunes générations peut avoir un impact sur la préservation de l’identité des peuples. Cela ne doit pas être néanmoins considéré comme un problème binaire. Il est possible de trouver un équilibre entre ces deux types de langage afin de préserver la richesse et la diversité culturelle.
Dans de nombreuses sociétés, la perte de la langue peut entraîner une perte de l’identité culturelle. C’est pourquoi, dans certains pays, des programmes sont mis en place pour encourager l’utilisation de langues minoritaires ou régionales, afin de préserver la diversité culturelle et linguistique. De même, les spécialistes linguistiques mettent en garde contre la pris d’assaut de la langue native par d’autres langues étrangères voire des langues « inventées », par les jeunes pour faciliter leur communication et lui conférer un brin trendy.

Le francoarabe, par exemple, est dans l’air du temps en Egypte. C’est pareil en France où le franglais prend de l’ampleur. La tendance actuelle est de placer des mots anglais dans nos phrases pour paraître « branché ». Que justifie cette mode langagière ? Le francoarabe et le franglais sont partout. Ces mots-valises désignent cette sorte de langue avec un mélange de mots anglais, ou américains, dans le cas du francoarabe, qui concerne généralement l’écrit, les jeunes transcrivent les mots arabes avec des lettres latines. Par conséquent, lorsqu’ils sont en situation de devoir s’exprimer à l’écrit, un véritable problème se pose. Ils n’arrivent pas à écrire correctement l’arabe. Ils ne sont pas habitués à l’écrire, ignorant ou oubliant les règles de grammaire de base, alors on est face à du charabia !
En outre, il est de plus en plus de jeunes qui emploient des mots non arabes dans leurs conversations. Il suffit de tendre l’oreille pour se rendre compte que les mots anglais sont présents dans les conversations de chacun, même chez les personnes incapables d’aligner une phrase dans la langue de Shakespeare. On l’entend chez cette maman qui interrompt les chamailleries de ses enfants : « Stop ya awlad, ento awlad naughty » ! Ou encore « Yalla bisor’a, elbes tes shoes ». Ou encore dans les débats télévisés avec des présentateurs commentant un « sujet très touchy ». Que dire des influenceurs qui peuplent les réseaux sociaux en commençant leurs petites vidéos quotidiennes par des phrases comme « Hello, today, je vais préparer un repas healthy ». Et on ne compte plus les exemples pluriels de mots techniques en anglais dans les entreprises comme « booster », « pitcher », « after work », « challenge ». D’où vient cette inclination à vouloir tout le temps utiliser des mots étrangers, anglais ou américains surtout, dans nos phrases ?
Pour Franck Neveu, professeur de linguistique française à l’Université de Paris-Sorbonne et directeur de l’Institut de linguistique française, « c’est une manière pour ces personnes de sortir d’une sorte de ce qu’ils croient être une forme d’isolement culturel et pour montrer qu’ils sont dans l’actualité et qu’ils ont quelque chose à dire sur le monde contemporain ». En bref, il s’agit d’un moyen pour eux de s’intégrer dans le monde. Le développement de l’anglais dans les administrations scolaires, sur les sites institutionnels, à l’Education nationale, dans les universités et dans les discours politiques les encouragent en ce sens. Et ce, bien que l’utilisation de l’anglais dans ces situations-là ne soit pas justifiée, déplore Franck Neveu. Selon lui, le rôle de ces mêmes institutions devrait être d’interdire « ce type d’usage de la langue », lit-on dans Le Figaro.
En somme, la langue est un outil important pour préserver l’identité culturelle d’une société, car elle véhicule les traditions et les pratiques uniques de cette société. L’utilisation du registre familier ou du registre classique à l’oral par les jeunes générations est un sujet de préoccupation pour beaucoup de personnes soucieuses de préserver la langue. S’y ajoute la tendance d’insérer à tort et à travers des emprunts langagiers anglais ou américains dans nos phrases.
Certains pensent que l’utilisation excessive du registre familier peut mener à la dégradation de la langue, car les jeunes peuvent finir par ne plus connaître les règles de grammaire et de syntaxe. D’autres pensent que l’utilisation du registre classique est trop rigide et peut sembler artificielle dans certaines situations.
Somme toute, il est important de trouver un équilibre entre les deux registres en encourageant les jeunes à utiliser le registre classique dans les contextes formels, car cela leur permettra de se familiariser avec les règles de grammaire et de syntaxe. Ils devraient également être encouragés à utiliser le registre familier dans les conversations informelles, car cela leur permettra de se sentir plus à l’aise dans leur propre langue. Sauf qu’il est primordial de souligner que l’utilisation du registre familier ne doit pas être synonyme de vulgarité ou d’irrespect. Les jeunes générations doivent être encouragées à utiliser un vocabulaire approprié et à éviter les insultes et les jurons.